Ecrit I. Bouhrara |
Jadis tabou dans notre pays, la corruption est désormais érigée comme l’un des principaux freins au développement du pays. La lutte contre cette gangrène bute pourtant sur plusieurs obstacles, comme l’explique Hassan Dabchy, Conseiller du Chef du Gouvernement en charge de la moralisation de la vie publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption depuis 2017.
« Nous sommes sur la bonne voie avec un idéal clair, du courage voire de l’audace et de la persévérance », c’est en ces termes que Hassan Dabchy, Conseiller du Chef du Gouvernement en charge de la moralisation de la vie publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption depuis 2017, décrit les efforts du Maroc pour lutter contre la corruption.
L’expert national et à l’international, a été l’invité des Tables Rondes de l’ISPJS de l’Université Mundiapolis ce 2 juin, autour de la thématique « La lutte contre la corruption : enjeux, réalisations et défis ».
L’Expert international diplômé en criminologie économique et financière, et conseiller en système de gouvernance avec plus de 30 d’expérience dans les institutions étrangères et marocaines, rappelle comment la corruption plombe la vie publique et l’économie du pays.
Ainsi, investir dans un pays relativement corrompu peut coûter jusqu’à 20% de plus que dans un pays qui ne l’est pas. La corruption coûte également 10 à 30 % d’investissement dans un projet financé par des fonds publics. La bureaucratie étant un terrain fertile à la corruption, dans les pays où le phénomène est élevé quelque 37 % du temps est perdu par les entreprises pour négocier avec l’administration.
Or, insiste Hassan Dabchy, il suffit de diminuer de 2 points le niveau de corruption pour gagner 4 point de taux d’investissement alors que le PIB se bonifie de 0,5%. Voilà donc un enjeu de taille pour le Maroc qui aspire à un nouveau modèle de développement.
Hassan Dabchy rappelle d’ailleurs les efforts consentis ces dernières années par le gouvernement pour lutter contre cette gangrène, une avancée lorsqu’on se rappelle que le sujet était un tabou il y a quelques décennies.
Les retombées commencent à se faire, notamment la fin de l’impunité puisque plusieurs hauts responsables ont été poursuivis, 1700 personnes poursuivies pour crimes financiers dont 900 rien qu’en 2019. La même année 117 personnes ont été arrêtées en flagrant délits de corruption et 36.000 dénonciation via le numéro vert mis en place depuis mai 2018.
Pour autant, le Maroc gagne à améliorer son score et son classement mondial de l’Indice de perception de corruption. En 2020, le pays a dégringolé de 6 places (86e sur 180 pays) et a perdu un point pour un score de 40 sur 100.
Pour l’expert Hassan Dabchy, la difficulté de lutte contre la corruption réside à plusieurs niveaux. La principale et qui concerne tout le monde est la compréhension de la corruption pour mieux la combattre, ce que l’expert qualifie du triangle de la fraude. A savoir une pression, financière ou autre, une opportunité de le faire et surtout une rationalisation d’un acte qui en fait est prohibé. Le deuxième niveau de difficulté réside dans le cadre réglementaire de lutte contre la corruption, le contrôle et surtout la gouvernance pour « éviter le désordre avant qu’il ne se produise ».
Puis, le manque des ressources humaines qualifiées et de savoir-faire pour. Certes, dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLC) des inspecteurs de différents départements ministériels ont bénéficié de certifications internationales, mais Hassan Dabchy estime qu’une lutte efficience nécessite la mise en place d’une politique de formation ambitieuse dans les domaines de la gouvernance et de l’éthique aussi bien dans les secteurs public que privé. C’est d’ailleurs là un des piliers de la SNLC.
Cela passe également par l‘introduction de nouveaux métiers comme le référent en éthique ou encore des inspecteurs spécialisés dans la détection et l’investigation de fraudes. En effet, comme il n’y a pas de corrompu sans corrupteur, pour le conférencier, on ne peut faire confiance sans contrôler. Il plaide d’ailleurs en faveur de la mise en place d’un ministère dédié à la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
D’autres chantiers structurants sont également en cours comme la révision du système de nomination aux hautes fonctions. Aussi, Hassan Dabchy a plaidé en faveur du recours à la certification ISO 37001 relative au système de management anti-corruption.
En effet, avec la stratégie nationale de lutte contre la corruption opérationnelle depuis 2017, l’adoption de loi 46-19 relative à l’Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption (INPPLC), et le Pacte nationale de développement, le Maroc est bien parti pour lutter contre ce mal qui ronge la société.
Hassan Dabchy insiste néanmoins que la lutte contre la corruption n’est pas l’affaire exclusive du gouvernement mais l’affaire de tous les citoyens.
1 comment
La corruption au Maroc ? Tout le monde en parle, tout le monde parle « des avancées » du Maroc dans ce domaine, et par tout le monde je parle particulièrement des partis politiques et de la presse partisane. La réalité est toute autre. La pandémie actuelle a poussé certains politiques à préconiser et à « légiférer » le contact du citoyen avec ce que nous appelons communément l’administration pour faire en sorte à rendre le contact physique presque nul, mais ces nobles objectifs seront-ils atteints dans les délais ? Je ne le pense pas parce que ceux que nous ne devons plus contacter sont ceux qui sont en charge de développer et faire développer les outils de communication nous permettant de les éviter et je ne pense pas qu’ils seront totalement disposés à le faire. Depuis la nuit des temps une entreprise marocaine qui soumissionne prévoit dans son estimation « le coût des démarches » ce qui fait que sa réponse à un appel d’offre est « plus cher » que les entreprises étrangères. Dans l’avis de M. Habchy, dont que je respecte, et la personne et sa fonction, j’ai l’impression d’écouter quelqu’un qui traite d’un environnement autre que le Maroc. La Cour des Comptes, du temps où M. Jettou assurait la présidence, beaucoup de dossiers avaient été établis sur la dilapidation des deniers publics, combien de coupables avaient été condamnés à restituer les deniers détournés ? ZERO. Depuis DIX ANS la corruption s’était développée au Maroc d’un pourcentage aberrant selon les instances internationales (% à deux chiffres) alors que la parti politique aux commandes en avait fait son cheval de bataille, c’est simplement triste. BS