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Ecrit par Soubha Es-Siari
La somme rĂ©coltĂ©e au titre des avoirs Ă lâĂ©tranger soit 6 Mds de DH demeure en deçà des attentes. On nâen sait pas plus sur leur rĂ©partition. Dans cette opĂ©ration, le TrĂ©sor nâa bĂ©nĂ©ficiĂ© que de 300 MDH (6 Mds de DH x 5%).
LâannĂ©e 2021 commence Ă peine et les pronostics se font et se dĂ©font au grĂ© des alĂ©as aussi bien sur le plan national quâinternational. Sur le plan international, lâeffet vaccin se fait ressentir et se traduit dans les projections des analystes et Ă©conomistes nationaux et Ă©trangers. Sur le plan national, les rĂ©centes pluies apportent du baume au cĆur avec des espoirs escomptĂ©s sur le PIB agricole et du coup sur la croissance Ă©conomique en 2021.
A rappeler que lâampleur sanitaire du choc Covid19 combinĂ©e Ă la prĂ©occupation de secourir le citoyen aussi bien sur le plan sanitaire quâĂ©conomique ont eu un impact Ă©conomique considĂ©rable.
Au niveau de la croissance Ă©conomique, le  recul du PIB est estimĂ© Ă 9,2 pts (-6,6% contre +2,6% prĂ©-Covid-19), tandis quâau niveau des finances publiques, le solde ordinaire est nĂ©gatif pour la premiĂšre fois depuis 2014 et le dĂ©ficit budgĂ©taire augmenterait de prĂšs de 4 pts (7,5% contre 3,5%).
Effet des avoirs Ă l’Ă©trangers sur les finances publiques
Dans ce sillage, les regards des pouvoirs publics sont braquĂ©s sur ce que va rapporter lâopĂ©ration de rĂ©gularisation des avoirs Ă lâĂ©tranger. Et malgrĂ© que le ministre des finances ait brandi la carte des mĂ©canismes draconiens de contrĂŽle qui seront instaurĂ©s, la recette rĂ©coltĂ©e de 6 Mds de DH est en deçà des attentes.
L’argentier du Royaume fait allusion Ă l’Ă©changes des donnĂ©es des pays de l’OCDE. Et ce malgrĂ© le fait Ă©galement que la Loi de Finances rectificative n°35-20 a arrĂȘtĂ© une nouvelle date butoir (31 dĂ©cembre 2020, au lieu du 31 octobre 2020, prĂ©vu initialement).
A j-2 soit le 29 dĂ©cembre, le directeur de lâOffice des changes Hassan Boulaknadel avait annoncĂ© dans une sortie mĂ©diatique une recette de plus de 3 Mds de DH. 10 jours aprĂšs, on entend 6 Mds de DH. le volume aurait donc doublĂ© en une une dizaine de jours.
La rĂ©partition entre titres de participations, biens immobiliers et disponibilitĂ©s bancaires n’est toujours pas dĂ©voilĂ©e. “Il se peut que la rĂ©partition soit identique Ă celle de la derniĂšre opĂ©ration ayant rapportĂ© 30 Mds de DH Ă raison de 1/3 pour chaque catĂ©gorie”, explique une source proche du dossier. Autrement dit, il se peut que les 6 Mds de DH gĂ©nĂ©rĂ©s aujourd’hui soient rĂ©partis Ă hauteur de 2 Md de DH pour les biens immobiliers, 2 Md pour les titres de participation et 2 Md de DH pour le cash.
Notre source estime que cette opĂ©ration nâa pas eu le mĂȘme succĂšs que la prĂ©cĂ©dente opĂ©ration Ă cause de la morositĂ© de la conjoncture. “En matiĂšre dâimpact sur les finances publiques et contrairement Ă ce qui est relatĂ© par certains mĂ©dias, lorsque le Directeur de l’OC avait dĂ©clarĂ© 3 Mds de DH, le TrĂ©sor ne va pas bĂ©nĂ©ficier des 3 Mds de DH mais juste de 150 MDH soit 5% des 3 Mds de DH Ă titre de recettes fiscales”, tient Ă prĂ©ciser notre source.
Avec le montant dĂ©clarĂ© aujourd’hui, le trĂ©sor va encaisser 300 MDH ( 6 Mds de DH x 5%). Pour avoir un ordre de grandeur, ce montant correspond Ă deux annĂ©es de contribution de l’Office des changes dans le budget gĂ©nĂ©ral de l’Etat. Le montant communiquĂ© par l’Office des changes fait mention de 528,6 MDH, un chiffre supĂ©rieur Ă l’estimation qui ne peut ĂȘtre que 5% du montant global dĂ©clarĂ©. Nous serons reconnaissants si l’Office des changes nous apprend davantage sur sa mĂ©thode de calcul.
Pour remĂ©dier Ă la situation, il est impĂ©ratif de mettre en place des mĂ©canismes Ă mĂȘme de fluidifier davantage la relation des Marocains avec la devise. Il serait intĂ©ressant qu’ils puissent bĂ©nĂ©ficier des mĂȘmes avantages pour disposer de comptes en devises auprĂšs des banques installĂ©es au Maroc. Et pour renflouer ses caisses, le Maroc a intĂ©rĂȘt Ă faire un grand toilettage de son Ă©conomie pour ne citer que les factures fictives qui pĂšsent lourdement sur le budget.
Les pouvoirs publics ont Ă©galement intĂ©rĂȘt Ă exploiter dâautres pistes pour gĂ©nĂ©rer plus de recettes fiscales sans pour autant augmenter la pression fiscale. Il faut par ailleurs attaquer lâĂ©conomie souterraine qui bien quâelle soit modĂ©rĂ©ment rĂ©duite, persiste toujours. Lutter contre l’informel nĂ©cessite des rĂ©formes structurelles supplĂ©mentaires, notamment celles liĂ©es Ă lâĂ©ducation, au systĂšme judiciaire, Ă la politique fiscale et au marchĂ© du travail. C’est plus ou moins une chaĂźne qui a besoin de tous ses maillons.
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