A l’occasion de la conférence de presse tenue le 4 août pour la présentation des actions concrétisant les orientations royales contenues dans le discours prononcé par le Roi Mohammed VI le 29 juillet 2020, le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun s’est prêté au jeu des questions/réponses.
Retour de la croissance à un niveau normal
De prime abord, il faut rappeler qu’il y a un volet qui ne dépend pas du Maroc mais surtout du comportement de ses partenaires à l’échelle mondiale notamment l’Union Européenne. Autrement dit, la croissance dépend du niveau d’ouverture des frontières avec un certain nombre de pays à cause de certains secteurs tels que l’export ou le tourisme dont l’activité est fortement liée à l’international. Dans la foulée, on peut citer l’automobile ou l’aéronautique qui ont subi les contrecoups de la crise sanitaire liée à la Covid-19.
Globalement, on devrait retrouver le niveau de croissance de 2019 en 2022. Sur la base des scénarios retenus jusqu’à présent, la croissance en 2021 sera de l’ordre de 6,8%. Mais, cela n’empêche pas de dire que le facteur de la pandémie détermine toutes les décisions politiques du gouvernement.
Toutes les orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dont le temps d’opérationnalisation va démarrer dans les prochains jours, devraient avoir un impact positif sur la situation macroéconomique notamment le niveau de croissance économique.
En ce qui concerne l’endettement, il passera de 65% à 75% cette année du fait d’un côté de la baisse du PIB de presque 8 points et de l’autre côté de la hausse de la dette de 40 Mds de DH selon les prévisions. Ces éléments conjugués à une chute de la croissance économique de 8,5 pts en 2020 (par rapport aux prévisions -5% vs 3,5% ) génèrent 10 points de plus en matière de taux d’endettement par rapport au PIB, soit 75%. En 2021, la croissance économique va commencer à se rétablir, mais pas d’un seul coup en s’étalant sur 4 ou 5 ans.
Le pacte pour la relance économique
Il s’agit essentiellement d’un pacte pour la relance et l’emploi. Dans ledit pacte, il est rappelé toutes les mesures d’accompagnement mises en place par l’Etat et ce qui est demandé aux opérateurs économiques pour être mené à bien. Étant donné la capacité limitée du secteur public en matière d’emploi des jeunes, le secteur privé sera très sollicité. Or pour qu’il y croit et qu’il soit partenaire, il faut lui donner une feuille de route détaillée et réaliste.
En ce qui concerne les critiques adressées aux banques, il s’agit d’un phénomène international. Au Maroc, le taux de contentialité du système bancaire est élevé par rapport à des pays à développement comparable ce qui se traduit par une prise de risque importante.
Entre mars et juin 2020, 47.000 entreprises ont bénéficié de Damane Oxygène, soit 17,4 Mds de DH
Autrement dit 47.000 entreprises ont pu résister pendant cette période très difficile grâce aux crédits Oxygène octroyés par les banques et garantis en grande partie par l’Etat.
Évidemment le grand programme de relance de 75 Mds de DH (des 120 Mds de DH selon les orientations du Souverain) va être distribué par les banques dans le cadre du partenariat avec l’Etat. Bien entendu qui dit système bancaire, dit la banque Centrale.
Contrats programmes avec certains EEP en stand by
Les contrats publics avec la majorité des EEP sont quasiment finalisés et prêts mais la Covid-19 en a décidé autrement. Toutefois, il faut les revisiter et les adapter à la conjoncture actuelle qui n’est pas saine économiquement et financièrement. C’est le cas pour certains établissements publics comme la RAM ou l’ONCF dont les programmes prévus initialement sont en déphasage avec la conjoncture actuelle.
Pour ce qui est des EEP à supprimer, il faut attendre la LF 2021 pour les identifier.
La déclinaison des 6 Mds de DH de la RAM
Il est prévu 60% en augmentation de capital et 40% pour l’endettement. Toutefois le montant ne va pas être accordé en une seule fois. Il doit accompagner le plan présenté par le top management de la compagnie qui doit être bien respecté. Le plan va être suivi par un Comité de pilotage pour la réalisation des objectifs déclinés dans le Plan avec l’accord de L’État.
Les sorties du Trésor à l’international
« Nous sommes prêts et l’ouverture est prévue pour la rentrée. Nous sommes à l’écoute du marché pour réaliser ces opérations dans les meilleures conditions », assure Benchaâboun à l’issue de la rencontre.
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