La crise de lecture dont souffre le Maroc ne fait que s’amplifier. Les chiffres donnent froid au dos. Seulement 0,3% du temps libre des marocains est consacré à lecture d’après le HCP soit 2 minutes maximum par jour pour les adultes et moins d’une minute pour les enfants. Un constat alarmant dont les conséquences sur la société sont sans appel.
Une rencontre organisée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en marge des activités de la 26ème édition du Salon international de l’édition et du Livre (SIEL 2020) a été l’occasion de revenir sur cette triste réalité. Conscient des défis à relever dans ce domaine, le CESE a élaboré un rapport sur la promotion de la lecture au Maroc qui propose des recommandations concrètes pour “améliorer” l’état actuel du secteur du livre.
Dans une déclaration à la presse au sujet du rapport du Conseil intitulé « Promouvoir la lecture, urgence et nécessité », le président du Conseil Ahmed Reda Chami a relevé que ce document vise à « encourager la lecture tout au long d’une vie, à travers des indicateurs qui interpellent ».
Il a par ailleurs estimé que toutes les collectivités territoriales doivent développer des programmes d’encouragement à la lecture, en collaboration avec la société civile à l’instar de la région de Casablanca, qui a mis en place des kiosques de lecture dans les jardins publics. Il a appelé les entreprises, dans le cadre de leur responsabilité sociétale (RSE), de financer des bibliothèques scolaires et des centres culturels, mettre en place des bibliothèques numériques gratuites et encourager des startup innovantes qui créent des bibliothèques digitales surtout celles destinées aux personnes à besoins spécifiques.
Abdellah Deguig, Commission permanente chargée de la société du savoir et de l’information au sein du Conseil, a signalé, de son côté, que la chaîne des valeurs des livres reposait sur l’encouragement des éditeurs, la promotion des espaces de commerce et une réappropriation culturelle de l’espace public.
« La promotion de la lecture à tout âge par un accès aux ouvrages, est l’une des recommandations du CESE. La lecture doit débuter à un âge plus précoce, d’où le rôle extrêmement important que doit jouer la famille pour le développement du goût de la lecture auprès des enfants », a-t-il estimé.
Pour lui, la rareté des ressources de lecture et le manque de l’implication de certains acteurs, sont à l’origine de cette situation que vit le secteur du livre et de l’édition,
L’école est le lieu incontournable pour instaurer une atmosphère à même d’attirer des jeunes lecteurs, a signalé A. Deguig, ajoutant que seulement 9% des établissements publics disposent de bibliothèque scolaires.
Il a en outre indiqué que 80% du chiffre d’affaires des bibliothèques est enregistré durant la rentrée scolaire, faisant par ailleurs remarquer que grâce au programme de soutien à l’édition et au livre, lancé par le ministère de la Culture, 423 livres ont été édités en 2017.
Deguig a par ailleurs mis en avant les recommandations “stratégiques” du CESE notamment la tenue d’assises nationales sur les différentes fonctionnalités de la lecture, la déclinaison de cette politique en plans d’action, le soutien à la société civile, la promotion de la production et de la distribution d’ouvrages, l’organisation des activités de promotion de la lecture et de l’écriture au sein de l’école.
La 26ème édition du SIEL, organisée par le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports, en collaboration avec l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations et le Parc des expositions de Casablanca, connait la participation de 703 exposants, dont 267 exposants directs et 436 indirects, venus du Maroc, d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique qui présentent un fond documentaire riche et varié couvrant plusieurs champs de connaissance, avec plus de 100.000 ouvrages.