Le chef du gouvernement rappelle à l’opposition que l’équipe au pouvoir maintient son engagement en ce qui concerne l’endettement public.
Dans un contexte marqué par la flexibilité du dirham, le service de la dette extérieure serait impacté par les fluctuations du taux de change.
Interpellé par les députés sur la situation économique, sur les équilibres budgétaires, Saâdeddine El Othmani n’a pas fait dans la dentelle. Tout en reconnaissant l’impact des dépenses de l’Etat, en l’occurrence le poids important des salaires des fonctionnaires, il rassure que le déficit budgétaire affichera une baisse pour s’établir à 3,2% à fin 2018 contre 3,6% l’année précédente. Le chef du gouvernement rappelle à ce titre que son équipe maintient son engagement de stabiliser l’endettement public à 60% du PIB en 2021. Comment ? Il s’est contenté de certaines orientations très vagues voire peu plausibles.
Mieux encore, contrairement aux autres agrégats, il n’a pas fait de comparaison avec la situation actuelle et c’est là où le bât blesse. Parce que souvent lorsque les pouvoirs publics communiquent sur l’endettement public, ils se contentent de la dette du Trésor faisant fi de celle des établissements publics. Et du coup, ils annoncent à l’opinion publique une dette publique oscillant autour de 60%. Un niveau jugé tenable selon eux. Et Pourtant, en regardant de plus près l’évolution de cet indicateur, on remarque qu’il commence à être un signal d’alerte. Certes, le profil de la dette tel qu’il se présente aujourd’hui, n’est pas inquiétant mais la vigilance s’impose pour préserver l’autonomie de décision. D’après les dernières statistiques disponibles à fin 2017, la dette publique serait de l’ordre de près de 85% du PIB. Même si les pouvoirs publics ne veulent pas le reconnaître, nos finances publiques sont en état d’addiction grave à la dette. Encore faut-il qu’il en soit fait un bon usage. C’est d’ailleurs dans ce sillage que s’inscrit la disposition introduite dans la Loi de Finances 2018 qui stipule que si l’on s’endette, c’est pour investir dans des projets rentables pas pour consommer.
Quelle évolution de la dette extérieure publique ?
Au terme du 1er trimestre de l’année 2018, l’encours de la dette extérieure publique s’est établi à 331,1 milliards de DH contre 332,6 Mds de DH à fin 2017, soit une baisse de 1,5 Md de DH. Au cours de la même période, les encours de la dette extérieure des EEP et du Trésor se sont établis, respectivement, à 180,2 Mds de DH et à 150,9 Mds de DH. Aussi, il est signalé dans les chiffres publiés par la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) que durant les trois premiers mois de l’année 2018, un volume global de 2,6 milliards de DH a été mobilisé par le secteur public dont 2,5 milliards de DH destinés aux projets d’investissements des entreprises et établissements publics et collectivités territoriales et 0,1 Md pour les projets du Budget.
Autre point qui mérite d’être signalé, c’est que la dette extérieure obéit aux fluctuations de la monnaie nationale. De surcroît la dette extérieure est libellée à hauteur de 61,8% en euros, 27,1 % en dollars et 3,7% en Yen Japonais. L’exposition aux chocs des fluctuations des cours des matières premières, de prix internationaux des produits énergétiques et des variations du taux de change n’est donc pas écartée. Selon les dernières statistiques de la DTFE, les charges en intérêts sont montées en flèche passant de 14,95 Mds de DH en 2013 à 23, 38 Mds de DH en 2017. Et d’où l’importance des instruments de couverture. A ce titre, il est légitime de se poser la question comment les fluctuations du taux de change impactent les décaissements (service de la dette extérieure) dans un contexte marqué par la flexibilité du DH.
Dire que le Maroc maintiendrait son taux d’endettement à 60% du PIB serait hasardeux si l’on prend en considération les besoins sans cesse croissants de l’économie pour rejoindre le peloton des pays émergents. Voire même utopique dans un contexte géopolitique très instable.
Un management efficace et rationnel du service de la dette s’impose prenant en considération cette nouvelle donne de flexibilité du DH sans la compromettre.