La vague mondiale des faillites ne fait que commencer. Le taux de défaut des entreprises les plus fragiles (celles dont la dette fait partie de la catégorie dite « speculative grade »), devrait atteindre les 8,4 % en mars 2021, contre 7,8 % fin 2020 et 6,4 % à la fin du mois de septembre, selon une étude publiée le 9 octobre par l’Agence de notation Moody’s. Les défauts de paiement vont ainsi augmenter au cours des prochains mois, à un rythme deux à trois fois supérieur à celui enregistré dans le monde avant la pandémie de Covid-19 (3,2 %). « La reprise économique inégale sera sans doute insuffisante pour sauver du défaut de paiement une grande partie des entreprises les plus fragiles », prévient Moody’s. Au cours des prochains mois, les secteurs des services aux entreprises, de l’énergie ou encore des jeux et loisirs devraient être les plus touchés.
Faut-il déplorer la disparition de ces entreprises ou au contraire s’en féliciter au nom de la « destruction créatrice » chère à l’économiste américain Joseph Schumpeter ? Tout dépend si celles-ci font partie ou non de la catégorie des entreprises dites « zombies », ces sociétés mort-vivantes à l’investissement déclinant, qui auraient déjà disparu si des emprunts à bas taux d’intérêt ne les maintenaient pas artificiellement en vie depuis près d’une décennie. La Banque des règlements internationaux (BRI) a calculé, début septembre, qu’elles représentaient 15 % des entreprises cotées en Bourse dans 14 pays riches, contre seulement 4 % à la fin des années 1980. Les injections massives de liquidités dans l’économie mondiale depuis le début de la pandémie et les bas taux d’intérêt ont rallongé leur espérance de vie.
Rien qu’aux Etats-Unis, les entreprises ont pu lever près de 2 000 milliards de dollars (1 700 milliards d’euros) sur le marché des obligations depuis le début de l’année 2020, un record historique. Mais dans ses perspectives économiques publiées à la mi-septembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est inquiétée que ces entreprises « zombies », accusées de sous-performance et de faible productivité, n’entravent la reprise en captant une partie des ressources destinées à relancer l’économie. « Les mesures mises en place au plus fort de la pandémie pour soutenir les emplois, les revenus et les entreprises doivent être mieux ciblées au fil de la reprise », expliquait l’OCDE qui recommandait également d’aider les employés à se reconvertir dans des métiers ou des secteurs épargnés par la crise du Covid-19. (Avec LeMonde.fr)