Les NEET, ces jeunes âgés entre 15 et 24 ans ne sont ni employés, ni étudiants, ni stagiaires. Ils sont restés en marge de la croissance économique qu’a connue le Maroc au cours des années glorieuses, sans bénéficier équitablement de ses fruits, mais tout en étant foudroyés par la brutalité des années maigres.
On ne parle pas beaucoup d’eux et pourtant ils sont là, ils existent… ils vivent au jour le jour. Selon les dernières statistiques du HCP, ils représentent un peu plus du tiers de la population. D’aucuns les considèrent comme un fardeau sur la société, d’autres bien qu’ils s’indignent sur leur sort, ont les mains liées. Mais qui sont-ils ? Ils sont les NEET ( Neither in Employment nor in education or training). Ces jeunes âgés entre 15 et 24 ans ne sont ni employés, ni étudiants, ni stagiaires. Ils sont restés en marge de la croissance économique qu’a connue le Maroc au cours des années glorieuses, sans bénéficier équitablement de ses fruits, mais ils sont foudroyés par la brutalité des années maigres.
Et pourtant à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 2éme année législative de la 10 ème législature, dans son discours adressé à la Nation, le Souverain avait bien mis l’accent sur cette problématique qui gangrène le développement économique du pays.
« Assurer la mise à niveau de la jeunesse marocaine pour favoriser son engagement actif et efficient dans la vie publique nationale, constitue un défi majeur qu’il convient de relever de manière appropriée. […] Nous appelons à l’élaboration d’une nouvelle politique intégrée dédiée aux jeunes. Axée fondamentalement sur la formation et l’emploi, celle-ci devrait avoir le potentiel nécessaire pour proposer des solutions réalistes aux problèmes réels des jeunes ». Extrait du Discours.
A quelques encablures des Objectifs du Développement Durable (ODD), le Maroc est encore loin du compte. 2020, année où les espoirs étaient permis avec la volonté d’assurer une croissance inclusive grâce au programme Intelaka, a été rattrapée à partir du mois de mars par la pandémie liée à la Covid-19. Depuis on ne parle plus de Intelaka mais plus d’Oxygène pour les entreprises existantes et qui en manquent. On parle plus de survie pour les unités qui agonisent. Les regards sont plus braqués sur ceux qui ont perdu leurs emplois et sur comment aider les entreprises à préserver au moins 80% des emplois.
Les NEET ce n’est vraiment pas le moment. Ils continueront à exister comme ils l’ont fait durant toutes ces berges. On omet pourtant que plus leur nombre augmente, plus ils deviennent une menace pour la société (violence, troubles sociaux…) . Bref une vraie bombe à retardement.
Comment s’y prendre ?
« Un premier moyen pour favoriser l’inclusion sociale des jeunes privés d’éducation et de formation consisterait naturellement donc en la provision d’éducation et de formation, notamment via la mise en place de programmes de deuxième chance », explique l’économiste Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), Aomar Ibourk dans un entretien accordé à l’un de nos confrères. Ces programmes peuvent être de grande utilité pour les jeunes qui ont manqué l’occasion de développer leur capital humain avant ou durant l’adolescence (Banque Mondiale, 2006). Il s’agit principalement de programmes d’alphabétisation, d’apprentissage, de formation, de désintoxication, et de requalification des lauréats des établissements de l’éducation et de la formation. Malgré le fait que ces programmes peuvent ne pas conduire à une participation effective au marché du travail et à la vie en communauté, ils contribuent, néanmoins, à la consolidation des facteurs de conversion.
Il faut par ailleurs prévoir des formations pour ceux qui d’une manière ou d’une autre ont abandonné la scolarité à un âge précoce. Il ne faut surtout pas les laisser livrés à eux-mêmes et leur faciliter l’insertion au monde du travail.
Il faut être vigilants et identifier les NEETs potentiels pour les prendre en charge avant leur désengagement. C’est la meilleure façon d’éradiquer la montée en chiffres des NEET.
Tant que cette frange de la population est laissée à l’abandon et tant qu’une feuille de route n’est pas bien tracée pour la soutenir et l’insérer dans le monde du travail et par conséquent dans la société, le Maroc continuera à boiter. Faire partie du Cercle des pays émergents sera tout simplement un leurre. En plein conception du nouveau modèle de développement, la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement a intérêt à ne pas les perdre de vue.
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