Lenteur administrative, frilosité du système bancaire, manque de transparence et de visibilité, non-respect des délais de paiement…, autant de freins qui dissuadent les MRE à investir dans leur pays. Ceux qui ont déjà tenté l’expérience clament souvent la complexité d’un procès d’investissement qui relève du parcours du combattant.
Abdelkrim Benatiq, ministre délégué chargé des MRE et des Affaires de la Migration a pourtant déclaré le vendredi, 10 août à Driouch, que le Maroc dispose d’importantes potentialités en termes notamment d’infrastructures et d’institutions à même d’encourager les Marocains résidant à l’étranger (MRE) à investir dans leur pays d’origine. Un potentiel qui ne séduit pas. Benatiq n’est pas sans savoir que pour encourager les MRE à investir leurs argents (fruits de plusieurs années de labeur) dans leur pays et apporter leur savoir-faire, il faut beaucoup plus que des infrastructures et des institutions.
Preuve en est, le Maroc fait face aujourd’hui à une fuite de cerveaux inquiétante qui n’est pas sans conséquence sur l’émergence de plusieurs secteurs. Les chiffres d’une enquête menée par Rekrute.com font froid dans le dos. Elle révèle que 91% des Marocains diplômés veulent partir travailler à l’étranger. Comment voulez-vous encourager ceux qui sont à l’étranger à retourner au bercail alors que ceux qui le sont ne cherchent qu’à le fuir ?
Renverser cette tendance requiert donc une révision des politiques d’encouragement à l’investissement comme l’a bien précisé SM le Roi dans son dernier discours en insistant sur la nécessité d’opérer un bond qualitatif dans les domaines de l’investissement et d’appuyer le secteur productif national. L’objectif étant de surmonter les obstacles qui entravent l’accélération économique de notre pays. Ce n’est qu’ainsi que le Maroc pourrait drainer les investissements des MRE qui font déjà preuve d’attachement aux constantes et aux symboles sacrés de la Nation marocaine. Benatiq a indiqué lors d’une rencontre de communication avec des MRE issus de la province de Driouch, que les Marocains résidant à l’étranger sont parmi les communautés les mieux intégrées dans toutes les sociétés, et ce, à la faveur de leur respect de l’autre et de leurs valeurs de tolérance et d’ouverture sur les autres cultures. Un attachement qui se traduit par le volume des transferts. Selon les derniers chiffres de l’Office des changes à fin juin 2018, les recettes des MRE ont progressé de 8,6% soit de 2.522 MDH passant 29,43 MDH à fin juin 2017 à 31,95 MDH. Pour donner un ordre de grandeur, la contribution des MRE dans l’économie marocaine dépasse de loin celle des IDE qui ont enregistré à fin juin 2018 un volume de 15,047 MDH.
C’est à cet attachement que M. Benatiq fait aujourd’hui allusion en incitant les Marocains du monde à contribuer davantage dans la dynamique socio-économique dans laquelle le Maroc s’est lancée.
« Le Maroc doit également tirer profit de ses compétences à l’étranger en matière notamment de la technologie de pointe dans un contexte marqué par une concurrence internationale acharnée », a-t-il souligné, en faisant savoir que le Maroc accorde une attention toute particulière à des secteurs prometteurs pour accompagner les mutations technologiques ayant fait émerger de nouveaux métiers.
Mais la question qui reste sur les lèvres: les initiatives en vue d’encourager les MRE à l’investissement pour ne citer que le lancement en 2017 de la plateforme virtuelle « la région 13 », visant entre autres le développement des échanges économiques entre le royaume et l’étranger, suffisent-elles pour convaincre les MRE à ne plus se limiter aux transferts d’argent mais à contribuer à l’émergence du pays par l’investissement ?