Le moral est dans les chaussettes aussi bien chez les opérateurs économiques que chez les ménages. Tous les clignotants ou presque sont au rouge. Il n’y a pas de quoi pavoiser.
On croise les doigts, on attend, on s’impatiente de voir des jours meilleurs. La situation n’est pas propre au Maroc, elle est universelle. Mais il semble que la Covid-19 n’est pas encore prête pour plier bagages. Entre temps, tous les gouvernements font et refont leurs prévisions.
La question qui se pose sur toutes les lèvres est : quelle politique adopter face à la pandémie ? Chacun s’y prend à sa manière. Résultat des courses : des effets différents d’un pays à un autre. Les raisons sous-jacentes à cette diversité résident dans ce que les économistes appellent « un triangle d’impossibilité ».
Ce triangle a trois sommets : protéger la santé, préserver l’économie et garantir le plus grand respect des libertés publiques et individuelles. Il est impossible d’atteindre les trois sommets Santé, Economie et Liberté simultanément. On ne peut qu’atteindre deux au détriment du troisième. Les gouvernements sont donc devant un trilemme.
Au Maroc, pendant les premiers mois de la crise sanitaire nous avons privilégié la santé et un peu l’économie à travers des mesures de soutien en faveur des opérateurs et des ménages. Nous étions donc sur le côté du triangle Santé-Economie. Mais plus les mois passent, plus les ressources financières se raréfient. Face à cette situation, les pouvoirs publics ont lâché du lest pour redynamiser l’économie, revigorer les secteurs sinistrés et faire des rentrées d’argent.
Cette décision n’est pas exempte d’impact sur l’évolution épidémiologique et du coup sur notre système sanitaire mis à rude épreuve. Le bilan quotidien de la pandémie donne du fil à retordre à nos responsables qui savent pertinemment que notre système de soins est très limité et qu’il ne faut surtout pas badiner avec.
Que font-ils alors ? Ils essayent de s’adapter, ils prennent l’exemple sur tel ou tel pays… mais ce qui est sûr, c’est qu’ils tâtonnent. Ils ne savent plus sur quel côté du triangle d’impossibilité se mettre.
Reste que la difficulté n’est pas limitée à ce niveau. Jusqu’à présent, le raisonnement est immuable : il est supposé que le triangle est stable et connu. Or le triangle d’impossibilité risque à tout moment de se déformer. La Covid-19 est un virus redoutable directement par sa létalité et indirectement par non seulement sa capacité à désorganiser l’économie et l’organisation sociale, mais aussi par l’incertitude qui l’entoure.
Si d’autres pays sont mieux outillés pour y faire face et sortir avec moins de dégâts, le Maroc n’a d’autre choix que d’apprendre à vivre avec la pandémie pour éviter le scénario redoutable en l’occurrence le programme d’ajustement structurel. En matière de soins, il est appelé à faire jouer le partenariat public-privé pour sauver des vies humaines.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’une fois la pandémie passée, des mesures draconiennes et des réformes audacieuses doivent être prises pour barrer le chemin à la rente, à la corruption, à la non reddition des comptes, au favoritisme… bref à tous les maux ô combien nombreux qui rongent notre système et qui malheureusement ont trouvé un terreau propice tout au long de la pandémie.
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