Mobilité durable, sinistralité automobile, garanties casco, stratégie de la compagnie … autant de points discutés avec Joerg Weber, CEO de Allianz Maroc.
EcoActu : Qu’est-ce qui a motivé le groupe Allianz à être partie prenante du projet des deux ou trois roues électriques lancé en joint-venture avec EMOB à Marrakech ?
Joerg Weber : Depuis précisément cinq années, le secteur des assurances connaît d’importants bouleversements. Il y a le numérique qui devient de plus en plus une réalité, les nouvelles technologiques de plus en plus prépondérantes… tout cela se traduit par des implications décisionnelles et managérielles. Dans le groupe Allianz, nous suivons de près les tendances les plus importantes qui comprennent entre autres le passage de la mobilité basée sur les énergies combustibles (polluantes) à l’électricité (Energie durable). Dans les prochaines années, la mobilité durable est l’un des défis majeurs qu’il est impératif de relever. A cet effet, nous avons estimé qu’il faut être présent dès le départ dans ce domaine pour acquérir les expériences et voir où pouvons-nous les accomplir. Quand Allianz a été contactée par le groupe EMOB pour le projet des deux ou trois roues électriques, nous avons répondu favorablement. Un an après, la machine est lancée.
Mais il faut dire que la mobilité durable n’est pas exempte de risques. Le moment est-il opportun pour la compagnie de se lancer dans ce type de projets si l’on prend en considération la sinistralité automobile qui frappe de plein fouet le secteur des assurances ?
Je pense que l’essor de la mobilité durable n’est pas éphémère. Bien au contraire, au fur et à mesure, la mobilité durable remplacera la mobilité combustible. Dans le monde de l’assurance, ce sont les compagnies qui vont se positionner en premier et acquérir des expériences en matière de mobilité durable qui vont gagner. Allianz est le partenaire privilégié de EMOB en matière d’assurance puisque notre groupe jouit d’une expérience dans la mobilité électrique sur d’autres marchés.
Allianz connaît parfaitement qu’après un sinistre, la batterie dans les motos ou les voitures est un facteur clé dans le coût de la réparation et que souvent la réparation de ce type de véhicules se fait dans des garages spécialisés… C’est pour dire que nous avons appliqué au Maroc les expériences d’autres pays pour avoir un pricing adapté aux risques. Donc je peux vous dire que notre couverture est très attractive et compétitive. Nous nous sommes basés sur l’expérience de notre groupe sur d’autres marchés pour avoir le juste prix.
En parlant de marchés, le Maroc est-il le premier dans le continent africain à avoir ce type de projets ?
A ma connaissance, le Maroc est le premier pays en Afrique mais il faut dire que beaucoup de pays Subsahariens luttent contre la pollution dans les villes. Marrakech est la ville pilote pour le Maroc, mais on va élargir le concept à d’autres villes du Royaume. Au cas où le modèle réussit, il va s’exporter rapidement vers d’autres pays du continent.
Avez-vous évalué approximativement les primes qui seront collectées dans un premier exercice ?
Je pense qu’en termes de volumes, cela va être négligeable que ce soit pour le groupe Allianz ou pour la compagnie Allianz Maroc. EMOB a commandé 1.200 véhicules qui seront commercialisés et donc dans un premier temps, ce ne sera pas aussi important. Toutefois, au cas où ça marche, l’effet d’entraînement sera très conséquent.
Actuellement, le parc auto et moto au Maroc est estimé à 1,5 million de véhicules. A Marrakech, on y trouve 240.000 motos. Donc si les motos classiques sont substituées par les motos électriques, l’enjeu deviendra plus important dans trois ou quatre ans.
Dans une autre vie, la compagnie accordait une importance à la Non-Vie plus qu’à la Vie. Aujourd’hui dans un marché où la Vie progresse plus vite que la Non-Vie, comment se positionne votre compagnie sur la branche Vie ?
Il y a un an et demi, le groupe Allianz avait acheté Zurich Maroc.
Le groupe Allianz est très fort en assurance vie. Au Maroc, nous avons regardé les capacités de l’entreprise, celles du marché et nous avons décidé il y a deux mois de lancer un produit Vie Imtiyaz retraite. Il s’agit d’un produit d’épargne retraite destinée aux entreprises désireuses d’offrir à leurs salariés un plan retraite flexible et performant. Le retour que nous avons aujourd’hui du marché est très positif. C’est le produit qui a le rendement le plus élevé du marché. C’est un produit souple, rentable… Il a été conçu avec l’expertise d’Allianz, figurant dans le top 5 des assureurs Santé et Vie dans le monde.
Dans la branche Non-Vie, la forte sinistralité automobile ne vous a-t-elle pas incité à revoir vos tarifs ?
Je pense que la sinistralité dans la branche automobile est un désastre pour tout le marché. L’étude de Roland Berger publiée au printemps dernier montre que la fréquence ne fait qu’augmenter d’année en année.
Cette hausse résulte de la fraude mais aussi de la densité du trafic. Cette sinistralité est aujourd’hui un défi pour tous les assureurs qui sont exhortés à trouver des moyens pour la contenir et la contrôler.
Récemment, nous avons revu la tarification des garanties Casco ( si je fais un dommage à ma voiture, voiture volée, brûlée…). Je ne vais pas dire que nous l’avons augmentée parce que nous l’avons revue à la hausse pour certains profils et à la baisse pour d’autres. Au cours des dernières années, les couvertures Casco étaient déficitaires, mais pas pour tous les assurés. Pour les profils corrects, nous avons en décembre dernier nettement baissé les tarifs. Et pour les profils qui nous coûtent extrêmement d’argent, on a décidé d’augmenter les prix.
Nous sommes l’assureur avec les tarifs les plus intéressants pour 50% de la population et avec des tarifs qui le sont moins pour les 50% restants.
Dans un secteur très compétitif en mutation continue, quelle est la stratégie de Allianz pour l’exercice 2019 ?
La stratégie de Allianz pour 2019 se veut de très haut niveau, une stratégie de croissance de manière profitable. Un des éléments-clé pour l’atteindre est notre adossement à un géant international de l’assurance.
Etant donné notre forte présence à l’international, rares sont les couvertures qui peuvent être utiles au Maroc dont le groupe n’aurait pas l’expérience souhaitée. Comme illustration, EMOB est le meilleur exemple. Le savoir-faire dans l’assurance, le pricing, le design des produits de la mobilité électrique… autant de facteurs que nous avons importés d’ailleurs. Allianz Maroc ne possède pas toutes ces compétences mais le groupe, oui.
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