Après quelques années de flou, le sort de la SIE est enfin éclairé. Elle quitte le métier de l’investissement et devient une société purement de service. Le point avec Ahmed Baroudi, Directeur général de la SIE qui devient Super ESCO.
EcoActu.ma : Après plusieurs mois d’étude des six scénarios potentiels, le Conseil d’administration a enfin tranché sur le sort de la SIE. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette réorganisation de la SIE ?
Ahmed Baroudi : En effet, le Conseil d’administration de la SIE, tenu le 5 octobre, a décidé de repositionner la SIE qui devient aujourd’hui une « Super ESCO ». Le choix de ce scénario, qui est en réalité une idée du ministre Aziz Rabbah, s’est fait dans l’objectif de rattraper le retard que le Maroc accuse en matière d’efficacité énergétique, notamment en capitalisant sur l’expertise de la SIE dans ce domaine. Rappelons que les objectifs que le Maroc s’est fixés en matière d’efficacité énergétique à l’horizon 2030 sont de 20%. Malheureusement nous en sommes encore loin.
Concrètement, quelles sont les principales étapes de cette transition ?
Tout d’abord, il y a un changement de nom. La Société d’investissement énergétique (SIE) devient ainsi « Super ESCO » et un nouveau nom lui sera attribué. Il en suivra un changement des statuts, soit de tout l’arsenal juridique. Concernant le tour de table, les actionnaires à savoir le ministère des Finances, celui de l’Energie et le Fonds Hassan II ne changent pas pour l’instant.
Autre changement de fond, cette nouvelle structure n’est plus habilitée à investir. Par conséquent nous quittons le métier de l’investissement vers celui du service. La Super ESCO devient ainsi une société de service, ce qui est une première aussi bien au Maroc qu’au Maghreb.
Il a été également décidé par le Conseil de nommer un cabinet de Conseil qui accompagnera l’instance en deux étapes dans:
- La formalisation de la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie,
- La déclinaison d’un plan d’action précis pour amener la société à une autonomie financière,
- La déclinaison d’un business plan.
Dans une seconde étape, ce cabinet devra accompagner la structure durant une année avec la possibilité de mettre fin au contrat dès la première étape en cas de désaccord.
A noter également que les secteurs ciblés par la société en matière d’efficacité énergétique sont : l’éclairage public, le bâtiment public, l’industrie, la mobilité, l’accompagnement des ESCO et des PME. L’objectif étant de créer un écosystème industriel et technique dans l’efficacité énergétique.
Ce choix ne risque-t-il pas de créer un chevauchement des responsabilités et des missions entre la Super ESCO et l’AMEE ?
Pas du tout. Et c’est justement une des contraintes que le cabinet devra garantir, la mise en œuvre de la stratégie tout en veillant au respect des missions de chaque entité. Sur le plan stratégique, l’AMEE est située au-dessus. Elle est donc amenée à travailler avec le ministère de tutelle sur la définition des programmes, les aspects règlementaires, les normes…
Quant à la Super ESCO, qui a une obligation de coordination avec l’AMEE et les autres acteurs, est plutôt dans l’exécution et la concrétisation des programmes et des projets sur le terrain. Cette nouvelle structure a vocation à agréger tout le besoin national en matière d’efficacité énergique. En d’autres termes, tout ce qui se décidera en amont dans ce domaine aura vocation à passer par ce canal.
Maintenant que cette structure est exclusivement orientée vers l’efficacité énergétique, qu’adviennent les dossiers d’efficacité énergétique que la SIE était censée transférer à l’AMEE ?
En effet, les administrateurs avaient demandé, en marge du Conseil d’administration tenu en janvier 2018, de transférer tous les dossiers d’efficacité énergétique à l’AMEE. Chose que nous avions commencée à faire notamment avec le transfert du programme des mosquées.
Cette décision a toutefois été annulée en cours de route en raison de la retenue du scénario de la transformation de la Société en ESCO.
Vous avez souligné que la Super ESCO devra atteindre une autonomie financière. Concrètement, comment comptez-vous y parvenir et à quel horizon ?
D’après les simulations du business plan que nous avons élaboré et présenté au Conseil d’administration, l’autonomie financière sera atteinte à partir de la 6ème année. Ce business plan sera, bien entendu, challengé par le cabinet conseil. Je tiens à préciser que nous avons été très pessimistes dans nos estimations puisque nous n’avons pas considéré les recettes de service mais uniquement les rémunérations sur les économies que la société va générer de chaque projet. Cela rejoint la notion d’objectifs de résultats sur laquelle il est bon que la nouvelle structure soit alignée.