La 45 ème édition du cycle de conférences sous le thème « Le Monde, L’Afrique, le Maroc : quelles perspectives pour 2019 ? » organisée le 31 janvier montre que la Fondation Attijariwafa bank souhaite entamer l’année 2019 avec un sujet qui cristallise toute l’opinion publique. La thématique n’est pas fortuite d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte où rien n’augure de positif. Une conjoncture où la croissance économique mondiale décélère pour la deuxième année consécutive et inquiète à plus d’un titre.
Le ralentissement d’un pays comme la Chine, première puissance économique mondiale, donne du fil à retordre aux analystes, économistes et aux faiseurs d’opinion. Il ne s’agit nullement de la seule menace qui plane. Il existe bien d’autres telles que la guerre commerciale USA-Chine, les tensions géopolitiques, le Brexit, la montée du populisme… Autant d’incertitudes qui font et refont la scène internationale à telle enseigne que les pouvoirs ne savent plus comment manier les outils budgétaires. Dix ans après la crise financière des subprimes et l’effondrement du secteur immobilier, le monde doit-il redouter un autre choc ? D’aucuns considèrent qu’il y aura une nouvelle crise, mais ne peuvent avancer le timing. Ce dont ils sont sûrs, c’est qu’elle pourrait être un événement dramatique pour la démocratie et les valeurs libérales.
A leurs yeux, les leçons d’une des pires crises financières n’auraient pas été tirées. « Mis à part le fait qu’on a plus régulé aujourd’hui, la situation est pire d’un point de vue macroéconomique », soutient par exemple Alfonso Prat-Gay, ex-ministre argentin des Finances et du Budget dans une rencontre du cercle des économistes.
Dans son intervention, Frédéric Louat Directeur du cabinet Riser Maghreb a mis en exergue les différentes menaces qui pèsent sur l’économie mondiale, en l’occurrence la hausse des taux américains qui n’est pas exempte d’incidences sur les pays émergents essentiellement ceux dont la dette est libellée en dollars. Il met en garde contre le ralentissement de la Chine dont la croissance s’est inscrite depuis plusieurs années dans un trend baissier. « Comment rester indifférent face à cette réalité lorsque nous constatons que les achats de voitures en Chine ont beaucoup baissé au cours de l’année 2018 ? », s’interroge F. Louat. Une baisse dont l’impact est perceptible sur les économies les plus fortes qui bon an mal an drivent la croissance économique mondiale. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine si elle vient à se concrétiser entraînerait un protectionnisme qui va couper l’herbe sous les pieds des économies toutes catégories confondues.
Quid de l’Afrique ?
Après le pessimisme bien argumenté de F. Louat, Abdou Diop, Managing Partner du cabinet Mazars souhaite obtempérer en démontrant que les crises et incertitudes peuvent être une source d’opportunités pour le Continent africain.
Nous ne pouvons certes pas passer sous silence qu’au cours des dernières années, la dette du continent a doublé totalisant 57% du PIB, que le chômage touche 60% des jeunes, que les inégalités sociales sont très profondes… et que la démocratie est loin d’être un pari gagné.
Mais cela ne doit pas nous empêcher de voir la moitié pleine du verre allusion faite au dernier classement Doing Business de la Banque Mondiale qui note une amélioration de l’environnement des affaires de plusieurs pays africains, et ce, grâce aux réformes engagées en faveur d’une meilleure gouvernance. C’est un signal positif en faveur des investissements directs étrangers. Globalement A. Diop est confiant que grâce aux réformes entamées et celles en cours de réalisation, les pays africains parviendront à sortir des sentiers battus.
« Pour sa part, le Maroc s’inscrit parfaitement dans cette dynamique, et les projections concernant le Royaume forcent à l’optimisme. Le FMI table dans ses projections publiées en novembre 2018, sur un taux de croissance de 3,2% en 2019, tandis que Bank Al Maghrib prévoit un taux de 3,1%, sous réserve que soient menées à terme, toutes les réformes structurelles requises », tient à rappeler l’un des intervenants. Une projection que ne partage pas le Haut Commissaire au Plan qui table sur un taux de croissance économique de 2,9% en 2019 et dont les prévisions sont souvent les plus plausibles.
Pour Ahmed Lahlimi, le Maroc est pris dans l’étau d’une politique budgétaire foncièrement prudente et qui du coup, ne lui laisse pas assez de marge de manœuvre.
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