Ecrit par la RĂ©daction |
Le jumelage institutionnel Maroc-UE « Appui à la modernisation de la gestion financière publique », mené par la TGR et la DGFIP touche à sa fin avec une belle moisson. Aujourd’hui, la réussite de cette dynamique enclenchée depuis plus de 2 ans reste tributaire de la mise au diapason de toute l’Administration, en particulier en termes de mise à niveau numérique et de conduite de changement.
L’heure est au bilan. Le Jumelage Institutionnel Maroc – Union européenne qui lie la Trésorerie Générale du Royaume (TGR) à la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP), intitulé « Appui à la modernisation de la gestion financière publique » est arrivé à son terme. Les réalisations accumulées tout au long de ces deux dernières années ont été au cœur d’un séminaire de clôture organisé ce 23 mai au sein de la TGR à Rabat.
Financé par l’Union européenne et géré avec l’appui de la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) dans le cadre du programme HAKAMA, ce jumelage institutionnel a été riche, exemplaire et désormais tourné vers l’avenir, probablement sous d’autres formes de coopération bilatérale entre la TGR et la DGFIP, comme a soutenu Hélène Le Gal, Ambassadrice de France au Maroc.
Procédant à l’ouverture de ce séminaire, Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume a souligné que « Ce soutien démontre, une fois de plus, l’engagement constant de l’Union européenne pour accompagner la dynamique endogène des réformes engagées par notre pays dans plusieurs domaines dont celui de la gouvernance publique. Ce jumelage, que nous clôturons aujourd’hui, un peu plus de deux ans après son lancement, a été pour nous l’occasion de partager, au niveau institutionnel, les convictions, l’expertise et le retour d’expérience. Je voudrais d’ailleurs rendre hommage, ici, aux chefs de projets, au conseiller résident jumelage et son homologue et à tous les experts de ce jumelage, côté français et marocain ».
Il faut souligner que ce jumelage est venu apporter un appui à un ensemble de réformes déjà lancées par la Trésorerie Générale du Royaume avant même l’avènement de la Loi organique des Finances, au moins sur trois réformes majeures.
La première concerne la rĂ©forme de la comptabilitĂ© de l’Etat comme vecteur d’une transformation profonde et inĂ©luctable de la culture financière publique et qui va bien au-delĂ d’une simple adaptation des modes de gestion comptables.
Plus qu’un outil d’information, la comptabilitĂ© y reprĂ©sente un vĂ©ritable outil de gestion et d’aide Ă la dĂ©cision. Il reste entendu, que la mise en place d’une telle rĂ©forme, et l’exercice de certification des comptes qui lui est associĂ©, n’est pas une Ĺ“uvre simple, insiste N. Bensouda. Â
« C’est un processus ardu et exigeant. Nous prenons cet exercice de certification très au sérieux. Le Maroc est d’ailleurs parmi les quelques pays d’Afrique à s’engager sur la voie de la certification des comptes, ce qui est un gage de transparence et de rigueur », relève-t-il.
Comme toute réforme, celle de la comptabilité de l’Etat suppose, souvent, une vision partagée, de la créativité, des expérimentations et, parfois, même accepter de faire des erreurs. Ce qui suppose pour cette phase cruciale de ce chantier, d’adopter une approche concertée et consensuelle entre tous les acteurs concernés, pour que puissent se dégager des réponses appropriées, réalistes et durables, estime le Trésorier général du Royaume.
La deuxième réforme concerne la modernisation du contrôle, notamment la logique de performance et de responsabilisation, imposée par la Loi organique relative à la loi de finances et qui devrait être couplée avec une réelle transformation des rôles des ordonnateurs et des comptables.
C’est dans cette perspective que la refonte du contrôle pilotée par la Trésorerie Générale du Royaume, avec l’appui de ses partenaires, a été guidée selon deux axes explique N. Bensouda.
D’une part, l’allègement des contrĂ´les, en s’appuyant sur les avancĂ©es rĂ©alisĂ©es depuis la mise en Ĺ“uvre du texte de 2008. Concrètement, il s’agit de proportionner l’étendue des contrĂ´les aux enjeux financiers et aux risques. Et d’autre part le renforcement du dispositif du contrĂ´le interne: par l’extension de son pĂ©rimètre fonctionnel pour une meilleure prise en charge des risques.
« Dans le même esprit, le passage d’une culture de contrôle a priori à une logique de responsabilisation et de reddition des comptes, appelle, aujourd’hui à mon sens, une refonte en profondeur et peut-être même de façon prioritaire des régimes de responsabilité des gestionnaires publics », soutient-il.
La troisième réforme est liée à la dématérialisation qui s’impose comme un véritable levier de rationalisation et de sécurisation de la fonction financière. Mue par cette conviction, la Trésorerie Générale du Royaume a engagé depuis plus d’une décennie, faut-il le rappeler, un important chantier de dématérialisation de l’ensemble de ces métiers.
« Nous pouvons être fiers des progrès substantiels réalisés en collaboration étroite avec nos partenaires », s’est félicité le Trésorier général du Royaume.
A titre non exhaustif, cet axe de coopération a permis entre autres, la mise en place du dépôt électronique des factures qui a permis, avec le texte sur les intérêts moratoires, de réduire de manière drastique les délais de paiement. Ce qui n’a pas été sans des retombées positives durant la crise sanitaire pour l’ensemble du tissu économique.
Aussi, la dématérialisation de la gestion financière et comptable a-t-elle permis de faciliter les échanges d’information entre l’ordonnateur et comptable, de fluidifier davantage les processus métier et d’améliorer par la même occasion l’exploitabilité des informations disponibles ;
Et la mise en œuvre de la dématérialisation des pièces comptables va permettre prochainement, en bout de chaîne, de générer et d’archiver les comptes des services de l’Etat, facilitant, ainsi, le travail du certificateur.
« Il est clair que nous avançons dans le bon sens. Mais, ces résultats positifs ne doivent pas nous faire oublier la nécessité de poursuivre les efforts. En effet, la réussite de toute cette dynamique reste tributaire de la mise au diapason de toute l’Administration, en particulier en termes de mise à niveau numérique et de conduite de changement. Elle exige de la sensibilisation et de la formation et ce sera là l’objet du dernier point que je voudrais aborder » estime Noureddine Bensouda qui a par ailleurs félicité toutes les parties prenantes ayant permis d’atteindre les progrès actuels.
A noter que Trésorerie Générale du Royaume a fait de la formation et de la valorisation de ses ressources humaines et du développement de leurs compétences le maître mot et la clé de voûte de tous les chantiers de réformes dans lesquels elle s’est engagée. Comme en témoigne, la mise en place d’une plateforme de formation à distance « E-learning TGR », aujourd’hui opérationnelle, et qui constitue l’un des résultats les plus tangibles de ce jumelage TGR-DGFIP.
L’ensemble de ces réformes ont permis d’appuyer la modernisation de la gestion financière publique au Maroc selon un modèle qui lui est propre, qui respecte ses spécificités et qui place son capital humain au cœur de tous les chantiers de transformation, insiste Bensouda.
La fin de ce jumelage marque le démarrage d’une nouvelle étape marquée par la poursuite de la coopération de la TGR, tant avec la délégation de l’Union européenne, la DGFIP ou ses autres partenaires, afin de continuer à évoluer, pour se rapprocher des meilleures pratiques internationales.
« Je suis persuadĂ© que nous serons tout Ă fait capables de saisir les opportunitĂ©s qui s’offrent Ă nous et de conjuguer nos efforts en bonne intelligence, dans un esprit d’intĂ©rĂŞts communs. Nous devons, Ă ce titre, imaginer de nouvelles formules, de nouveaux modus operandi pour rationaliser les processus et mieux tirer parti de nos capacitĂ©s d’action », conclut Noureddine Bensouda.
Même son de cloche du côté de Hélène Le Gal qui estime que le partenariat qui réunit la TGR et la DGFIP illustre une coopération excellente et amplifiée avec des résultats exceptionnels sur plusieurs volets et elle a formulé le souhait que coopération bilatérale entre les deux institutions puisse se poursuivre à travers notamment les échanges de personnel.