Dans un contexte empreint d’incertitudes à cause de la pandémie Covid-19 et qui coïncide avec la production dans les délais requis des états de synthèse et des déclarations fiscales et sociales, Amine Baakili, fraîchement nommé président du Conseil national de l’Ordre des Experts-comptables explique dans sa première sortie médiatique à EcoActu.ma comment la profession compte-elle faire face à la pandémie et les mesures proposées à ce titre au gouvernement.
EcoActu.ma : Quelles sont les instructions données par l’Ordre aux experts–comptables pour aider à contenir la pandémie ?
Amine Baakili : Nous sommes très conscients de notre rôle et devoir en tant qu’institution citoyenne à faire acte de civisme dans pareil situation. Nous œuvrerons à faire respecter toutes les recommandations destinées à limiter au maximum l’impact de la pandémie « COVID 19 ».
Nous avons préparé une capsule informative sur le virus en partenariat avec le Docteur Chakib Abdelfettah, Professeur des maladies infectieuses et médecine tropicale au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Cette capsule a été largement diffusée sur les réseaux sociaux à destination de nos consœurs et confrères ainsi que de notre écosystème. L’objectif consiste à vulgariser le Coronavirus et à présenter les mesures préventives nécessaires à prendre pour atténuer les conséquences qui en découlent.
Nous avons également envoyé un communiqué sur les recommandations préventives à suivre en vue d’éviter tout risque de contamination. Il s’agit notamment des mesures à mettre en place au sein des cabinets et qui s’appliquent aux collaborateurs, stagiaires, clients et partenaires.
Une cellule de veille a été mise en place au niveau de notre siège afin de suivre de plus près l’évolution de cette pandémie.
Dans un contexte aussi contraignant et qui manque de visibilité, quelles sont les revendications de l’OEC faites au gouvernement ?
En tant que conseillers des entreprises, nous avons été confrontés à la difficulté d’accompagner les entreprises dans la production dans les délais requis des états de synthèse ainsi que des déclarations sociales et fiscales dont notamment, celles dues au plus tard à la fin du mois courant. Ces entreprises ont réduit leurs effectifs. Les administrateurs étrangers ne peuvent pas se rendre au Maroc pour assister aux conseils d’administrations qui s’en trouvent reportés.
Pour faire face à ces multiples contraintes, nous avons proposé au gouvernement les mesures suivantes :
- Report des échéances fiscales des contribuables prévues pour fin mars et fin avril 2020 ;
- Suspension du paiement des impôts, par les entreprises touchées par la crise ;
- Activation de la liquidation des demandes de remboursement du crédit de TVA ;
- Report des délais d’arrêtés des comptes par les organes de gestion et de présentation des rapports de commissaires aux comptes ;
- Report de tout contrôle fiscal, social ou douanier et les éventuels ATD y afférents ;
- Report des dates butoirs d’amnisties fixées par la loi de finances 2020 et la possibilité d’étalement des modalités de paiement sur des périodes plus longues ;
- Qualification du COVID19 comme un cas de force majeur à prendre en considération dans la gestion des marchés publics ;
- Mise en place d’un dispositif d’aide destiné aux entreprises, notamment les TPE et PME, entrepreneurs personnes physiques et Auto-Entrepreneurs.
Compte tenu de la pandémie de Covid-19, quels sont les amendements que l’OEC juge judicieux à apporter à notre arsenal juridique pour se prémunir ou se préparer à d’éventuels évènements (notamment sur le plan du code du travail) ?
Cette crise ne touche pas uniquement les entreprises, mais également le personnel qui risque de se retrouver dans les semaines à venir dans une situation difficile. Notre institution est en train de préparer un ensemble de mesures en concertation notamment avec les banques pour convenir d’éventuelles solutions. Nous avons réfléchi à certaines mesures telles que :
- Le report des échéances bancaires pour le personnel ayant des crédits auprès des banques et des sociétés de financement.
- Le maintien des découverts bancaires pour permettre aux entreprises de faire face aux charges sociales engagées tout au long de cette période de crise.
- Le maintien des emplois dans les entreprises par la mise en place d’un dispositif de chômage partiel.
- L’instauration de mesures fiscales et sociales incitatives pour encourager les entreprises à garder l’emploi.
- L’Octroi d’indemnité de perte d’emploi.
En tant que nouveau président du Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables, ne comptez-vous par proposer à vos membres la contribution dans le fonds anti-virus ?
Nous saluons l’effort de toutes les entreprises et les institutions qui se sont mobilisées pour renforcer les ressources financières du fonds de solidarité. Nous emboiterons certainement le pas en tant qu’institution citoyenne pour accompagner toutes les mesures prises jusque-là pour atténuer les impacts de la pandémie sur le plan social.
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