Le drame survenu hier lors d’un match sur le « terrain de football » de Tizirt (Région de Taroudant) dans le lit de l’oued pouvait être évité, si la loi avait été respectée à la lettre !
Cette journée du 29 août, on nous a servi plusieurs informations sur cette tragédie qui a coûté la vie à 7 personnes, notamment l’annonce du lourd bilan, la mobilisation des moyens pour porter secours aux populations sinistrées et aussi pour poursuivre les recherches pour trouver les disparus interrompus à cause des pluies…
Mieux, le chef de gouvernement a annoncé que « Aussitôt informées, les parties concernées ont entamé les investigations pour élucider les circonstances de cet incident et déterminer les responsabilités ».
Un incident qui ne devait pas se produire si la loi avait été respectée dans notre pays à la lettre. En effet, le dahir n°1-16-113 du 10 août 2016 portant promulgation de la loi n°36-15 relative à l’eau, prévoit dans l’article 117 qu’il est « interdit d’établir, sans autorisation, dans les terrains submersibles, des digues, constructions et autres aménagements susceptibles de gêner l’écoulement des eaux d’inondation, sauf pour la protection des habitations et propriétés privées attenantes. L’agence du bassin hydraulique peut, si elle a été sollicitée, fournir l’assistance technique pour la réalisation des digues, constructions ou des aménagements autorisés ».
Comment dès lors un terrain de football pouvait-il être érigé dans une zone à risque ? S’agit-il d’une infrastructure « publique » ou d’une initiative privée ? Dans les deux cas qui a autorisé sa construction ? Et si cette structure n’a jamais été autorisée par les autorités publiques concernées, comment se fait-il qu’elles n’ont pas ordonné sa démolition ?
D’ailleurs, des personnes de la région avaient prédit ce drame plusieurs mois à l’avance et avaient prévenu des risques encourus à construire un terrain sur le lit du oued.
Mieux, l’article 118 dispose que « l’Agence de bassin hydraulique établit « l’Atlas des zones inondables » (AZI) qui délimite ces zones selon trois niveaux de risque d’inondation : faible, moyen ou élevé. Existe-t-il un AZI pour la région Souss Massa Draâ ? Auquel cas le site incriminé y figure-t-il ? Sachant que ces documents sont sensés être mis à disposition du public.
La loi stipule également que pour les zones à risque moyen ou élevé d’inondation, des plans de prévention des risques d’inondation sont établis, par l’agence de bassin hydraulique en coordination avec l’administration, les établissements publics, les collectivités territoriales et les commissions préfectorales et provinciales de l’eau concernés qui en assurent la mise en œuvre chacun en ce qui le concerne. Comme pour les AZI, ces plans doivent également être mis à la disposition du public.
Difficile de trouver ces documents en ligne pour la région sinistrée, alors que la loi prévoit que ces documents doivent être accessibles par tout moyen approprié par l’agence du bassin hydraulique, l’agence urbaine, le conseil de la région, le conseil préfectoral ou provincial et le conseil communal.
Se pose également la problématique de la diffusion des alertes aux populations concernées par les risques de crues et d’inondations ? Une alerte en date de mercredi de la Direction nationale de la météorologie annonçant des averses est presque passée inaperçue si ce n’est ce drame. Là encore, la loi est claire : l’agence de bassin hydraulique met en place des systèmes intégrés de prévision et d’alerte de crues au niveau des cours d’eau ou tronçons de cours d’eau générateurs d’inondation. Pour ce faire, sur la base de conventions, c’est la Direction nationale de la météorologie qui met à disposition des agences et autres administrations concernées les mesures et les prévisions météorologiques nécessaires pour ces systèmes intégrés.
Aussi, des bulletins d’information contenant des données relatives aux crues prévisibles doivent-ils être établis par l’agence de bassin hydraulique pour les zones à risque d’inondation moyen et élevé et mis par ses soins lorsqu’il y a risque d’inondation à la disposition de l’autorité administrative territoriale concernée.
En matière de gestion des événements d’inondations, des comités de vigilance doivent être créés au niveau national, régional et provincial pour la gestion et le suivi des événements d’inondations. Ces comités régionaux présidés par les walis des régions sont chargés entre autre d’alerter la population en amont et en aval, de coordonner les opérations d’intervention et d’organiser des secours.
Sept personnes ont payé de leur vie le non respect de la loi et c’est du devoir de l’Etat de rendre justice à ses citoyens en identifiant les dysfonctionnements et en établissant la responsabilité de tout un chacun.
Dans l’espoir que cette enquête aboutisse rapidement pour éviter que pareil drame ne se reproduise à l’avenir…