Au cas où l’inflation mondiale augmente, les pays en développement risquent d’assister à une amplification des tensions inflationnistes. Quid du Maroc ?
Dans son élaboration, le PLF 2019 retient un brin d’optimisme qui explique l’assouplissement des hypothèses conventionnelles qui le sous-tendent y compris l’inflation.
En effet, on table sur une stabilité relative du prix du pétrole qui devrait fluctuer sans grandes amplitudes autour d’une moyenne de 65 dollars. Il est supposé que les tensions géopolitiques retrouveraient un certain répit et provoqueraient, après l’hiver en cours une certaine stabilité. Ledit PLF suppose par ailleurs un taux d’inflation en dessous de la barre de 2% à cause de la rigueur monétaire de la banque centrale et de l’atonie de la demande. L’optimisme s’explique également par la parité du dirham dans la limite de sa convertibilité relative vis-à-vis de l’euro et du dollar qui devrait présenter des avantages pour les exportations marocaines. Avec ce bouquet d’hypothèses, la croissance économique de l’année 2019 devrait se situer à 3,6%.
Toutefois, un vent contraire externe pourrait se lever au gré des tempéraments politiques pour venir dévier cette tendance.
Les principales conclusions de la Banque mondiale
En effet, il ressort d’une étude que la Banque mondiale a consacrée à l’inflation dans les économies émergentes et en développement que si l’inflation mondiale, qui avait atteint des niveaux record, continue de remonter, les efforts déployés par les économies émergentes et en développement pour conserver le faible niveau d’inflation de ces dernières décennies risquent d’être compromis.
Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé Inflation in Emerging and Developing Economies : Evolution, Drivers, and Policies, les conséquences délétères d’une inflation élevée risquent de peser lourdement sur les pauvres, qui conservent l’essentiel de leurs actifs en numéraire et qui dépendent principalement des revenus salariaux, des prestations sociales et des pensions. Un taux d’inflation élevé étant généralement associé à un ralentissement de la croissance économique, il est donc vital, d’après la Banque mondiale, de maintenir l’inflation à un niveau modéré et stable si l’on veut lutter contre la pauvreté et les inégalités.
En vue d’une meilleure évaluation de l’impact de l’inflation sur les économies émergentes et en développement, le groupe perspectives de la Banque mondiale a réalisé pour la première fois une analyse approfondie de l’inflation et de ces conséquences sur ces économies. L’étude en question atteste de la confluence de facteurs structurels et politiques qui ont conduit au faible niveau de l’inflation mondiale sur les cinq dernières décennies, et en particulier à une intégration sans précédent du commerce international et des marchés financiers. « L’adoption de politiques monétaires, de change et budgétaires plus résilientes a permis à certaines économies émergentes et en développement de mieux maîtriser l’inflation. Cependant, les facteurs extérieurs qui ont contenu l’inflation ces dernières décennies risquent de s’affaiblir ou de disparaître.
« L’adoption de politiques monétaires, de change et budgétaires plus résilientes a permis à certaines économies émergentes et en développement de mieux maîtriser l’inflation. Cependant, les facteurs extérieurs qui ont contenu l’inflation ces dernières décennies risquent de s’affaiblir ou de disparaître », apprend-on dans la présente étude.
Contrairement aux autres pays en développement, au Maroc, l’impact serait moins important. Et pour cause : la banque centrale est indépendante et jouit d’une bonne crédibilité. Les fluctuations ont nettement moins de chance de se traduire par des tensions inflationnistes.
Toutefois, cela n’empêche pas de dire que le Maroc est appelé à se préparer à affronter des variations soudaines de l’inflation mondiale en renforçant ses politiques monétaires, budgétaires et financières. Aussi, est-il recommandé d’instaurer des dispositifs de protection sociale pour atténuer les éventuelles conséquences négatives des chocs inflationnistes.