L’Observatoire des Délais de Paiement a tenu sa 4ème réunion ce lundi 15 février. Un moment crucial pour le patronat qui s’inquiète de l’impact de la pandémie sur le tissu économique dont le crédit inter-entreprises a grimpé à 421 MDH.
Dans son allocution, le président de la CGEM Chakib Alj a rappelé que dans un contexte pandémique, la reprise demeure intimement liée à l’efficacité de la campagne de vaccination aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
« C’est cela qui déterminera la date du retour à la normale, que nous espérons courant deuxième semestre 2021. D’ici là, le plein effet de la crise se fera ressentir notamment chez la TPME qui voit déjà son fond de roulement épuisé et son gearing grevé par les dettes additionnelles », alerte Alj. A cet effet, il exhorte les pouvoirs publics à mettre en œuvre toutes les mesures à même de lui éviter une mort certaine.
Le chantier des délais de paiement est par conséquent un sujet vital pour la TPME.
« En effet, les délais de paiement -inter-entreprises en l’occurrence- qui étaient déjà à un niveau alarmant avant la pandémie, n’ont fait que se détériorer tout le long de cette année. Nous sommes passées de 408 MDH en 2018 à 421 MDH en 2019 », rappelle à juste titre le président de la CGEM.
En l’absence de nouvelles commandes et de marchés en 2020, les entreprises se sont retrouvées en manque de liquidité et ainsi en grande difficulté pour régler leurs fournisseurs. D’ailleurs, les résultats de la 3ème édition du Baromètre de la CGEM réalisée en octobre dernier indiquent une hausse du délai supplémentaire moyen de 53 jours.
Et l’analyse préliminaire du 4ème baromètre, réalisé en partenariat avec Inforisk, confirme cet allongement.
« A l’issue de notre dernière réunion, des objectifs clairs ont été arrêtés. Lors de cette réunion, l’amendement de la Loi 15-95 a été vu de bonne augure car il prend en considération un certain nombre de points », tient-il à rappeler.
Il cite à cet effet, l’introduction de l’amende pécuniaire et le fait que le produit de ces amendes serve le fond d’appui au financement de l’entrepreneuriat, ainsi que la mise en place d’une instance de contrôle du respect des dispositions de la Loi.
Dans la foulée, il rappelle à l’auditoire, les mesures actées, il y a un an à savoir :
Premièrement, agir en amont du processus de facturation, ce qui est essentiel pour réduire les délais non apparents, ainsi que d’introduire de manière progressive le dépôt électronique des factures au niveau des Établissements et Entreprises Publics. C’est un sujet cité par Mohammed Benchaâboun, ministre de l’Economie et des Finances lors de la dernière réunion en proposant de maîtriser la zone grise. D’où l’appel à la convergence vers un dispositif unique.
Deuxièmement, amender rapidement ce texte de loi – comme il était convenu- est tout autant crucial car tant que celui-ci n’est pas promulgué, le texte en vigueur reste applicable pénalisant ainsi les entreprises.
Troisièmement, éliminer la double peine car les entreprises se sont retrouvées à se justifier devant l’administration fiscale qui leur demandait de payer un impôt sur un produit qu’ils n’avaient pas encaissé, alors que les mauvais payeurs n’étaient pas inquiétés…
Et enfin, l’insertion dans le rapport annuel de l’Observatoire de la liste des sociétés dont les comptes annuels sont certifiés par un ou plusieurs commissaires aux comptes enregistrant des délais dépassant les délais légaux. La reprise des contrôles fiscaux en 2021 sur la base du texte de loi en vigueur inquiète tous les chefs d’entreprise.
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