Résultats d’une enquête sur le déplacement commanditée par Casa transport. Casablanca arrivera-t-elle à relever les défis de la mobilité ? Les autorités publiques tâtonnent.
Certes plusieurs infrastructures ont été réalisées pour décongestionner la capitale économique (souterrains, tramway…) qui souffre d’un réel problème de mobilité. Toutefois, l’impact de ces infrastructures sur le citoyen casablancais n’est toujours pas très palpable. En l’absence d’une offre de transport commun performante, les habitants de la métropole galérent chaque jour pour se déplacer d’un point à un autre. Malheureusement, ils n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience en attendant des solutions adaptées aux spécificités de la ville.
Plusieurs défis restent donc à relever dans ce domaine. Une journée d’étude a été organisée ce mercredi 16 janvier par les autorités locales de la métropole pour analyser les résultats de l’enquête ménages déplacements (EMD) commanditée par Casa Transport et réalisée sur un échantillon de 7.019 familles soit 22.960 personnes de 34 arrondissements ou communes.
Une journée lors de laquelle plusieurs questions ont été posées sur l’avenir de la mobilité à Casablanca. Des questions que même les autorités locales se sont posées alors qu’elles sont censées apporter des réponses. C’est le cas du Maire de Casablanca Abdelaaziz Omari ou encore Mustapha Lhaya, vice-président chargé du Transport dont l’intervention a interpellé plus d’un.
Pour revenir à l’objectif de cette rencontre, le but de l’enquête selon Nabil Belabed, Directeur général de Casa Transport étant de dresser un tableau des pratiques de déplacements des casablancais afin de permettre aux pouvoirs publics de mieux se projeter dans l’actualisation du Plan des déplacements urbains lancé en 2007. Cette étude, menée par les cabinets Systra & Transitec dans le cadre d’une étude d’amélioration du Plan des déplacements communaux pour une enveloppe de 13 MDH, permet de mieux identifier les besoins de la population locale en vue d’y répondre de manière la plus efficace et efficiente possible.
Résultats de l’enquête
Menée durant la période janvier-mai 2018 auprès d’un échantillon composé de 51% d’hommes et 49% de femmes, cette enquête a révélé que les Casablancais réalisent 7,8 millions de déplacements par jour.
La marche à pied s’accapare la part du lion avec 4,9 millions de déplacement par jour de semaine contre 1 million/J en transport commun, 960.000/J en voiture et 700.000/J en taxis.
Il ressort également que les femmes (76%) marchent beaucoup plus que les hommes (57%) qui optent plutôt pour les transports en commun et la voiture. Quant au mode de déplacement et la fréquence, ils sont étroitement liés au niveau de revenu, de l’âge et de sexe.
Et pourtant, 68% de la population interrogée s’est dite prête à emprunter le transport en commun à condition qu’il soit à la hauteur de leur attente. Car force est de constater, que l’état de nos bus, taxis et autres moyens de transport laisse souvent à désirer. L’enquête fait ressortir que le taux de satisfaction des Casablancais de la qualité de services des transports en commun est très négatif.
Seul le tramway et le train tirent leur épingle du jeu en récoltant des points très positifs. Ce qui n’est pas le case des bus, taxis clandestins et taxis blancs qui, sans surprise, sont en bas du classement.
Comment améliorer la mobilité à l’horizon 2025
L’enquête ne s’est pas limitée à dresser un état des lieux mais s’est penchée également sur des propositions de scénarios pour l’horizon 2025. Elle révèle également que, outre le tramway, un effort considérable doit être fait pour les deux autres composantes du transport commun à savoir le bus et les taxis.
Aussi, elle a rappelé que la situation de la ligne T1 du Tramway reste déficitaire. L’identification de nouvelles formules est donc nécessaire pour se rapprocher de l’équilibre financier. Un déficit, rappelons-le, que supporte la ville en subventionnant le ticket à hauteur de 40%.
Aussi pour relever le défi de la mobilité et inciter d’avantage les casablancais à emprunter le transport en commun, il est nécessaire d’adopter le ticket unique qui traîne depuis des années. Le cabinet préconise dans son étude l’adoption de tarification incitative notamment 5 DH pour le bus, 6 Dh pour le Tramway, 6 pour le Tram+bus avec des correspondances gratuites. Ce tarif permettra d’augmenter de 63% la clientèle Trams+bus en 2025 par rapport à 2017 d’après les estimations du cabinet.
Concernant les lignes de tramway, il ressort que les lignes T1 étendue, T2 et T3 devraient connaître une fréquentation forte à très forte tandis que celle de la T4, L5 et L6 serait moins forte.
Le cabinet a tout de même précisé que pour doubler la fréquence de la ligne 4, il va falloir supprimer l’offre des grands taxis que le directeur du cabinet a défini de concurrence « sauvage ».
Interpellé sur le risque de sacrifier cette catégorie en vue d’assurer la pérennité du tramway, ce dernier, qui s’est excusé du terme employé, a précisé qu’il s’agit de revoir tout l’écosystème pour garantir une mobilité harmonieuse avec la participation de tous les acteurs.