Ecrit par la Rédaction |
Les créances en souffrance enregistrent une augmentation de 11,1% et leur ratio à l’encours du crédit bancaire s’est établi à 8,6%, selon les dernières données communiquées par la banque centrale. Une tendance suivie également de près par les agences de notation internationales. Une situation qui risque de prendre en otage, à nouveau, les dividendes de l’exercice 2021.
Il ressort du dernier Conseil de BAM que le rythme de progression du crédit au secteur non financier est revenu de 4,1% en juin à 3,2% en moyenne en juillet et août 2021, avec en particulier une décélération des prêts aux entreprises privées de 4,2% à 2,5%.
Cette décélération est due à l’arrivée à échéance de certains programmes de soutien mis en place en 2020 par le gouvernement dans le cadre de la réponse à la crise de la Covid-19.
« Tenant compte notamment des perspectives de l’activité économique et des anticipations du système bancaire, le taux d’accroissement du crédit au secteur non financier devrait s’établir à 3,7% en 2021 et à 3,8% en 2022 », lit-on dans le rapport.
Quant aux créances en souffrance, elles ont augmenté de 11,1% et leur ratio à l’encours du crédit bancaire s’est établi à 8,6%. Elles se sont accrues de 11,9% pour les entreprises non financières privées et de 9,9% pour les ménages.
« Depuis 2019 soit en 2 ans (2020-2021), il y a eu une augmentation des créances en souffrance de l’ordre de plus 17 Mds de DH », a précisé le Wali de BAM lors du point de presse de ce mercredi 2021.
Et pourtant, à fin mars 2021, l’encours des créances en souffrance avait enregistré une baisse à 80.531 MDH contre 81.486 MDH un mois auparavant soit une baisse de 1,18% (80.225 MDH en décembre 2020).
Mais comme annoncé, cette baisse enregistrée au mois de mars 2021 ne permettait pas de tirer des conclusions sur une éventuelle tendance baissière des CES. C’est d’ailleurs ce qui s’est confirmé à fin août.
Concernant les reports de crédit, le Gouverneur de la Banque centrale a rappelé que les différents établissements bancaires et assimilés ont reçu 527.000 demandes de report d’une valeur de 124 Mds de DH dont 70 à 73 % ont été réglés alors que moins de 9 % ont été déclassés.
Abdellatif Jouahri a précisé que la banque centrale suit de près cette augmentation bien que lesdites créances soient provisionnées. « Les créances en souffrance sont aussi notre souffrance. Et pour cause, les agences de notation ne voient pas cette montée des créances en souffrance du bon œil. Elles tempèrent parce qu’elles sont bien provisionnées », a-t-il précisé.
A noter toutefois que cette augmentation peut avoir comme conséquence un re-confinement des dividendes qui n’est pas à écarter. C’est ce qu’a affirmé le Wali de BAM. Rappelons que BAM avait décidé la suspension de la distribution des dividendes en 2020 suivi d’une distribution au cas par cas avec autorisation de la Banque centrale en 2021.
« Il est encore trop tôt pour dire s’il y aura distribution des dividendes pour l’exercice 2021. Il faudra attendre la fin de l’exercice pour voir les instructions qu’elles seront données aux banques », a souligné le Wali.
Néanmoins, il n’a pas manqué de préciser que lesdites instructions seront prudentes avec des décisions du cas par cas. « BAM approvisionnera les banques qui auront des marges et demandera à celles ne l’ont pas de renforcer leurs fonds propres pour être à l’aise sur le plan prudentiel », a-t-il précisé.
1 comment
Covid n’explique pas tout ! Le taux des créances malsaines a été toujours élevé chez nos banques au Maroc.A voir les garanties en millefeuille que les banques exigent pour donner un crédit ,il y a à se demander à quoi servent ces garanties?
On peut affirmer sans se tromper que Les 3/4 des crédits accordés par les banques sont des crédits hypothécaires autrement dit que nos banques sont installées confortablement dans la posture des prêteurs à gage. Ipso facto une anti sélection s’opère au niveau des banques en faveur des projets les plus risqués mais couverts par des hypothèques notamment et au détriment des ceux plus viables mais ne présentant pas de sûreté réelle.