La configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance conjecturable du Produit intérieur brut à prix constants d’environ 0,8% pour l’exercice 2020.
Le Centre marocain de conjoncture s’est penché dans son dernier numéro sur le choc économique engendré par la pandémie ainsi que sur les effets de la sécheresse. Une crise sanitaire sans précédent qui a provoqué un changement dans le comportement des agents, des opérateurs économiques voire même des gouvernements. La propagation de la pandémie à l’échelle planétaire a remis en cause la mondialisation et ses bienfaits sur les économies du pays.
Telle une onde de choc, la pandémie s’est déclenchée en décembre 2019 à Wuhan en Chine, l’un des deux principaux épicentres de l’économie mondiale pour se propager à pratiquement tous les pays de planète. Du jour au lendemain, un climat de terreur et de phobie s’installe dans tous les coins du monde, bouscule et incite les gouvernements à prendre des dispositions rapides pour stopper l’invasion de la maladie.
Un véritable chaos
L’atelier du monde à l’arrêt met sous pression tous les marchés. Aussi et en raison du fait que la Chine est le plus important consommateur du monde des matières premières, les cours ont chuté pour connaître le plus bas niveau depuis l’année 2016. L’effondrement le plus spectaculaire a concerné le marché du pétrole, le prix du baril du brent est passé de 65 dollars environ le 15 janvier à 26,46 dollars le 19 mars 2020. “En effet, outre l’impact du coronavirus et l’affaiblissement de l’économie chinoise qui pèse plus de 14% dans la consommation mondiale du pétrole, cette descente vertigineuse des cours a été provoquée aussi et concomitamment par la situation conflictuelle qui s’est déclarée entre les trois principaux producteurs : les Etats-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite pour des visées économiques et géostratégiques”, expliquent les conjoncturistes. Cette dégringolade n’est exempte d’impact sur les places financières et boursières qui dans leur majorité ont dévissé.
Le monde casse la tirelire
La Banque Centrale Européenne a débloqué une enveloppe de 750 Mds d’euros pour alléger tant soit peu les retombées néfastes de cette crise sanitaire. La France qui a décrété l’état d’urgence sanitaire a aussi établi un plan avec un budget de 45 Mds d’euros. L’Espagne a alloué un budget de 100 Mds d’euros pour soulager les entreprises…
Le Royaume du Maroc n’est pas en reste puisque le gouvernement a alloué une enveloppe budgétaire de 10 Mds de DH dont 5 milliards sont réservés pour contrecarrer la pandémie et les 5 autres pour soutenir les activités économiques impactées. En parallèle et dans un élan de solidarité et de générosité exemplaire, ce fonds spécial pour la gestion de la pandémie covid19 a été renfloué en l’espace de 48 heures d’un montant supérieur à 10 milliards de dirhams par les dons bénévoles des entreprises et des institutions privées et publiques ainsi que des particuliers.
Les compteurs réinitialisés
Devant cette situation d’une importance gravité, toutes les économies du monde ont revu à la baisse leurs estimations de croissance en 2020. Affectés par le ralentissement quasi certain que connaitrait l’économie chinoise avec un taux de croissance d’à peine 3,5% contre 6,1 en 2019, certains pays asiatiques et même les pays de la zone euro pourraient entrer en récession. La France prévoit déjà une baisse de la croissance de 1%. Selon les estimations prospectives du CMC, l’économie mondiale connaîtrait un taux de croissance modeste d’environ 2%.
Quid de l’économie nationale ?
Le Maroc se trouve en tenaille entre les effets dévastateurs du coronavirus et la contreperformance du secteur agricole à cause d’un sérieux déficit pluviométrique. Les conjoncturistes rappellent à juste titre que les hypothèses ayant presidé l’établissement des prévisions exploratoires pour l’économie marocaine sont conditionnées par les développements rapides des évènements et par voie de conséquence demeurent assez fragiles.
Celles qui sous-tendent le scénario de référence peuvent se résumer comme suit :
- L’hypothèse centrale considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise devrait se faire progressivement sans à-coups ;
- La campagne agricole 2019-2020 assez sèche produirait un affaissement notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux ;
- La baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur l’économie réelle ;
- Par contre la politique budgétaire largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des marocains pourrait bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois ;
- Les autres hypothèses conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars après la chute qu’il a accusé au dessous de la barre des 30 dollars. Elles supposent que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas. Elles présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du dirham pencherait plus vers une réévaluation vis-à-vis du dollar et connaitrait une dépréciation par rapport à l’Euro.
“Dans le cadre de cette panoplie d’hypothèses fragiles mais soutenables et au vu des maigres indices précurseurs, la configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance conjecturable du Produit intérieur brut à prix constants d’environ 0,8% pour l’exercice 2020”, expliquent les conjoncturistes.
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