Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Environ 2 ans et demi après l’annonce de son lancement le 29 juillet 2020, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement a enfin tenu son 1er Conseil d’administration. EcoActu.ma a pu consulter le document présenté lors dudit conseil détaillant les prochaines phases du Fonds avant son opérationnalisation effective ainsi que les prochaines actions que le Fonds devrait entreprendre. Détails.
3 mois après la nomination de son directeur général, Mohammed Benchaâboun le 18 octobre, le Conseil d’administration du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, tant attendu pour relancer l’économie nationale, s’est tenu le 29 décembre 2022.
Un CA qui marque le démarrage effectif de ce a
Rappelons que la mission principale dudit Fonds est de contribuer, aux côtés de partenaires nationaux et internationaux, au financement et à l’accompagnement de projets d’investissement structurants et d’entreprises opérant dans les domaines jugés prioritaires.
L’objectif étant de rehausser les capacités des entreprises, notamment les PME, à investir et à créer des emplois, à accompagner les entreprises marocaines pour devenir des acteurs régionaux et mondiaux, à contribuer au financement de grands projets d’investissement structurants, à attirer les investissements internationaux aux côtés des interventions du Fonds et à optimiser le rendement du capital investi.
Dans la présentation du Fonds au Conseil d’administration, que EcoActu.ma a pu consulter, il ressort que le Fonds va mettre en place des sous-fonds sectoriels ou thématiques dans 6 domaines à savoir : Entreprises/PME, infrastructures, restructuration industrielle, agriculture, tourisme, innovation et activités à fort potentiels de croissance et tout autre domaine jugé prioritaire par le Fonds.
Nous apprenons que la quote-part du Fonds dans les sous-fonds devrait être limitée à 33% de sorte à attirer les investisseurs à hauteur de 66% et maximiser l’equity de chaque fonds (à l’exception du fonds entreprises/PME dans lequel la quote-part du Fonds pourrait être plus importante), lit-on dans ledit document.
A l’ordre du jour également du CA, les réflexions sur l’intervention du Fonds au niveau de certains domaines. Pour le domaine Entreprises/PME, le Fonds serait en phase d’étudier 2 mécanismes avec Tamwilcom et la Banque mondiale.
Le premier mécanisme serait la mise en place par le Fonds de dettes subordonnées (quasi fonds propres) avec ou sans garanties représentant le 1/3 du programme d’investissement des Entreprises. L’objectif étant de financer une création, une extension ou un renouvellement de leurs capacités de production. Quant aux 2/3 restants, ils devraient être financés par le système bancaire à des conditions librement négociables par les banques, lit-on dans le document.
Le deuxième mécanisme serait de structurer l’opération sous forme d’un fonds de dette dans lequel le Fonds serait investisseur avec à ses côtés des investisseurs institutionnels marocains. Le Fonds pourrait envisager de prendre le risque de premières pertes en vue d’amoindrir le risque pris par les autres investisseurs.
Certes tout reste à valider après la nomination de tous les administrateurs (6 représentants ministériels et 4 représentants indépendants) ainsi que la validation de la stratégie du Fonds. Toutefois, Benchâaboun a précisé lors du 1er Conseil d’administration qu’une première enveloppe de 1 à 3 Mds de DH (pour les investissements à hauteur de 3 à 9 Mds de DH portés par les entreprises) pourrait être envisagée.
Concernant les infrastructures, le Fonds compte démarrer avec la concrétisation de une ou plusieurs opérations d’envergure. Ainsi dans un premier temps, le Fonds va identifier les projets structurants majeurs et les classer par ordre de priorité. Cette tâche aurait été confiée à un cabinet de conseil. Ensuite, les projets d’infrastructure seront préparés en amont et ce en accompagnant les différentes parties prenantes dans la structuration des opérations sur le plan de la soutenabilité juridico-financière.
Le Fonds pourrait contribuer à l’accélération de la structuration de certains projets d’infrastructures et contribuer directement et partiellement à leur financement aux côtés de bailleurs de fonds et d’opérateurs.
En attendant l’opérationnalisation des Fonds thématiques, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement va se pencher sur le nerf de la guerre à savoir la mobilisation des ressources financières. Rappelons que le Fonds va être doté de 45 Mds de DH dont 15 Mds de DH du budget de l’Etat et 30 Mds de DH qui devra être levées auprès d’investisseurs institutionnels, nationaux et internationaux.
Outre la rationalisation des Fonds existants, le Fonds a déjà reçu des propositions spontanées d’acteurs nationaux mais aussi internationaux (investisseurs, Fonds nationaux et étrangers), lit-on dans le document. Des propositions qui sont actuellement en étude.
Tout l’enjeu aujourd’hui est de pouvoir mobiliser les fonds nécessaires pour que le Fonds Mohammed VI pour l’investissement puisse donner une impulsion à l’économie et stimuler la relance économique malmenée par deux crises sévères.