“Notre engagement à consolider la marocanité du Sahara au niveau international n’a d’égale que notre action soutenue pour que nos provinces sahariennes deviennent un moteur du développement régional et continental” a déclaré SM le Roi Mohammed VI dans son discours du 07 novembre à l’occasion de la marche verte. L’élan que connaissent les provinces du Sud est indissociable de la vision et de l’action du Souverain sur les registres du développement territorial, de l’intensification économique et des avancées diplomatiques.
Une vision de développement renouvelée
Les efforts consentis par le Maroc depuis 45 ans pour le développement de ses provinces du Sud sont la preuve de cette vision stratégique portée au plus haut niveau de l’Etat et résolument tournée vers l’amélioration des milieux de vie de la population, la réalisation des infrastructures et des équipements structurants et la création de la valeur économique et de l’emploi.
Depuis quatre décennies, les provinces du Sud se trouvent aux prises de dynamiques de développement et des mutations urbanistiques multidimensionnelles, soit un taux d’urbanisation de 74% contre 60% à l’échelle nationale. Dakhla et Laayoune constituent les locomotives en attirant des investissements d’infrastructures et d’équipements considérables. Les centres urbains qui gravitent autour de ce bi-pôle ne sont pas en reste de cette dynamique de développement urbain et socioéconomique. Cette tendance est corroborée par les indicateurs de développement humain qui dépassent désormais la moyenne nationale selon le rapport du CESE de 2013.
Ainsi, depuis son lancement en 2015, le programme de développement des provinces du Sud compte déjà des projets structurants réalisés (et d’autres en cours d’achèvement) qui façonnent, d’ores et déjà, le devenir des territoires du Sud. La voie express Tiznit-Dakhla, les équipements universitaires, le Centre Hospitalier Universitaire, les ports de pêche artisanale, les programmes de mise à niveau urbaine et de logements sont les principales consécrations, et non des moindres, d’une dynamique de développement territorial sans précédent.
El Guerguarat, une intensification des échanges économiques
Avec la réouverture de la frontière entre le Maroc et la Mauritanie en 2002, l’intensification des échanges économiques n’a d’égale que ce flux, sans cesse croissant, des camions qui traversent quotidiennement le poste frontière d’El Guerguarat. Cette situation offre au centre des opportunités pour renforcer sa position à l’échelle régionale, nationale et continentale. L’initiative prise par l’Etat pour la réalisation d’un port transatlantique et d’une plateforme de logistique représente un acte de bon sens pour jeter les bases de ce positionnement.
Dans un contexte de crises plurielles, si des pays ont choisi d’ériger des murs le long de leurs frontières à coût de milliards de dollars, le Maroc a choisi de jeter des ponts pour ériger des liens socioculturels, économiques et politiques avec les pays du Sud du Sahara. Cette vision au plus haut niveau de l’Etat s’inscrit dans une lecture géopolitique du monde marquée par la sécurisation, par l’économique, des espaces frontaliers au prisme des considérations sécuritaires. Et l’intervention du Maroc pour mettre fin à plus de trois semaines de blocage des flux humains et commerciaux entre le Maroc et les pays du Sud du Sahara s’inscrit en droite ligne dans cette stratégie ‘’développementiste’’ pour faire des provinces du Sud un moteur de développement régional et continental.
El Guerguarat, pour une urbanisation du Centre
La crise d’El Guerguarat doit être saisie comme une opportunité pour faire du Centre, non pas uniquement un point de passage, mais un lieu de vie et d’animation socioéconomique. Il importe donc d’inscrire sur l’agenda politique la nécessité de mettre en œuvre un projet de développement intégré du centre. L’ex-président de la deuxième chambre du parlement M. Biyadillah abonde dans le même sens et souligne dans une interview accordée à un Media national« l’urgence d’urbaniser le centre d’El Guerguarat, par lequel, transitent des milliers de personnes vers les pays du Sud du Sahara (Niger, Cote d’ivoire, Sénégal…) ».
Un centre frontière n’est pas seulement un point de passage, c’est aussi une connexion entre les territoires et les établissements humains. Le développement du centre pourrait avoir un impact psychologique puissant sur la population séquestrée dans les camps de Tindouf. Comment doit-on relever les défis, qu’une frontière produit, en opportunités pour le pays ?
C’est aux acteurs locaux de saisir l’opportunité des avancées socioéconomiques et diplomatiques pour mettre en œuvre un projet intégré de développement urbain du Centre. Dans cet écosystème d’acteurs, l’agence urbaine, est certes un établissement pour produire des études urbaines, toutefois, sa raison d’être dans le contexte d’aujourd’hui doit être à l’aune de sa capacité d’être l’incubatrice d’une vision à décliner en projets pour transformer les territoires. Comme dit le proverbe ‘’il faut tourner le moulin quand le vent souffle’’.
Par Mostafa KHEIREDDINE
Urbaniste-Université de Montréal
Chercheur en sciences de la ville