Les conjoncturistes alertent sur les risques d’une poussée déflationniste et sur l’inadéquation entre les données économiques.
A l’occasion de la rencontre habituelle du Centre marocain de conjoncture tenue le 26 septembre pour présenter les nouveautés de la conjoncture économique actuelle et se projetter dans l’exercice futur, M’hammed Tahraoui, membre du CMC a attiré l’attention sur un point crucial qu’est le taux d’inflation enregistré au cours de l’exercice 2019. Un taux jugé trop faible si l’on se fie aux indicateurs publiés que ce soient par le Haut Commissariat au Plan ou par la Banque Centrale.
Aprés s’être établie à 1,9%, l’inflation a nettement ralenti se situant à 0,2% en moyenne sur les huit premiers mois de l’année en relation notamment avec la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils. D’après le Wali de la Banque Centrale, elle devrait continuer à baisser dans les prochains mois pour ressortir à 0,4% sur l’ensemble de l’année.
Le premier constat de Tahraoui est qu’un taux d’inflation oscillant autour de 0% inquiète à plus d’un titre. Si la tendance au ralentissement des prix perdure, elle fait craindre un mouvement de fond déflationniste qui ne peut être de bon augure pour notre économie. Un taux d’inflation faible suppose une demande faible et, du coup, une faible production.
Le second constat est que le taux d’inflation est en contradiction avec les autres données communiquées par le HCP notamment en ce qui concerne l’enquête effectuée sur les ménages qui fait ressortir un moral en berne à cause de la détérioration du pouvoir d’achat et du niveau de vie qui se dégrade à cause d’une hausse de prix. C’est dire que le ressenti des ménages n’est pas en adéquation avec le taux d’inflation qui se situe aux alentours de 0,2%.
Sans vouloir remettre en cause la fiabilité des chiffres du HCP, Tahraoui insiste sur la concordance des données. « En tant qu’analystes, nous ne nous attardons pas sur les indicateurs pris séparément mais d’une manière globale. En économie, il y a une interdépendance des données », explique-t-il.
Et d’enchaîner : « Nous aimerions comprendre les résultats à travers une explication de la méthodologie du HCP qui peut nous permettre une bonne lecture des données ».
Se projeter dans le futur et donner une bonne base de données pour le nouveau modèle de développement dont l’appel à la réflexion est lancé à toutes les forces vives de la nation exige des données cohérentes.
La question que se pose le conjoncturiste : le taux d’inflation reflète-t-il la réalité telle que nous la constatons ?
Autre point important sujet à réflexion est celui du taux chômage de 3% dans le milieu rural publié par le HCP. Or, avec un taux de chômage de cet ordre, nous sommes en plein emploi. Ce qui est loin d’être le cas. Aussi comment pouvons-nous parler d’une baisse de taux de chômage global alors que l’économie affiche un ralentissement de la croissance économique (2,7% pour l’exercice 2018).
Et pour couronner le tout, l’équipe de Lahlimi avance une population en chômage de 1 million et une population en sous emploi de 1 million. Un même ordre de grandeur qui reste difficile à assimiler.
C’est à la lumière de toutes ces précisions que le Maroc pourrait élaborer son nouveau modèle de développement économique lui permettant, cette fois-ci, de s’installer dans un sentier de croissance économique de 6 à 7% et répondre favorablement aux besoins socio-économiques de sa population.
Le HCP compte organiser prochainement une rencontre pour échanger sur ses analyses, ses domaines d’activité et sur ses méthodes. Le CMC pourrait peut être trouver des réponses à ses questions.