Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Industriels, experts, banquiers…, ont pris part Ă la 2Ăšme escale des rencontres rĂ©gionales sur la dĂ©carbonation organisĂ©e par Bank Of Africa Ă Tanger. L’enjeu est de sensibiliser sur les dĂ©fis Ă relever par les entreprises marocaines notamment pour faire face Ă la nouvelle donne marquĂ©e par le changement climatique, la flambĂ©e des prix des produits Ă©nergĂ©tiques et les nouvelles barriĂšres non tarifaires de lâEurope.
La dĂ©carbonation de lâindustrie nâest plus un choix pour plusieurs raisons. Le changement climatique, la flambĂ©e des prix des produits Ă©nergĂ©tiques en raison de la guerre en Ukraine ou encore les nouvelles barriĂšres non tarifaires de lâEurope (taxe carbone), autant de freins qui risquent dâimpacter considĂ©rablement la compĂ©titivitĂ© des entreprises marocaines et menacent mĂȘme leur survies.
Câest dire lâimpĂ©ratif de fĂ©dĂ©rer et de sensibiliser tout le tissu Ă©conomique marocain notamment les entreprises exportatrices aux enjeux de la dĂ©carbonation. Câest lâobjectif de la 2Ăšme rencontre rĂ©gionale organisĂ©e ce mardi 17 janvier par Bank Of Africa Ă Tanger sous le thĂšme « Investir dans la dĂ©carbonation, pour pĂ©renniser la compĂ©titivitĂ© de lâentreprise marocaine ».
OrganisĂ©e en partenariat avec la rĂ©gion Tanger-TĂ©touan-Al Hoceima (TTA), le Centre rĂ©gional dâinvestissement (CRI-TTA), et la CGEM-TTA, cette rencontre a rĂ©uni bon nombre dâindustriels opĂ©rant dans plusieurs secteurs notamment lâautomobile, le textile, lâagroalimentaire… mais aussi des experts. Lâoccasion de rappeler  les risques qui planent sur la compĂ©titivitĂ© des entreprises mais surtout lâintĂ©rĂȘt de sâinscrire dans une dĂ©marche de dĂ©carbonation.
Rappelons que lâindustrie marocaine reprĂ©sente 30% des Ă©missions de CO2 « Ă©nergie » dont 50% dâĂ©missions directes issues de la combustion dâĂ©nergies fossiles et 50% dâĂ©missions indirectes liĂ©es principalement aux usages de lâĂ©lectricitĂ© (StratĂ©gie Bas Carbone -Maroc 2050). Cette transition inĂ©vitable requiert toutefois lâimplication de tous les acteurs Ă©conomiques mais Ă©galement financiers pour relever les dĂ©fis.
« En tant quâinstitution financiĂšre engagĂ©e et responsable, Bank Of Africa souhaite accompagner les opĂ©rateurs nationaux dans cette transition importante pour la planĂšte, le pays et lâĂ©conomie nationale. La rencontre dâaujourdâhui sâinscrit totalement dans ce cadre et a pour vocation dâĂ©clairer le chemin des entreprises en particulier la TPME vers une Ă©conomie verte et durable », a dĂ©clarĂ© Khalid Nasr, Directeur gĂ©nĂ©ral ExĂ©cutif en charge de CIB & Maroc de Bank Of Africa.
Bank Of Africa, premiĂšre banque Ă se lancer dans la finance durable sur le marchĂ© depuis 2012 et prĂ©curseur de lâaccompagnement des PME dans leur dĂ©marche environnementale, est donc engagĂ©e fortement Ă relever le dĂ©fi notamment avec des offres dĂ©diĂ©es.
Encore du chemin Ă faire
Bien que le Maroc soit engagé depuis plusieurs années dans une démarche environnementale et de durabilité notamment avec le développement des énergies renouvelables, beaucoup reste à faire.
Le prĂ©sident de la rĂ©gion Tanger-TĂ©touan-El Hoceima, Omar Moro, a prĂ©cisĂ© que les investissements privĂ©s dans la dĂ©carbonation peuvent aider les entreprises Ă rĂ©duire leurs coĂ»ts opĂ©rationnels et amĂ©liorer leur image de marque, en tant qu’entreprise responsable et citoyenne, tout en contribuant Ă crĂ©er des emplois verts et Ă stimuler l’innovation technologique. Un investissement qui peut paraĂźtre couteux mais qui est trĂšs rentable Ă moyen et long termes.
« Ils peuvent les aider aussi et surtout à se conformer aux normes environnementales internationales et nationales, pour garantir un accÚs constant aux marchés, de plus en plus réglementés par des exigences environnementales, comme, il sera le cas en Europe en appliquant les mesures du pacte vert « green deal » », a souligné le président de la région TTA.
A noter que la rĂ©gion, 2Ăšme pĂŽle Ă©conomique du pays, a fait du dĂ©veloppement durable et de l’intĂ©gration des Ă©nergies renouvelables dans les stratĂ©gies sectorielles une prioritĂ© de son PDR.
« Nous avons insistĂ© dans lâĂ©laboration de notre PDR – vision 2027, avec nos partenaires privĂ©s et publics, Ă intĂ©grer la variable Ă©nergĂ©tique et environnementale dans nos projets structurants, dans toutes leurs dimensions sectorielles et territoriales », a prĂ©cisĂ© Omar Moro.
Le Conseil s’est mĂȘme engagĂ© Ă accompagner les entreprises rĂ©gionales dans leurs plans de dĂ©carbonation et de lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, aussi bien par le fonds rĂ©gional dâinvestissement, qui sera lancĂ© trĂšs bientĂŽt, comme prĂ©cisĂ© par le prĂ©sident de la rĂ©gion, que par le programme SISTIF chapeautĂ©, par l’agence dâexĂ©cution de projets.
Un soutien qui permettra aux entreprises de se mettre Ă niveau et de se prĂ©parer Ă l’Ă©chĂ©ance 2023 relative Ă l’entrĂ©e en vigueur de la taxe carbone europĂ©enne.
« Cette nouvelle mesure entraĂźnera certainement une pĂ©nalisation de notre industrie peu investie dans le verdissement des produits, Ă travers une perte considĂ©rable en termes dâavantage comparatif en faveur des concurrents plus avertis qui se sont dĂ©jĂ lancĂ©s dans le dĂ©veloppement durable », a prĂ©cisĂ© le DG du CRI de la rĂ©gion TTA, Jalal Benhayoun, dans un mot prononcĂ© par le directeur du pĂŽle impulsion Ă©conomique et offre territoriale .
Et d’ajouter que câest dans ce sens, que lâEtat Marocain, a lancĂ© tout rĂ©cemment, un programme baptisĂ© «Tatwir croissance verte» pour lâappui Ă la dĂ©carbonation des TPME industrielles, et dont le dĂ©ploiement a Ă©tĂ© confiĂ© Ă l’Agence Marocaine pour l’EfficacitĂ© ĂnergĂ©tique et MarocPME.
Un programme, rappelons-le, qui offre aux TPME industrielles en amorçage ou en croissance disposant dâun projet de dĂ©veloppement durable une prise en charge totale des phases de prĂ©-incubation et dâincubation un appui de 50% au projet de crĂ©ativitĂ©, design et dĂ©veloppement de produit industriel avec un plafond de 1,5 MDH TTC, un soutien financier 30% plafonnĂ© Ă 2 MDH TTC/projet sous forme dâappui Ă lâinvestissement des projets de startups industrielles.