Le Colloque organisé par la TGR en collaboration avec Fondafip se penche sur la santé, ses enjeux et ses défis. Les résultats enregistrés par le Maroc en matière de santé restent en deçà des attentes. La covid-19 en est la parfaite illustration.
La Trésorerie Générale du Royaume en collaboration avec l’Association Internationale de Finances Publiques (FONDAFIP) ont organisé ce samedi 26 septembre le colloque sous le thème : « Quel droit à la santé au Maroc et en France ? Financement de la santé, territoires et Intelligence Artificielle ». Covid-19 oblige, ledit colloque s’est déroulé en version webinaire auquel ont participé une brochette d’éminents experts et spécialistes venus débattre des enjeux de la santé et son financement. Le choix du thème n’est nullement dicté par la Covid-19. Les organisateurs l’ont identifié en 2019 et programmé initialement pour le 7 mars 2020. Toutefois, la crise sanitaire en a décidé autrement et d’où son organisation samedi dernier. Mais il faut dire que la thématique cadre avec la conjoncture actuelle marquée par la crise sanitaire qui a mis à genoux aussi bien les pays nantis que les plus démunis. Cette crise a rappelé d’une manière brutale la nécessité de reconsidérer la dimension sociale qui au fil de l’eau s’était partiellement effacée. Les impératifs économiques et financiers ayant cristallisé tous les débats.
En préambule et dans son discours d’introduction, Noureddine Bensouda, le trésorier général du Royaume a rappelé que le Maroc a alloué au titre de la Loi de Finances 2020 près de 22,7 Mds de DH de crédits au secteur de la santé, dont 18,7 Mds de DH de crédits de paiement. Et d’enchaîner : « Sans compter les dotations budgétaires exceptionnelles allouées en cours d’année dans ce secteur dans le cadre de la lutte du pays contre la pandémie COVID-19, ce montant représente environ 6,2% des dépenses du budget général de l’Etat au titre de l’année 2020 ».
Un taux qui reste malgré tout en deçà des attentes. Faut-il rappeler à juste titre d’ailleurs que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande un taux en 10 et 12%. « Rapportées au PIB, les dépenses totales de santé oscillent généralement entre 5 et 6 % . Ce taux est jugé trop bas par rapport à celui observé dans plusieurs pays de notre voisinage ou ayant un niveau de développement économique comparable au notre », annonce le trésorier général du Royaume. Autre faiblesse à noter c’est que les paiements directs des ménages y représentent plus de 50%, ce qui est jugé trop élevé. Il corrobore ses propos en donnant l’exemple de la France et la Grèce où les ménages financent respectivement moins de 10% et environ 35%.
Il suffit de feuilleter les rapports de la Cour des comptes sur les régimes de couverture médicale de base pour se rendre compte que la sécurité sociale au Maroc est juste chaotique. En effet, les secteurs sociaux d’une manière générale, et le secteur de la santé en particulier, nécessitent davantage de cohérence, aussi bien dans la vision stratégique en termes de gouvernance des politiques publiques.
Le taux de couverture de la population au Maroc, tous régimes confondus, est d’environ 68% et le mécanisme d’éligibilité au Régime d’Assistance Médicale aux personnes Economiquement Démunies (RAMED) est confronté aux difficultés que nous connaissons tous.
En brossant la situation, N. Bensouda fait référence au discours du Souverain adressé à la nation, le 29 juillet 2020, à l’occasion de la fête du Trône, où il donne ses Hautes Directives pour que soit lancé le processus de généralisation de la couverture sociale au profit de tous les Marocains dans un délai de 5 ans à partir de Janvier 2021.
Il va de soi que la réalisation de ce chantier d’envergure nécessite une réelle cohérence de la politique de la santé, une volonté ferme de coordination entre les différents acteurs et une bonne répartition des tâches. Encore faut-il veiller à la rationalisation de la dépense tout en cherchant de nouveaux modes de financement qui ne pèseraient pas trop sur les budgets publics et in fine sur les citoyens. C’est pour dire que la bonne gouvernance est prioritaire.
Dans le même sillage, les collectivités territoriales à leur tour sont appelées à jouer un rôle en matière de mobilisation de ressources fiscales afin de contribuer à la politique de la santé aux niveaux régional et local.
La fiscalité n’est pas en reste, et en faveur de la santé, c’est toute la fiscalité environnementale pour lutter contre la pollution, la consommation des tabacs…qui participerait à réduire les effets néfastes sur la santé de la population et diminuerait également en amont les dépenses de santé. Or malheureusement, nos lois de finances demeurent très pauvres en mesures incitatives en faveur de la réduction de la consommation de produits nocifs pour la santé. A méditer !
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