Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, a clairement exprimé le flou qui entoure le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Une incompréhension qui interpelle à plus d’un titre notamment sur l’absence de coordination entre l’Etat et le Patronat au sujet des mesures de relance.
Avec l’arrivée du vaccin anti-covid-19 et le démarrage de la campagne de vaccination, l’espoir d’un retour à une vie normale renaît. Certes il faudra attendre de voir si le vaccin est efficace ou pas, mais en attendant il faut commencer à soigner l’économie. Un corps malade qui a trop souffert des conséquences de la pandémie. Des milliers d’entreprises ont succombé au virus (6.612 faillites d’après la dernière enquête d’Inforisk), d’autres en revanche agonisent sans aucune visibilité sur le sort qui les attend.
Ce qui est certain c’est que tout le tissu économique a les yeux rivés sur le plan de relance du gouvernement. Un plan qui commence à prendre forme à l’approche de l’adoption du décret qui permettra le lancement officiel du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.
Mais ce qui nous interpelle, c’est qu’à quelques jours voire quelques semaines de son lancement, plusieurs points d’interrogation sur l’objectif principal dudit Fonds persistent.
Et ce n’est pas le vice-président de la CGEM Mehdi Tazi qui dira le contraire. Lors du dernier point presse organisé après la tenue du Conseil d’administration, le vice-président a clairement exprimé le flou qui entoure ce dispositif de relance.
La CGEM a pointé du doigt l’absence de concertation entre l’Etat et le secteur privé sur des questions structurantes ainsi que sur la mise en place de certaines mesures de relance. Allusion faite, entre autres, à la structuration du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. C’est un sentiment d’incompréhension de l’objectif ultime du Fonds que Tazi a transmis lors de ladite rencontre.
A priori, un peu prés, probablement… tels sont les termes utilisés par le vice-président de la CGEM pour répondre aux questions relatives au Fonds.
En effet, interpelé sur le financement des Fonds propres des entreprises en difficulté par le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Mehdi Tazi a répondu texto « ce que nous savons, un peu prés, c’est que les fonds propres et les fonds quasi-propres sont liés l’investissement. Avec probablement (selon ce que nous entendons) une partie qui sera financée par le Fonds et une autre partie par les banques sous forme de dettes pour des projets d’investissement simplement ».
Une configuration qui ne correspond pas à la philosophie du principe des fonds propres tel que l’imaginait la CGEM a précisé M. Tazi. « Il était question de financer les entreprises par un moyen autre que la dette », a-t-il rappelé.
Et pour cause, la crise sanitaire a aggravé le niveau d’endettement des entreprises. Faut-il rappeler que pour minimiser la casse, l’Etat a mis sous perfusion plusieurs entreprises par la dette notamment à travers les produits Damane relance, Damane oxygène ainsi que le report des charges sociales.
Un pansement sur un pied de bois puisque ces dispositifs ne feront, à terme, qu’accentuer le nombre d’entreprises vulnérables, surendettées et incapables de se développer.
« C’est pourquoi pour les rendre solvables, nous devons soit rajouter des fonds propres soit des fonds quasi-propres qui ne doivent pas être conditionnés par l’investissement », a précisé M. Tazi. Le cas contraire, le gouvernement réduirait considérablement les entreprises éligibles à bénéficier dudit Fonds.
« De notre point de vue, il y a une inadéquation entre le marché et la façon dont sera décliné le Fonds. Encore une fois nous n’avons pas de certitudes mais il s’agit de messages que nous entendons à droite et à gauche », a-t-il souligné.
Il n’en a pas fallu attendre longtemps pour sortir du doute. Après cette déclaration, le ministre des Finances Mohammed Benchaâboun, interpelé par un confrère, a éclairé l’ambigüité en affirmant que le Fonds ne financera que l’investissement.
Un simple appel du Patronat au ministre aurait donc suffi pour tirer les choses au clair et éviter les ambigüités dans un contexte où on fait feu de tout bois. Face à ce manque de communication entre l’Etat et le secteur privé une question s’impose : à quoi sert au juste le comité de veille économique ?
Quant à Benchaâboun, avouons-le il n’a pas été très clair sur le rôle exact que ce Fonds est censé jouer. A l’analyse de ses propos, seules les entreprises qui ne seront pas réellement dans le besoin, qui cherchent à se développer et à investir qui seront éligibles aux financements du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Quant aux autres, c’est leur espoir de retomber sur les pieds qui vient de tomber à l’eau.
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1 comment
« Semer la confusion » c’est le mode opératoire bien rodé de certains « barons » de la CGEM , et ce pour orienter à leurs propres profits les orientations des pouvoirs publics surtout lors qu’il s’agit de sous. Moi commun des mortéles j’ai bien compris que le Fonds est destiné exlusuvement aux investissements et non pas aller allonger la longeur du cigare de certains….sous prétexte financer les besoins en fond de roulement.