Les répercussions de la crise sanitaire sur les revenus des ménages ont par truchement impacté le respect des engagements financiers Marocains. Qui des frais de l’école ou du logement honorer en premier ?
Les deux premiers mois de l’état d’urgence sanitaire ont été particulièrement éprouvants pour les ménages marocains et sur tous les plans. Sur le plan économique, les deux-tiers des actifs occupés, soit 66,2% étaient en arrêt temporaire de travail. Ce taux passe rapidement à 88% chez les artisans et ouvriers qualifiés et à 79% pour les manœuvres non agricoles.
Cette situation a eu une incidence sur le revenu mensuel moyen réduit de moitié, selon l’estimation du HCP et explique bien qu’environ une personne en âge d’activité sur 4 a bénéficié de l’aide publique. Et encore, toujours selon le HCP, cette aide publique a compensé en moyenne 35 % des pertes de revenus.
Dans une telle situation, certains ménages étaient face à un choix cornélien : payer l’épicier ? Les redevances d’eau et d’électricité ? Le Loyer ? L’école des enfants ? Ou encore la banque ?
Selon la note du HCP sur l’impact du Coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages, parmi les 6,7% de ménages ayant contracté un crédit bancaire pour l’acquisition de logement, plus de la moitié (52,4%) ont payé, sans difficultés, leurs traites, 14,9% avec des difficultés, 11,1% ont négocié le report des échéances alors que 21,6% n’ont pas pu honorer leurs engagements.
Les défaillances augmentent un peu plus lorsqu’il s’agit de crédits à la consommation, puisque parmi les 9,2% de ménages ayant contracté un tel crédit, 37,6% ont réussi à respecter les échéances sans difficulté (43,6% en milieu urbain et 20,6% en milieu rural), 16% avec difficulté, 17,9% sont arrivés à un compromis avec les institutions de crédit alors que 28,5% étaient incapables de payer leurs traites.
Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, la problématique des frais de scolarité dans le privé était au cœur d’un bras de fer sans précédent entre écoles et parents d’élèves que l’Etat n’a pas pu désamorcer !
Dans ce poste de dépenses des ménages, parmi les 11% de ménages ayant des membres scolarisés dans le secteur privé, 34,5% n’ont pas pu s’acquitter de leurs redevances scolaires, 30,9% les ont payées sans difficultés, 14,2% avec difficulté et 20,4% en ont payé une partie et ont réussi à négocier des facilités pour les montants restants.
Pour les loyers, parmi le cinquième (20,3%) de ménages locataires, un quart (26%) n’a pas pu honorer son engagement et un cinquième (21,3%) a réussi à négocier un rééchelonnement. Et un peu moins du quart (23,7%) a honoré ses engagements en payant le loyer mais avec de grandes difficultés.
Par ailleurs, concernant les redevances d’eau et d’électricité, elles ont été payées sans difficultés par 39,7% des ménages et avec difficultés par 26,9%. Le quart (25,5%) n’a pas pu s’acquitter de ces redevances, 26,7% parmi les citadins et 22,6% parmi les ruraux. Les 7,9% restants ont négocié des facilités de paiement.
Parmi les ménages ayant une dette auprès des épiciers suite à l’acquisition, à crédit, de biens de consommation, 20% n’ont pas pu honorer leurs dettes, 21,4% en milieu urbain et 16,8% en milieu rural. Environ le quart (24%) les a payées sans difficultés, 22,3% avec difficulté et 33,9% ont pu négocier des facilités de paiement.
Les dépenses de santé ont également été impactées par la crise sanitaire et ses répercussions économiques. Le HCP informe ainsi que parmi les 48,6% de ménages concernés par des consultations, des suivis médicaux ou des traitements réguliers (51% des citadins et 43,4% des ruraux), 17,5% n’ont pas pu couvrir leurs frais (14,3% urbains et 26% ruraux), 39,5% les ont payées difficilement (37,7% urbains et 44,3% ruraux) et 3,2% ont réussi à obtenir des facilités de paiement.
Selon les prévisions du HCP pour les trois prochains mois, 81,4% des ménages prévoient de payer leurs redevances d’eau et d’électricité contre 66,6% pendant le confinement ; 69,2% contre 52% pour le loyer ; 69,5% contre 53,6% pour les crédits de consommation ; 61,7% contre 46,4% pour les dettes contractées auprès d’épiciers et 57,2% contre 45,2% pour les frais de scolarité. Ces prévisions demeurent modestes pour d’autres engagements tels que les crédits d’habitat, 70,6% contre 67%, et les frais médicaux, 83,8% contre 79,2%.