Le top management de la CMR dévoile les résultats de la 2ème étude sur la stratégie d’investissement. Le leitmotiv de cette stratégie est de contrecarrer la baisse structurelle des taux de rendements et la mollesse boursière. Autre fait marquant est l’adoption d’un nouvel organigramme lors de la dernière session du Conseil d’administration.
Depuis la réforme paramétrique, la Caisse Marocaine des Retraites a entrepris plusieurs actions en vue d’améliorer la qualité des services offerts aux usagers. Le conseil d’administration tenu le 17 janvier 2020 a été une occasion pour passer en revue les réalisations et se projeter sur les chantiers à venir.
Lesdits chantiers s’expliquent de par la place qu’occupe la CMR au cœur de la réforme du système national des retraites dont elle constitue le principal acteur avec une couverture de 955.000 affiliés aux régimes des pensions civiles et militaires et comptant plus de 833.000 pensionnés bénéficiant de prestations qui culminent à plus de 36,3 Mds de DH par an. Mieux encore, la valeur marché du portefeuille financier de la CMR est évaluée à 92,2 Mds de DH à fin 2019.
A l’occasion dudit conseil, l’accent a porté entre autres sur l’importance d’élargir le champ d’investissement de la CMR compte tenu de son rôle en tant qu’investisseur institutionnel national des réserves financières dont elle assure la gestion. Face à une baisse structurelle des rendements financiers et une atonie boursière, il a été décidé de faire appel, via appel d’offres, à un prestataire externe pour la réalisation d’une étude à même de permettre à la Caisse d’explorer les voies et les moyens nécessaires pour optimiser la gestion du Fonds de réserves des régimes des pensions civiles et, par conséquent, améliorer son équilibre financier. Autre point inscrit à l’ordre du jour du Conseil d’administration est l’approbation du projet du nouvel organigramme. Le but recherché est l’adaptation en continu aux différentes mutations de son environnement externe.
Stratégie d’investissement : Ce que recommande l’étude
Ladite étude a nécessité 3 mois de travail ayant permis de faire le bilan de la stratégie d’investissement adoptée par la CMR au cours de la dernière décennie ; d’étudier les potentialités de placement offertes par les marchés financier et de proposer une allocation stratégique d’actifs appuyée par des recommandations et d’un plan d’actions.
Après un diagnostic approfondi de la stratégie d’investissement de la CMR, le groupement de cabinets auquel l’étude a été confiée a pu faire plusieurs constats dont en voici les principaux :
- L’organisation de l’activité Gestion du Portefeuille, à la CMR, est conforme aux normes en vigueur au Maroc applicables à des activités similaires ainsi qu’aux standards internationaux. Cette organisation peut être complétée par un troisième niveau de contrôle réalisé par une entité « Gestion des risques » qui doit relever directement de la Direction ;
- Les processus ALM répond aux meilleures pratiques de la profession. Cependant, comme dans toute modélisation, il convient d’être très vigilant quant aux choix à opérer pour les hypothèses ;
- Sur la période d’analyse des réalisations (2009-2018), le portefeuille du RPC a surclassé son indice de référence de 4,92% avec un niveau de corrélation de 89%. Le RPC a dégagé une meilleure rémunération du risque que son benchmark ;
- La surperformance de la poche Taux par rapport au benchmark est de +5,81% sur la même période d’analyse (53,03% vs 47,22%), avec un niveau de corrélation de 72,5%. Cette poche a été en moyenne légèrement moins risquée mais plus rentable que son indice de référence ;
- La surperformance de la poche actions par rapport à son indice de référence (MASI RB) est de +6,12% sur la même période d’analyse (61,61% vs 55,49%), avec un niveau de corrélation de 98,6%. Cette poche a été en moyenne légèrement plus risquée mais plus rentable que son indice de référence.
L’ensemble de ces constatations ont permis au prestataire d’aboutir à un certain nombre de recommandations qui convergent vers l’élargissement de l’univers d’investissement de la CMR à de nouvelles classes d’actifs, notamment, les actions non cotées et d’autres investissements alternatifs. Il est par ailleurs préconisé sur le plan organisationnel, l’élargissement des attributions du Comité d’Audit et des Risques pour intégrer la composante des risques financiers associés à la gestion des Fonds de réserves. Ajoutons à cela, la mise en œuvre de l’allocation stratégique proposée dans le cadre du scénario de continuité du Fonds de Réserves et ce conformément à l’article 7 du décret n° 2-95-749 pris pour l’application de la loi 43-95.
Last but not least, il est recommandé la création d’un comité décisionnel, comprenant des membres indépendants, dont la mission est de statuer sur les opportunités de placement en immobilier, sur le non coté ainsi que sur les placements à caractère stratégique.
Aux nouveaux enjeux, nouvel organigramme
L’enjeu pour la Caisse, à travers sa réorganisation, est l’accélération de son développement. D’après le top management, cette réorganisation est guidée par deux objectifs majeurs : offrir un service de qualité au profit des affiliés et des pensionnés et consolider le processus de la bonne gouvernance.
Mieux encore, cette nouvelle organisation va permettre à la Caisse une adaptation en continu aux mutations environnementales et une amélioration des prestations fournies aux citoyens et ce conformément aux orientations royales. La CMR pourra ainsi mener à bon escient sa digitalisation entamée depuis quelques années. Dans ce cadre, il a été prévu deux fonctions au niveau du nouvel organigramme : « transformation digitale » et « Innovation et Datalab ».
« Cette réorganisation va apporter des changements importants au niveau des activités métier en visant une meilleure intégration de celles-ci afin de de favoriser les synergies opérationnelles ainsi que la polyvalence et l’adaptabilité du capital humain », explique le top management de la CMR.
Une chose est sûre : La réorganisation de la CMR intervient à un moment crucial où le système des retraites national s’apprête à opérer une réforme systémique (Pôle public-Pôle privé) avant de converger vers le régime unique.
Encadré : Tout en dématérialisant ses prestations, la CMR poursuit son expansion géographique…
Dans le cadre d’une stratégie globale de gestion de sa relation avec ses clients et partenaires, la CMR a développé au cours des dernières années une politique de proximité géographique ambitieuse à travers l’ouverture de délégations dans toutes les régions du Royaume.
Ainsi, en plus de centre d’accueil de Rabat et de son annexe de Salé, qui sera inauguré dans les jours qui viennent, la CMR se dote de huit autres délégations dans les villes de Tétouan, Oujda, Fès, Casablanca, Marrakech, Agadir, Errachidia et Laâyoune.
En 2020, de nouvelles délégations seront ouvertes dans les villes de Beni-Mellal et Guelmim. La Délégation de Dakhla est prévue pour 2021. Un service de proximité de bon augure pour accompagner le Maroc dans le processus de la régionalisation avancée.
En 2019, plus de 430.000 visiteurs ont ainsi été pris en charge dans les différents espaces d’accueil de la Caisse dont 66% au niveau des délégations régionales. Ces chiffres s’ajoutent aux 1000 appels reçus en moyenne par jour à travers un centre d’appels professionnel.
En plus de cette politique de proximité géographique, la CMR continue d’étoffer son offre de services multicanal à travers le déploiement d’une nouvelle version enrichie de son portail (au profit de 220.000 clients inscrits, actifs et pensionnés).
Outre l’application mobile MA RETRAITE CMR, 2019 a été marquée par une présence renforcée sur les réseaux sociaux et le développement d’un contenu multimédia diversifié au profit des clients et partenaires.
Voir également : [WebTV] CMR : La gestion financière des fonds de réserves au cœur des rencontres scientifiques
2 Commentaires
Nous n’avons pas besoin d’une expertise étrangère pour mieux gérer nos fonds de retraite (au final modestes)…nous avons des actuaires de qualité nationaux qui peuvent gérer en bon père de famille nos quelques sous et proposer des solutions adaptées et non risquées aux problèmes à venir.
Prendre le risque d’engager les fonds de retraites qui pèsent peu dans des placements sujets aux aléas extérieurs n’est pas très prudent !
Notre société ne pourrait pas supporter socialement un crash boursier ou une réorientation des placements des fonds de pensions étrangers ou une faillite d’affaires (sociétés non côtées).
Il serait plus judicieux de tenir nos fonds de retraite à l’abri de telles perturbations incontrôlées.
En France, les gilets jaunes ne disent finalement pas autre chose…car là aussi, la décision semble échapper aux décideurs au bénéfice de normes européennes.
Tout ce que j’ai lu sur la CMR dans l’article ci-dessus, il n’est pas question d’une amélioration du pouvoir d’achat des retraités à faible revenu. Ceux qui sont aisés ne lisent même pas ces choses là concernant la CMR. Moi personnellement quand j’entend parler de la CMR, je ressent une angoisse suivi d’un vertige. Comment voyez-vous ça.