L’un des faits marquants de cette conjoncture frappée du sceau de la crise sanitaire est la hausse des transferts effectués par les Marocains Résidents à l’Etranger (MRE) comme peuvent en attester les indicateurs les plus récents.
Dans une perspective infra-annuelle, les données de l’office des Changes arrêtées à fin mai 2021 font état d’une hausse spectaculaire des transferts des MRE dépassant les 50% pour s’établir à environ 36,4 Mds de DH au moment où les autres indicateurs des flux extérieurs dégringolent.
Le solde de la balance commerciale s’est dégradée de 48% en raison d’une évolution asymétrique à l’avantage des importations (+15,5%) comparativement aux exportations (+7,1%). Le taux de couverture est en recul de 6 points pour atteindre 73,5% contre 79,3% en 2020.
Il en est de même de la composante voyages qui accuse une baisse très prononcée (-72,3%) pour un montant d’environ 4 Mds de DH contre presque 15 Mds de dhs en glissement annuel.
De leurs côtés, les flux nets des IDE sont restés stables au même niveau que l’année dernière pour atteindre 7,9 Mds de DH. Au total, les économies sur salaires qui constituent la principale composante des transferts courants reçus par le Maroc font preuve d’une remarquable résilience en ces temps de crise systémique inédite.
« Analysés dans une optique de long terme couvrant la période 2006- 2020, ces envois sont sur trend haussier et régulier avec une progression constante de 2,7% correspondant à un niveau de plus de 68 Mds de DH en décembre 2020 contre 48 Mds de DH quinze ans plus tôt », note le CMC.
A titre de comparaison, les recettes voyages sont certes sur une tendance ascendante mais leur progression est très erratique, leur taux d’évolution moyen étant de (-0,7%) correspondant à un niveau de 36,5Mds de DH en 2020 contre 79 Mds de DH en 2019 et 41 Mds de DH en 2006.
Au cours de cette période de référence, on relève une forte corrélation entre les difficultés conjoncturelles et le repli dans les mouvements des personnes. Ce fût le cas lors de la crise financière de 2008-2009, des perturbations engendrées par les printemps arabes ou encore en 2019-2020 parquée par la survenance de la crise sanitaire au Covid-19.
Au total, cette manne financière joue un rôle appréciable et contribue à hauteur d’une moyenne 39% de la résorption du déficit de la balance commerciale sur marchandises sur la période 2006-2020 contre la 38,5% pour les excédents enregistrés sur le commerce des services. L’apport des économies sur salaires à la bonne tenue des comptes extérieurs est donc incontestable. Se pose alors la question lancinante de leur évolution en cette période de post-pandémie où l’économie nationale a besoin de ressources, notamment en devises, pour assurer la relance des activités productives en vue d’aider à la relance d’une croissance soutenue et inclusive.
Comme rappelé par les analystes du CMC, Bank Al-Maghrib estime que ces transferts devraient s’améliorer de 7,6% à 73,3 milliards de dirhams en 2021 et de 2,8% à 75,4 milliards en 2022.