Ecrit par Soubha Es-Siari |
Depuis le déclenchement de la crise sanitaire liée au Covid19, la classe moyenne ne sait plus à quel Saint se vouer. Et c’est loin d’être terminé.
Pis encore, l’étau se resserre et les choses se corsent pour cette frange de la population qui se dépêtre dans les méandres de la cherté du coût de la vie alimenté davantage par la crise russo-ukrainienne. Une population qui selon les statistiques du HCP représente la moitié des ménages (dépenses de moins de 5.800 DH par mois).
Et ce bien que la définition d’une classe moyenne ne fait pas l’unanimité chez les observateurs et les économistes considérant que le revenu n’est pas le seul critère à prendre en considération.
D’aucuns disent qu’il serait judicieux d’éclater la classe moyenne en fonction des types de dépenses (logement, voyages, distraction, propension à consommer…) pour mieux cibler et bien entendu opter pour des réformes réfléchies et bien cernées.
Bref, au-delà de l’aspect définition, la question qui se pose d’emblée c’est comment reconstruire cette classe moyenne de plus en plus affaiblie ? Cette classe moyenne de plus en plus endettée ? Parce qu’au-delà des stéréotypes, l’économie nationale en a grandement besoin pour avancer à grands pas.
Inutile de rappeler que les dragons asiatiques ont réussi et challengé les défis parce qu’ils ont fait de la demande interne une vraie locomotive de développement.
Le Covid, cette crise sanitaire inédite, a révélé au grand jour que 5,5 millions de familles ont bénéficié de l’aide de l’Etat pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
Sans oublier cette classe moyenne mise à l’arrêt de travail à cause des difficultés financières des employeurs. Elle s’est retrouvée du jour au lendemain à percevoir des indemnités de l’ordre de 2000 DH nets par mois. Une vraie débâcle.
Paradoxalement, on ne cesse de le dire, cette classe moyenne subit le contrecoup de toutes les réformes à telle enseigne que l’on se pose la question si le gouvernement actuel ou ses prédécesseurs sont-ils réellement conscients de sa contribution à la richesse nationale. Le dernier danger la guettant, la poussée inflationniste se veut un réel coup de grâce.
Cette classe subit aujourd’hui de plein fouet la hausse des prix du carburant à la pompe, celle des produits alimentaires… Les ménages issus de la classe moyenne ne prévoient d’autres projets que de subvenir à leurs besoins essentiels comme en atteste la dernière note du Haut-Commissariat au plan sur le comportement des ménages.
Elle annonce que le solde d’opinion relatif à la détérioration du niveau de vie s’établit à moins de 66,9 points en dégradation aussi bien par rapport au trimestre précédent que par rapport au même trimestre de l’année précédente où il était à moins 55,2 points et à moins 50,5 points respectivement.
Idem le solde d’opinion relatif à la situation financière actuelle des ménages est resté négatif, à moins 43,3 points contre moins 40,4 points le trimestre précédent et moins 34,4 points une année auparavant.
C’est pour dire que cette classe est tout simplement contrainte à s’abstenir des produits qu’elle consommait auparavant sous l’autel de la hausse du taux de l’inflation.
Certes l’inflation est actuellement une problématique internationale mais le hic au Maroc c’est que les revenus de cette catégorie de la population restent quasiment stables. Rien qu’en matière d’imposition, le réaménagement de l’impôt sur le revenu (IR) date depuis de nombreuses années sans oublier les impositions qu’elle subit et qui sont distribuées dans le cadre de la péréquation à toute la population. Une autre paire de manches.
Il faut dire que le Covid nous a donnés de grands enseignements sur la classe moyenne, sur ses perspectives et sur comment il est impératif de la prendre en considération. L’autosuffisance, l’industrialisation… sont les indicateurs clés mais il faut également du courage politique. Faute de quoi le gouvernement de par son égoïsme continuera à sucer le sang de cette classe et l’anéantir pour de bon.
Il est tout simplement temps de revoir l’opportunisme politique et accorder à la classe moyenne la place qui lui échoit dans les politiques publiques.