Dans l’élaboration du rapport du nouveau modèle de développement, les membres de la commission (CSMD), après plus d’un an de travail, ont dressé un diagnostic franc à même de les orienter dans leurs principales recommandations. Ce diagnostic a permis de relever 4 obstacles majeurs.
Ledit diagnostic repose sur les réclamations des différentes composantes de la société et ce tout en s’appuyant sur un large spectre d’analyses pluridisciplinaires conformément au mandat confié par le Souverain.
Ce diagnostic a permis à la CSMD d’identifier 4 blocages principaux sur lesquels bute en permanence l’essor et le développement du pays.
Le premier blocage concerne la dispersion des efforts et l’absence d’une vision globale et à long terme pour le Maroc. Cette absence de coordination et de convergence des efforts se traduit par la faible priorisation des stratégies et programmes de mise en œuvre et la non prise en compte des ressources réellement disponibles et des capacités effectives des acteurs.
Le second blocage est lié à l’absence d’une transformation économique à même de générer la richesse. Cette transformation est verrouillée par des situations de rente, des incitations économiques non justifiées et la préservation des intérêts étroits au détriment de l’intérêt général. La régulation telle qu’elle prévaut actuellement ne favorise pas la prise de risque, entravée également par des barrières qui se dressent devant les nouveaux acteurs porteurs d’innovation. Aussi, l’informel cette autre facette de l’économie empêche la concurrence saine et transparente.
Le troisième blocage concerne le secteur public qui dispose de capacités limitées de conception et de mise en œuvre. L’action du secteur public est trop souvent orientée par des questions de budget au détriment de l’atteinte des objectifs et d’un résultat concret pour l’amélioration de l’impact citoyen. Les territoires appliquent des décisions venues du centre au lieu de les concevoir au plus près de leurs besoins et particularités. La question de décentralisation et de déconcentration est aujourd’hui impérative pour aller de l’avant et construire le Maroc de demain.
Le dernier blocage et pas des moindres est un sentiment d’insécurité et d’imprévisibilité qui limite les initiatives. Il émane aussi bien du manque de confiance dont pâtit la justice, que des pesanteurs bureaucratiques et réglementaires, des recours inopérants, et des voies limitées de participation citoyenne. Le décalage entre les textes de loi et leur application alimente les incompréhensions et les frustrations chez les Marocains.
Ces blocages sont aussi la résultante de représentations mentales qui considèrent que le contrôle systématique et la centralisation sont les meilleurs modes de gestion du développement ou que les parties prenantes (citoyens, jeunes, secteur privé, société civile) ne peuvent pas être des partenaires fiables ou que les traditions seraient incompatibles avec le progrès et la réalité de la société.
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Les choix stratégiques :
Face à cette situation, le modèle de développement propose des mesures concrètes et des projets opérationnels pour accompagner ces choix stratégiques, que les acteurs concernés par la problématique du développement peuvent, s’ils le souhaitent, s’approprier pour atteindre l’ambition commune. Ce sont des paris stratégiques audacieux et des réformes sectorielles prioritaires pour contribuer à l’émergence du Maroc. Sans être exhaustif, citons : énergie verte et eau non conventionnelle, plateforme numérique et couverture haut débit, transport et logistique, marché des capitaux et financement de l’économie, valorisation du made in Maroc, formation et recherche, protection sociale.
Des leviers sont par ailleurs proposés pour impulser une dynamique de changement dont notamment :
Le numérique, outil essentiel de changement et de développement. Il renforce la confiance entre les citoyens et l’Etat, transforme l’accès aux services publics et réduit la corruption et les fractures entre les territoires.
Un appareil administratif renouvelé, moderne dévoué à l’intérêt général. Une nouvelle génération d’administration publique et d’EEP orientée performance et résultats, soumise à la reddition des comptes.
La mobilisation de mécanismes de financements pluriels et innovants, à la hauteur des ambitions, gage de crédibilité et de changement effectif. L’allocation des ressources doit aussi bien bénéficier au renforcement du capital humain et à l’inclusion qu’à l’amorçage d’une nouvelle dynamique économique.
Dans cette recherche de financement, il est nécessaire de restructurer certains EEP marchands en les transformant en sociétés anonymes autonomes, en valorisant au mieux leurs actifs et en ouvrant chaque fois que cela est possible leur capital à des participations publiques pour financer leur développement.
Ce chantier doit être mené simultanément avec la conduite de certaines réformes de secteurs clés de l’économie de manière à favoriser le service aux citoyens au moindre coût et la compétitivité économique. Des réformes nécessaires pour préparer l’ouverture à l’investissement privé par la mise en place de régulateurs indépendants aux standards internationaux, permettant de présenter un cadre de gouvernance rassurant et attractif pour les investisseurs.
Une nation ouverte sur le monde, au rayonnement régional indéniable et point de passage et de brassage entre peuples et cultures, riche des compétences et de l’attachement des Marocains du monde… sont des atouts dont le Maroc peut se prévaloir pour construire et renforcer des partenariats internationaux qui contribueront à son essor et à son développement.
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