Au-delà du débat actuel sur la pertinence de rétablir l’obligation du service militaire douze ans après l’avoir supprimé au Maroc et par-dessus toutes les considérations sur un probable impact sur l’encadrement de la jeunesse, il y a un élément qui n’aurait pas échappé aux personnes soucieuses de la discipline budgétaire.
Comment financer tout cela ? Sachant que déjà pour le PLF 2019 qui s’élabore dans la douleur, où doit-il piocher pour pouvoir répondre aux besoins sociaux, qui s’élèvent à 16 milliards de DH. S’y ajoutent 11 milliards de DH de soutien à l’investissement public pour relancer la machine de la croissance et redonner confiance aux opérateurs économiques. Il faut encore garder à l’esprit les 8,4 milliards de DH pour la régionalisation avancée, 1 milliard de DH pour la réforme de la retraite, 800 millions de DH pour la réforme de la Justice et le renforcement de l’indépendance de l’autorité judiciaire, 300 millions de DH seront consacrés à la réforme des CRI… sans oublier tous les engagements du Royaume.
Le tout en veillant sur les « équilibres macroéconomique », en maintenant le déficit sous la barre de 3% du PIB et en réduisant la dette à moins 60% du PIB à horizon 2021 !
Et voilà qu’un nouveau poste budgétaire vient s’ajouter à cette longue liste, peut-être pas pour 2019, mais sait-on jamais : le rétablissement du service militaire pour les 19-25 ans des deux sexes pour une durée de 12 mois, et dont le projet de loi a été approuvé la semaine dernière en conseils de gouvernement et des ministres. Sur les quelques éléments dont on dispose en attendant que le projet passe par les circuits de validation, l’on sait déjà que les incorporés bénéficieront d’une indemnité de l’ordre de 2.000 DH, d’un logement et d’une assurance maladie. Et des formateurs seront mobilisés pour dispenser la formation professionnelle et civique aux recrues.
Si l’on se réfère aux statistiques du HCP et aux prévisions démographiques du Maroc, la catégorie concernée constitue près du quart de la population et est renouvelée chaque année par 250.000 à 300.000 individus. Si chaque année, une bonne moitié est mobilisée dans le cadre du service militaire, notamment 150.000 personnes sauf si par magie tous les jeunes seraient dispensés (sic) cela se traduira par un budget annuel de 3,6 milliards de DH rien que pour verser la solde mensuelle des appelés sans parler de leur hébergement, nourriture, soins et surtout le surplus pour le budget de l’armée !
L’objet de ce texte n’est pas de juger de la pertinence de cette loi ou non, cela reviendra aux élus du peuple, mais, n’empêche que certains éléments doivent être pris en considération dans toute décision du genre.
1 comment
Bien évidemment! Et ce chiffre est bien en deça du coût effectif réel – on sera plus proche des 10 milliards au bat mot. A titre de comparaison, le budget de la santé est de 15 milliards et celui de l’éducation de 60 milliards. Une décision hâtive et non pensée, comme la plupart des décisions au Maroc. Nous attendons toujours un début de justification ou d’explication de la part de ce Gouvernement…