Ecrit par Imane Bouhrara |
Comme nous l’expliquions il y a quelques semaines, le chef du gouvernement est intervenu sur le dossier du dialogue social dans l’enseignement supérieur, pour faire baisser les tensions entre tutelle et syndicats et avancer sur le chantier de réforme de l’enseignement supérieur. Cette démarche devait aboutir à la signature d’accords avec les deux syndicats les plus représentatifs. Deux semaines plus tard, un accord est annoncé en grande pompe, sauf qu’il n’est signé que par un seul syndicat. Pourquoi le 2ème n’a-t-il pas signé ?
C’est une situation inédite à laquelle, le Chef du gouvernement devrait probablement remédier. Flash-back : début octobre, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, pour faire sortir de l’impasse le dossier de la réforme de l’enseignement supérieur et désamorcer la tension avec la tutelle, préside deux réunions, l’une le 3 octobre avec le syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP), et l’autre le 7 octobre avec le syndicat marocain de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SMASUP).
A l’issue de ces deux réunions, la méthodologie préconisée est la même : des réunions de concertations devaient permettre d’approfondir la réflexion sur le secteur de l’enseignement supérieur, d’écouter dans une démarche participative les propositions notamment des syndicats pour avancer sur ce dossier.
Deux semaines plus tard, le 20 octobre, Aziz Akhannouch, préside à Rabat, la cérémonie de signature d’une convention entre le gouvernement et le syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP). L’accord selon le communiqué de la chefferie du gouvernement vise à mettre à niveau et à améliorer le système d’enseignement supérieur, notamment concernant la réhabilitation et le renforcement de l’attractivité de métier d’enseignant-chercheur et l’ouverture aux compétences marocaines de l’étranger, la mise en place de meilleures conditions de travail pour les enseignants-chercheurs, la valorisation de leurs efforts en matière d’enseignement, de recherche et d’encadrement et la promotion du statut des universités et de leur attractivité pour les compétences.
Le 21 octobre, le syndicat marocain de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SMASUP) était également convié à la signature d’un accord semblable avec le gouvernement. Sauf qu’il décide de ne pas signer cet accord.
En effet, après la réunion avec le chef du gouvernement le 7 octobre, le SMASUP n’a tenu qu’une seule réunion, le 19 octobre, avec le secrétaire général du ministère l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation durant laquelle il avait pris connaissance des grandes lignes de la réforme du statut de l’enseignant-chercheur, de la loi-cadre de l’enseignement supérieur ou encore la réforme pédagogique.
Et ce sans pour autant disposer des projets de textes de loi et les soumettre aux instances d’approbation du syndicat. D’ailleurs une réunion d’urgence est provoquée le 20 octobre même du bureau national du SMASUP, durant lequel il est abouti que les recommandations et la méthodologie fixées lors de la réunion avec le chef du gouvernement et les engagements pris, n’ont pas été respectés par le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.
Le SMASUP décide donc de ne pas signer d’accord dans de telles conditions.
Aujourd’hui encore, le statu quo demeure puisque les projets de textes de loi n’ont toujours pas été communiqués au SMASUP ni aucune concertation n’a eu lieu sur la question d’amélioration des revenus dans le secteur.
« Une démarche participative et concertée, tel que ce qui a été convenu lors de la réunion le 7 octobre 2022 avec le Chef du gouvernement, est la seule garantie d’une implication forte dans le chantier de transformation de l’université marocaine. J’espère que la tutelle capte le message et se conforme aux orientations du Chef du gouvernement », explique Mohamed Benjebour, le SG du SMASUP. Tout en insistant que le syndicat reste ouvert au dialogue et inscrit dans une démarche volontariste dans toute initiative positive en faveur de l’université marocaine et du corps enseignant.
Entre temps d’autres coordinations de l’enseignement supérieur affichent leur rejet de toute initiative unilatérale de réforme du secteur de l’enseignement supérieur sans réelle approche participative ou de concertation. Autrement dit, la situation revient à celle qui prévalait depuis plusieurs semaines déjà. A savoir un retour à la case départ.
Alors en l’absence d’accord, le gouvernement se contentera-t-il d’une réforme tronquée ?