L’Institut CDG a consacré le 5ème webinaire au thème : l’épidémie du coronavirus bouleversera-t-elle durablement l’industrie de l’énergie ? Un sujet d’actualité pour un monde qui a été astreint à revoir toutes ses cartes.
Parmi les secteurs fortement touchés par la pandémie, celui de l’industrie de l’énergie. Le ralentissement de l’économie mondiale à cause de la crise sanitaire a eu comme conséquence une baisse considérable de la demande des combustibles fossiles (charbon, fuel et pétrole).
Pour donner un ordre de grandeur, le prix du baril est passé au-dessous de la barre des 20 dollars pour la première fois depuis 20 ans. Mais qu’en est-il des énergies renouvelables ? Il semble qu’elles se sont mieux portées puisqu’elles ont résisté aux chutes de la consommation d’électricité. Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) en 2020, la demande mondiale en énergie devrait connaitre une baisse de 5%, les émissions de CO2 liés à l’énergie seraient de 7% et celles de l’investissement de 18%. Des estimations qui risquent d’accroitre vu la situation épidémiologique dans le monde qui ne cesse de s’aggraver.
Pour discuter de cet impact et des retombées de la crise sanitaire sur l’industrie énergétique, l’Institut CDG a consacré le 5ème webinaire au thème : l’épidémie du coronavirus bouleversera-t-elle durablement l’industrie de l’énergie ?
Une question lancinante dans une conjoncture où les priorités, les agrégats macroéconomiques et les donnes ont changé. En effet, tous les pays font face à une crise systémique sans précédent qui n’a pas livré tous ses secrets. La cause de la durabilité, déjà fragilisée depuis l’arrivée de Donald Trump, aura-t-elle encore sa place dans ce nouveau monde post-covid ?
« La crise nous fait prendre conscience de plusieurs faits : l’incertitude croissante sur la demande future du pétrole et du gaz et sur la volatilité des prix ; l’attractivité croissante des solutions durables notamment dans les énergies renouvelables et les technologies ; la nécessaire évolution de nos modes de consommation et de production ainsi que la fragilité du monde dans lequel nous vivons avec toutes les opportunités de reconstruire en mieux, en plus vert et en plus résilient », a précisé Amina Benkhadra, DG de l’ONHYM.
Certes cette crise sanitaire a bouleversé le monde, mais elle a également mis à nu toutes les défaillances des systèmes, des économies, des politiques publiques…, mais aussi la vulnérabilité des états face à leur indépendance en énergie.
En effet, plus que jamais la transition énergétique vers un mix énergétique durable s’impose dans le contexte actuel. Les experts ayant pris part à cette rencontre en sont convaincus que la crise du Covid sera à l’origine d’un réel changement.
« Je pense que nous allons assister à un réel changement et une évolution. Les interdépendances créées par la crise ont poussé plusieurs pays à se remettre en question. Pour le Maroc la baisse du coût des énergies renouvelables va lui ouvrir de nouvelles opportunités notamment avec le potentiel d’intégration de l’hydrogène vert et dérivés qui va démocratiser davantage l’accès à une énergie stockable », a précisé Badr Ikken, DG de l’IRESEN.
L’hydrogène vert permettra au Maroc d’ouvrir de nouvelles opportunités sur le plan industriel. « Avec cette énergie nous aurons la possibilité de produire un vecteur d’énergie exportable ce qui représente une réelle opportunité de création de richesses aussi bien pour le Maroc que pour d’autres pays africains », a rajouté B. Ikken.
Le monde Post-Covid
Rien ne sera comme avant. C’est une réalité à laquelle la planète s’adapte progressivement. Pas le choix pour survivre et remonter la pente. C’est pourquoi les plans de relance à l’échelle mondiale tendent plus vers l’économie verte et le digital.
« Avec cette pandémie, les pays ont eu à choisir entre faire comme avant où aller vers de nouvelles approches. Tous les plans de relance sont désormais orientés vers l’économie verte et la digitalisation », a souligné Said Mouline, DG de l’AMEE.
Parmi les axes de l’économie verte, celui de l’énergie qui a été marqué pendant cette pandémie par une chute des coûts du renouvelable. Ce qui fait que la façon la moins chère pour produire de l’électricité dans le monde actuellement est d’utiliser le solaire et l’éolien avec 2 à 3 centimes d’euro/Kwh.
« Cette pandémie accélèrera cette transition énergétique que beaucoup de pays ont engagée, à l’instar du Maroc. Il faut tirer profit des opportunités qu’offre la conjoncture actuelle », précise A. Mouline.