La note annuelle macro-économique et taux de CDG Capital dresse des perspectives mitigées pour les équilibres macroéconomiques nationaux en 2019. Son analyse repose sur trois éléments clés que sont le ralentissement de la croissance, le creusement supplémentaire des déficits et la décélération des crédits accordés aux entreprises non financières. Les détails.
Si l’on est bien soulagé de compter l’année 2018 derrière nous, l’exercice ayant été marqué par une conjoncture internationale difficile avec un ralentissement de la croissance chez nos principaux partenaires et en interne par une année qui se termine sous le signe de la sécheresse, l’année 2019 n’en sera pas plus facile.
C’est ce qui ressort de la note annuelle macro-économique et taux de CDG Capital qui dresse des perspectives mitigées pour les équilibres macroéconomiques nationaux en 2019.
A commencer par le ralentissement de la croissance. En effet, la note réalisée par Ahmed Zhani, économiste à CDG Capital, rappelle que le comportement de la croissance économique et de l’inflation dépend, dans une large mesure, de la performance de la saison agricole, qui s’affiche fortement corrélée à la production céréalière et ce en dépit des efforts de diversification entrepris dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV).
« En effet, bien que la part du secteur agricole dans le PIB figure limitée dans une fourchette de 13% à 15%, selon la performance de la campagne, l’impact sur la volatilité du PIB demeure important en raison de la prépondérance du secteur dans l’emploi, avec environ 40% de la population totale, soit l’équivalent de la population employée dans le secteur tertiaire, ce qui affecte la demande des ménages étant l’une des locomotives de la croissance », révèle-t-on.
Aussi, la prépondérance de l’alimentation dans le panier de consommation des ménages, notamment les produits frais dont la part avoisine les 20% avec une volatilité des prix importante en fonction des perspectives de la récolte, génère-t-elle une forte corrélation de l’inflation, mesurée par l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), à la composante alimentaire.
En raison des perspectives moins prometteuses de la saison agricole en cours, il est prévu que la croissance de la valeur ajoutée agricole enregistre une évolution de – 0,8 % en 2019.
Mais, lueur d’espoir, l’effet de cette régression sur la croissance économique sera atténué grâce à la consolidation de la composante non agricole, dont la croissance devrait atteindre 3,1% en 2019 contre 2,9% estimée pour l’année écoulée. De ce fait, la croissance économique nationale devrait rester quasi-stable, comparativement à l’année 2018, oscillant autour de 3%.
En ce qui concerne l’inflation en 2019, la note annuelle de CDG capital souligne qu’elle est prévue à la baisse pour évoluer en dessous de 1%. Parallèlement, l’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et administrés, reflétant ainsi la tendance de fond des prix sous l’effet de la confrontation offre/demande, dont l’évolution s’affiche décorrelée par rapport à l’inflation globale, devrait rester quasi-stable au niveau de 1%, soit un niveau largement inférieur de la cible théorique de 2%.
Le deuxième élément qui influence de manière directe et négative les équilibres macroéconomiques en 2019 est le creusement supplémentaire prévu des déficits jumeaux.
Déjà qu’en 2018, ce déficit s’est creusé sous l’effet d’un du déficit public de 0,2% du PIB à 3,8% sous l’effet d’une baisse des recettes non fiscales associée à une progression importante des dépenses ordinaires et d’une aggravation du déficit commercial suite à une hausse des importations en produits énergétiques et des biens d’équipements, avec un recul des flux financiers (transferts MRE et tourisme) à l’exception des IDE.
La note de CDG Capital rappelle que l’exécution de l’année budgétaire 2018 a été fortement marquée par un décalage entre d’une part, la collecte des recettes fiscales impactée par un recul en début d’année des impôts directs, notamment l’IS en liaison avec le boycott et le ralentissement de la demande intérieure, ainsi que la baisse de 18,4% des recettes non fiscales et d’autre part, des dérapages importants de certaines charges ordinaires, avec principalement un accroissement de 5,5% des dépenses des autres biens et services, de 15,6% de la charge de compensation et de 6% des transferts aux collectivités territoriales.
Résultat des courses, le déficit budgétaire arrêté à fin 2018 de 41,4 Mds de DH, en accroissement de 4,2 Mds de DH par rapport à l’année 2017, a été largement en décalage avec l’objectif de 3% du PIB fixé dans le cadre de la Loi des finances 2018 pour atteindre 3,8% du PIB. De même, les dépenses d’investissement ont reculé de 2% à 65,7 Mds de DH.
Pour l’année 2019, la Loi des finances prévoit une persistance du déséquilibre entre les recettes ordinaires prévues en hausse de 6,8%, avec 5,8% pour les recettes fiscales, contre une augmentation de 7,2% pour les dépenses ordinaires. Ainsi, le déficit public, hors privatisation, devrait s’établir à 3,7% du PIB avec un recul des investissements du budget général de 9,6% en glissement annuel.
De même que le déficit commercial devrait se creuser davantage sur la base des prévisions des prix des produits dominants à l’importation, avec une augmentation envisagée des prix des produits énergétiques et alimentaires, ainsi que la modeste augmentation prévue des cours des phosphates et dérivées. Le ralentissement de la croissance chez nos partenaires qui laisse présager une évolution baissière des flux financiers à l’image de l’année écoulée ne va qu’accentuer cette tendance.
Le troisième volet analysé par la note vu son impact direct sur les équilibres macroéconomiques du pays est celui de l’octroi de crédits.
Dans ce sens, faut-il rappeler que malgré la régression quasi-généralisée des taux débiteurs, le ralentissement des crédits accordés aux entreprises non financières s’est poursuivi en 2018, avec un taux croissance annuel en régression à 3,5% en 2018 contre 3,8% et 3,9% enregistrés respectivement aux cours des deux années précédentes.
Pour l’année 2019, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, dans son dernier rapport sur la politique monétaire publié en mois de décembre 2018, le ralentissement du taux d’accroissement des crédits accordés aux entreprises non financières devrait se poursuivre pour s’établir à 3,3%, toujours pénalisé par les crédits accordés aux promoteurs et à l’équipement.