Liquidité bancaire : Pas d’aggravation induite par les réserves obligatoires
C’est ce qu’a affirmé le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, ce mardi 18 juin à l’issue du deuxième Conseil trimestriel de la Banque centrale en 2019. Il assure d’ailleurs que BAM continue de servir le marché à une moyenne entre 70 et 75 Mds de DH et que ça sera pratiquement la même fourchette en 2019 qu’en 2020. Une intervention qu’il qualifie de « touche de piano » que jouera la Banque centrale dans une toute autre perspective : aider à la mise en œuvre de la stratégie nationale de l’inclusion financière. « Nous sommes cohérents avec nous-mêmes », insiste Abdellatif Jouahri qui assure que les banques qui feront un effort dans cette optique d’accompagner cette stratégie pourront profiter de cette « carotte ».
Aussi, a-t-il assuré que le comité stratégique de cette stratégie, qu’il préside lui-même, s’est réuni la semaine dernière et que les groupes de travail ont été identifiés pour définir rapidement la feuille de route.
L’objectif y afférent est de réduire les disparités qui persistent en termes d’accès et de pénétration des services financiers, dans le but de faire de l’inclusion financière un réel vecteur de développement socio-économique en intégrant le plus grand nombre de citoyens et de TPE au système financier marocain.
Présence des Banques marocaines en Afrique et impact sur la position extérieure globale du Maroc (PEG) ?
« Nous sommes conscients du risque de l’investissement en Afrique, d’ailleurs même au niveau des rapports avec le Fonds monétaire international ou avec les agences de notation, ils rappellent le risque de la présence des banques marocaines en Afrique. Faut-il rappeler que nous sommes présents dans 27 pays dans le continent, avec le plus gros de la présence sur l’Afrique de l’Ouest (10 pays).
Nous avons mis en place un comité Afrique que je préside moi-même avec les trois présidents de banques (Allusion faite à la Banque populaire, Attijariwafa bank et BMCE of Africa). Nous exigeons un programme triennal de ces banques sur leurs prochaines ouvertures et nous leur indiquons par conséquent quel serait l’impact sur le volet prudentiel tel qu’exigé au Maroc. Il faut rappeler à cet effet que les banques ne peuvent consolider leurs résultats que selon les mêmes règles prudentielles que nous avons ici. De fait, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent sur le classement des créations et des actifs, provisionnement etc.
Par conséquent, nous les suivons de très près. Nous avons également signé des accords avec les régulateurs des pays d’accueil de façon à assurer un échange d’informations et à mener des missions de contrôle communes.
Aussi, avons-nous des collèges de superviseurs qui se réunissent régulièrement auxquels assistent les régulateurs.
Maintenant, nous passons à un stade qui a un peu tardé à savoir anticiper ou mesurer ce que peut provoquer une crise transfrontalière. Supposons qu’une filiale connait une difficulté, comment cette difficulté peut remonter vers la maison-mère et surtout comment peut-on la traiter de part et d’autre : le régulateur du pays d’accueil et nous-même et dans quelles conditions faut-il réagir ? Ce système est aujourd’hui bien établi, mais ce n’est pas pour autant que cela signifie qu’il ne peut pas y avoir de risque. Mais nous insistons auprès du management de ces banques qu’il y ait un suivi à partir du Maroc du risque des filiales ».
Les investisseurs marocains à l’étranger sont-ils obligés de rapatrier leurs dividendes au Maroc ? Et une autorisation de l’Office des Changes est-elle nécessaire en cas de réinvestissements de ces dividendes à l’étranger ?
« Bien sûr les filiales africaines remontent leurs dividendes vers les maisons-mères. Cette remontée est plutôt soumise à la réglementation des pays concernés et des régulateurs des pays d’accueil. Pour illustrer, prenons l’exemple de la Tunisie où le régulateur peut estimer selon l’analyse de la conjoncture qu’il fait, qu’il peut ou ne peut pas y avoir de distribution de l’intégralité des dividendes. Une pratique que le Maroc peut également adopter selon la situation.
Concernant l’investissement de départ, nous essayons de voir quel en serait l’impact sur la situation prudentielle de la banque ici, ça va de soi.
Mais si l’on prend la globalité des investissements du secteur bancaire marocain en Afrique, il représente 10% en fonds propres, ça reste limité. Je ne pense pas que cet investissement en Afrique puisse être un facteur de dégradation de la position extérieure du Maroc. Les facteurs de cette dégradation sont à chercher ailleurs et ils figurent dans le rapport de la banque centrale relatif à la position extérieure globale du pays ».
Etat d’avancement des recommandations à l’issue de la réunion tripartite CGEM-BAM-GPBM, tenue le 18 avril dernier
« Effectivement nous avons tenu notre réunion le 18 avril 2019 lors de laquelle nous avons passé en revue tous les points qui nous lient notamment à partir de ce qui a été réalisé depuis la dernière réunion de 2016 et ce qui reste à faire.
Sur les réalisations, nous avons indiqué premièrement qu’il y a au moins la mise en place de l’Observatoire de la TPME qui est désormais opérationnel et commence à générer des données. D’ailleurs, lors de la réunion nous avons projeté les statistiques issues dudit Observatoire et qui donnent une idée sur la configuration et la structure du tissu industriel marocain notamment en ce qui concerne la représentativité des TPE, des PME ainsi que des grandes entreprises en nombre, leur participation à la fiscalité…
Ensuite, nous avons passé en revue la mise en place de l’Observatoire des délais de paiement plus particulièrement le fait que les banques ont commencé à noter leurs clientèles. Une notification verbale étant donné qu’une consultation juridique du GPBM a indiqué que les banques ne pouvaient pas le faire par écrit car cela risque d’engager la responsabilité du client. Les banques notifient leur client lorsque leur notation est revue soit à la hausse ou à la baisse en indiquant les éléments qui ont été pris en compte pour le nouveau classement.
Je tiens à préciser que cette pratique n’est pas encore généralisée au niveau de toutes les banques. Cela dit, la réunion semestrielle qui se tiendra le 27 juin avec le Conseil du GPBM et BAM sera l’occasion d’aborder plusieurs points liés à ce sujet notamment certaines réclamations de la clientèle liées à la confidentialité de la notation. Il sera question de mettre la lumière sur le risque que la notification par écrit pourrait porter comme préjudice aux entreprises notamment dans le cadre de leurs relations clients/fournisseurs. Mais aussi les risques que les banques encourent-elles si, en cas de préjudices, l’entreprise décide de les poursuivre. C’est la raison pour laquelle les banques hésitent encore à notifier par écrit ».
La privatisation ne doit pas être réduite à une opération de recettes
« Nous avons indiqué que quand on privatise, il faut non seulement que ce soit une recette mais que ce soit l’occasion pour la privatisation de participer soit à la création d’un écosystème, soit le valoriser. Et qu’il y ait des évaluations post-privatisation pour voir est-ce que véritablement ces résultats ont été obtenus ou pas.
Rappelez-vous qu’en 2016 quand j’ai participé au Colloque des Finances Publiques, j’avais interpellé la DEPP en lui rappelant que j’étais président de la BMCE qui a été privatisée mais je n’ai jamais eu un bilan de cette privatisation avec une analyse des opérations de privatisation au niveau du Maroc.
C’est pour cela qu’il ne faut pas refaire la même chose, c’est-à-dire s’arrêter à la privatisation comme une opération de recettes mais une opération ayant une valeur ajoutée sur le plan économique et financier ».
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