Ecrit par la Rédaction |
La structure des recettes fiscales marquée par une forte concentration a permis d’atténuer l’impact de la crise. Le coût global de la crise Covid-19 est estimé à environ 40 Mds de DH résultant d’une baisse importante des recettes conjuguée à une rigidité des dépenses.
Les finances publiques à l’épreuve de la crise Covid19 telle est la thématique du dernier rapport de CDG Capital. En guise d’introduction, les analystes ont rappelé les enjeux macroéconomiques liés à la détérioration de la conjoncture aussi bien du côté de l’offre que de la demande. Ce qui, bien entendu, impacte d’une part la collecte des recettes fiscales et de l’autre affaiblit le PIB nominal qui représentent la base d’évaluation des finances publiques notamment le déficit et l’endettement.
En 2021, il faut s’attendre à un contexte marqué par des orientations appropriées aux priorités économiques et sociales post-crise, avec des mesures fiscales en ligne avec le nouvel agenda de l’Etat. Concernant les finances publiques, elles seraient toujours impactées par les effets de la crise Covid 19 et les mesures de confinement avec un affaiblissement des recettes fiscales conjugué à un accroissement des dépenses aussi bien de fonctionnement que d’investissement.
Sur le plan monétaire, le cadre devrait rester globalement stable en dépit du creusement prévu du déficit de liquidité. Toutefois, Bank Al-Maghrib pourrait décider de baisser encore le taux directeur. Le déficit budgétaire devrait s’atténuer légèrement en 2021 allégeant le besoin de financement du Trésor. Cependant, ce dernier pourrait changer en liaison avec les 2 autres piliers déterminants de ce besoin (la Banque du Trésor et les collectivités territoriales) et leur comportement. « Le scénario le plus probable de la courbe des taux (à cadre monétaire stable) est une stabilité avec des évolutions ponctuelles faibles au cours de l’année compte tenu du comportement cyclique des besoins du Trésor », notent les analystes de CDG Capital.
Une perte cumulée de 68,1 Mds de DH
Les analystes rappellent la baisse importante des recettes fiscales estimée à 34,5 Mds de DH en 2020 et 33,6 Mds de DH en 2021 comparativement au scénario hors crise covid 19, soit une perte cumulée de 68,1 Mds de DH.
Dans leur analyse des recettes fiscales, ils démontrent comment la structure des recettes fiscales à permis d’atténuer l’impact de la crise.
D’après eux, hors période de crise les parts des impôts émanant de la production (IS et IR) et de la consommation (TVA et TIC) sont quasi-égales, représentant ainsi environ 80% des recettes fiscales. Ajoutons à cela que la concentration de l’IS (0,1 % des entreprises paient 86% des recettes) et de l’IR (73% est acquitté à la source par les salariés) a atténué l’impact covid-19 sur les recettes fiscales. Cette cette concentration qui a permis l’atténuation de l’impact de la baisse sur les recettes en général.
Autre caractéristique des finances publiques est la détérioration des équilibres face à une résistance des dépenses particulièrement celles relatives au fonctionnement et à l’investissement. Résultat : une hausse de + 3,4% du PIB en déficit et +11% du PIB en endettement public.
« Le coût global de la crise Covid-19 est estimé à environ 40 Mds de DH résultant d’une baisse importante des recettes conjuguée à une rigidité des dépenses », apprend-on dans le rapport.
En ce qui concerne la loi de Finances 2021, ils considèrent que la LF 2021 vise principalement la reprise économique et la protection sociale.
Elle s’articule autour des orientations plus claires et mieux ciblés avec des calendriers de réalisation et une budgétisation préalable. Ils rappellent qu’un effort d’investissement historiquement élevé est déployé en vue de soutenir la reprise économique. Des réformes fiscales objectives visant la protection de l’économie nationale, l’encouragement des exportations, la restructuration du secteur public et l’optimisation des IDE.
Mais cela ne les empêche pas de mettre le point sur certains écueils. Il s’agit de :
- Des hypothèses optimistes particulièrement pour (i) les prix des produits énergétiques, (ii) la reprise de la demande étrangère de 12,6% entourée par les incertitudes relatives à la 3ème vague du Covid 19 et la réussite de la campagne de vaccination et (iii) la reprise des importations de 11,8%.
- Des prévisions optimistes pour les recettes principalement les impôts indirects, avec une hausse de 22% la TVA et 5% pour la TIC malgré l’augmentation de l’impôt sur la cigarette et l’alcool.
- Absence d’un véritable effort de consolidation budgétaire avec un déficit budgétaire prévu en baisse de seulement 1% du PIB à 6,5%, ce qui devrait alimenter une spirale d’endettement compte tenu du différentiel entre le taux d’accroissement du déficit et celui de la croissance nominale de 5,3% (croissance réelle de 4,8% et une inflation de 0,5%).