Hormis quelques mesurettes telles que la prorogation des polices d’assurance automobile jusqu’au 30 avril, la contribution des compagnies d’assurance au Fonds Covid-19 est loin d’être à la hauteur des espérances.
Au lendemain de l’instauration du Fonds Covid-19, conformément aux Orientations du Souverain, pour se constituer une manne financière et venir en aide aussi bien aux entreprises qu’aux populations vulnérables, toutes les forces vives de la nation ont cassé la tirelire pour alimenter ledit fonds. Solidarité oblige : chacun contribue selon ses moyens et selon son champ d’activité pour faire face aux effets dévastateurs de cette pandémie sans précédent.
Toutefois, dans cet élan de solidarité, on ne retrouve malheureusement pas les compagnies d’assurance qui chaque année enregistrent des résultats mirobolants. A l’exception de la MAMDA dont le montant du don (500 MDH) a été rendu public, les autres compagnies ne se sont toujours pas manifestées. Hormis quelques mesurettes telles que la prorogation des polices d’assurance automobile jusqu’au 30 avril, la contribution des compagnies d’assurance à cet élan de solidarité n’est pas perceptible.
Les compagnies trônent sur des richesses en or
A ce titre, il est utile de rappeler qu’au cours des dernières années, les primes émises par le secteur empruntent un trend haussier. Les derniers chiffres publiés par l’ACAPS montrent que le chiffre d’affaires s’est établi à 44,9 Mds de DH à fin 2019 contre 41,36 Mds de DH en 2018, soit une hausse de 8,6%. En 2017, le secteur a affiché une croissance de 10,9% avec 41,4 Mds de DH de primes émises.
Autres indicateurs importants et pas des moindres, les provisions techniques représentant l’essentiel des engagements des entreprises d’assurances et de réassurance envers les assurés et les bénéficiaires des contrats sont inscrites au bilan de l’exercice 2018 avec un montant de 149,5 milliards de dirhams contre 139,4 milliards DH en 2017, soit une variation de 7,3%. L’ensemble de ces provisions techniques représente 70,5% du passif du bilan des entreprises d’assurances et de réassurance au titre de la même année.
Les placements nets des entreprises d’assurances et de réassurance ont atteint 172,6 milliards de dirhams en 2018 contre 161,5 milliards en 2017, en progression de 6,9%. Au titre de la même année, les fonds propres des entreprises d’assurances ont connu une augmentation de 2,8% en s’élevant à 37,0 milliards de dirhams, contre 36,0 milliards en 2017
Des réalisations à saluer et qui valent au secteur le second rang dans le marché africain des assurances. Toutefois, en dépit de ces prouesses et réalisations, les compagnies d’assurance, acteur important de l’économie, n’ont pas souhaité puiser dans leurs réserves pour contribuer au même titre que les autres institutions à l’alimentation du Fonds Covid-19.
En effet, la Fédération marocaine des sociétés d’assurance (FMSAR) a contribué au Fonds. Toutefois, aucune compagnie d’assurance n’a valeur aujourd’hui communiqué sur une quelconque somme attribuée au Fonds Covid-19. En aucun cas, la contribution de la FMSAR ne doit être confondue avec les contributions propres de chaque compagnie d’assurance. Faut-il rappeler que pour des raisons d’optimisation fiscale, le don doit être versé directement au Fonds.
Lire également : Assurance / Coronavirus : les opérateurs économiques sont-ils suffisamment couverts ?
Et pourtant…
Contrairement à d’autres activités qui se sont vues affecter brutalement par la Covid-19, les compagnies d’assurance se trouvent mieux loties. Au cours de la période du confinement, la sinistralité automobile va nettement régresser à cause de la baisse drastique des accidents de la circulation.
Idem, étant donné le confinement se matérialisant par le télétravail, les compagnies d’assurance vont certainement gagner sur les polices accidents de travail. Nonobstant, il peut être envisagé, sauf développement extraordinaire des activités après le confinement, des pertes au niveau des primes émises sur les accidents de travail du fait de la réduction de la masse salariale, assiette de la prime d’assurance, suite à l’arrêt momentané des activités des entreprises.
Une chose est sûre : si les compagnies n’envisagent pas d’intervenir directement dans le Fonds, elles auraient dû au moins réparer les préjudices subis par les entreprises au titre des polices conclues au titre des pertes d’exploitation et d’admettre, dans un esprit citoyen, le Covid-19 comme catastrophe naturelle. Mais c’est là une autre paire de manches !
Lire également : [Coronavirus] Micro-assurance : les compagnies sur le banc des accusés
2 Commentaires
Bonjour,
D’après notre propre enquête car au sein de notre association AIEA nous suivons ce sujet de très prêt. Même la FMSAR n’a pas encore contribué. La seule a l avoir fait, la MAMDA.
EXCELLENT ARTICLE.
Il est un budget tout frais initialement affecte pour la fete annuelle des assureurs prevu en Avril puis annule. La fmsar et consorts ont tout interet a virer son contenu au fonds de solidarite avant que l argent accumule soit dilapide ou distribue sous la table entre les grands patrons.