Interviewée par N.E.S à Munich Lamiae Boumahrou |
Face aux nouveaux enjeux économiques et climatiques, il devient de plus en plus urgent d’accélérer la transition énergétique. Les femmes ont un rôle important à jouer dans ce domaine. C’est l’objectif de l’initiative « WOMEN ENERGIZE WOMEN » (WEW) comme nous l’explique Ingrid-Gabriela Hoven, Directeur général de la GIZ.
EcoActu.ma : Le rôle des femmes dans le développement économique et social des nations est crucial. Malheureusement leur contribution au développement diffère d’un pays à un autre. Pensez-vous que la contribution de la femme dans le domaine des énergies serait plus compliquée dans le monde arabe ?
Ingrid-Gabriela Hoven : Ce n’est pas le cas dans tout le monde arabe. Et pour cause, il y a des voix féminines très fortes par rapport à la moyenne dans le secteur de l’énergie ainsi que dans d’autres secteurs.
Ce qu’il faut en l’occurrence c’est que ce secteur devienne plus accessible aux femmes. Il faut dire aussi, que partout dans le monde, nous constatons un écart important de la participation des femmes dans le secteur de l’énergie notamment lorsqu’il s’agit d’expertes, de consultantes, de dirigeantes et de décideuses politiques. Ce qui n’est pas judicieux puisque l’énergie est tellement importante pour les moyens de subsistance et pour la vie quotidienne.
Rappelons que les femmes organisent la vie quotidienne de la famille. Elles ont donc une connaissance approfondie de la façon dont l’énergie est utilisée et de ce qui est nécessaire pour le bon développement du foyer.
Sur cette base, il est évident qu’il faut davantage faire entendre la voix des femmes dans le processus décisionnel.
Deuxièmement, la transition énergétique va nécessiter des experts, des techniciens. Or, aujourd’hui, nous avons un énorme déficit en termes de ressources humaines sur le marché du travail. Donc, à moins que vous ne fassiez contribuer davantage les femmes dans le secteur de l’énergie, le monde arabe risque d’avoir d’énormes difficultés à répondre aux besoins en emploi et réussir la transition énergétique.
Cela pourrait également entraver la compétitivité face à l’Allemagne. C’est pourquoi il est impératif de mobiliser les compétences féminines.
Comment les différents acteurs (gouvernement, médias, société civile…) doivent-ils contribuer à sensibiliser au rôle que les femmes sont appelées à jouer dans le secteur énergétique ?
En effet, il y a différentes responsabilités. Je pense que les décideurs politiques et les politiciens doivent donner les orientations afin de faire passer le message à la société sur la nécessité de renforcer la participation de la femme dans ce domaine.
En outre, ils doivent mettre en place le cadre, les conditions, la formation, l’éducation ainsi que les incitations nécessaires à cette fin. C’est donc la responsabilité de la sphère politique. D’un autre côté, la société doit évoluer vers une culture et une perception où les droits et les possibilités sont plus équitables.
Dans quelle mesure l’initiative Women Energize Women peut-elle contribuer à renforcer la place de la femme dans ce secteur vital ?
C’est une initiative très importante parce qu’elle créée véritablement une grande plate-forme en faisant campagne avec ce slogan en faveur du rôle important que les femmes sont appelées à jouer dans l’arène de l’énergie. Cette initiative propulse donc cette question centrale au premier plan.
Les femmes qui y prennent part simulent le débat et, enfin et surtout, elles donnent de l’énergie à d’autres femmes qui sont encore un peu hésitantes. C’est important car cela peut renforcer la volonté des femmes pour accéder aux postes de responsabilité et de devenir leaders dans ce domaine.