Ecrit par S. Es-Siari |
Face à la hausse de l’endettement public, les économistes recommandent la gestion active de la dette qui peut permettre à l’Etat d’amoindrir sa charge en intérêts. En effet, l’endettement public ne doit pas aller au-delà de certaines limites au vu des capacités de remboursement de l’Etat. Il est plus judicieux qu’il soit alloué à l’investissement pour créer la richesse et rembourser la dette sans difficultés.
Or, l’on remarque que les pouvoirs publics ne recourent pas comme il se doit à cet instrument notamment dans un contexte marqué de soubresauts ayant mis sous pression les finances publiques. Les agrégats macroéconomiques étant terriblement affectés et poussent à l’endettement.
Dans le bulletin mensuel de la TGR, il ressort ainsi qu’à fin novembre 2022 et dans le cadre de la gestion active de la dette intérieure, le Trésor a procédé à des opérations d’échange de bons, en vue de réajuster le profil de la dette. Ces opérations ont porté sur un montant global juste de 8,6 Mds de DH.
Un montant somme toute limité face au recours à l’endettement aussi bien interne qu’externe pour faire face aux engagements pris par l’Etat dans la Loi de Finances de l’exercice en cours. Faute de pouvoir se rabattre chaque fois sur la fiscalité et faire fi des recommandations des assises sur la fiscalité ayant trait à un allégement de la pression fiscale, le recours à l’endettement est malheureusement la seule issue.
Compte tenu d’un besoin de financement de 49,7 Mds de DH contre un besoin de financement de 75,4 Mds de DH à fin novembre 2021 et d’un flux net positif de 8,5 Mds de DH du financement extérieur contre un flux net positif de 5,2 Mds de DH un an auparavant, le Trésor a eu recours au financement intérieur pour un montant de 41,3 Mds de DH.
A fin novembre 2022, le financement extérieur net a été positif de 8,5 Mds de DH. Les remboursements du principal de la dette extérieure ont atteint 9.593 MDH et les tirages ont été de 18.046 MDH, dont 10 Mds de DH auprès de la BIRD et 4,3 Mds de DH auprès de la BAD.
Les charges en intérêts de la dette ont été de 27.596 MDH à fin novembre 2022 contre 27.566 MDH à fin novembre 2021, en hausse de 0,1% ou +30 MDH. Cette augmentation s’explique par la hausse de 5,5% de celles de la dette extérieure (3.783 MDH contre 3.585 MDH).
S’agissant du financement intérieur, celui-ci résulte notamment :
du recours au marché des adjudications pour un montant net de 7,8 Mds de DH contre 40,9 Mds de DH un an auparavant ;
de la hausse des dépôts au Trésor de 7 Mds de DH contre 12,3 Mds de DH à fin novembre 2021 ;
de la reconstitution des disponibilités du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib pour 1,7 Md de DH contre une ponction de 3,4 Mds de DH à fin novembre 2021 ;
et des autres moyens de financement notamment, le numéraire chez les comptables publics, les chèques remis à l’encaissement durant les derniers jours du mois de novembre 2022 et dont le compte courant du Trésor à Bank Al-Maghrib ne sera crédité que début décembre, les avances aux régisseurs, …
Les dépôts au Trésor ont été de 95,1 Mds de DH à fin novembre 2022 contre 88,1 Mds de DH à fin décembre 2021, en hausse de 7 Mds de DH.
Les disponibilités du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib ont été de 7 Mds de DH contre 5,3 Mds de DH en début d’exercice, compte tenu de placements de 1,1 Md de DH effectués en novembre 2022 et dont le remboursement n’intervient qu’en décembre 2022.
S’élevant à 659,4 Mds de DH, l’encours de la dette intérieure est en hausse de 1,4% par rapport à son niveau à fin décembre 2021.
Les derniers chiffres disponibles montrent qu’au cours de 2021, les opérations de gestion active de la dette ont porté sur la conversion d’un montant au titre de 3 millions de DH de dettes au titre de l’accord de conversion de dettes signé avec l’Italie et la conclusion de 6 opérations de swaps totalisant un encours de l’ordre de 507,3 millions de dollars soit près de 4,63 Milliards de DH.
Une chose est sûre : le rythme effréné de l’endettement public amenuise la capacité du Maroc à se renflouer sur les marchés internationaux. Le nouveau modèle de développement s’est attelé sur cette problématique qui pèse lourdement sur le budget de l’Etat. Mais les résultats tardent à se faire sentir à cause des crises qui ont mis entre parenthèses les dispositions liées à l’endettement contenues par ailleurs dans la Loi Organique des Finances.
En attendant, l’Etat continuera à s’endetter pour couvrir une partie de son besoin de financement et surtout rembourser une grande partie de son endettement.