Dire que la santé au Maroc souffre de plusieurs maux est un secret de polichinelle. L’offre de soins s’élargit mais les résultats restent en deçà des attentes. Permettre à la concurrence d’être au service du citoyen, ce maillon faible de la chaîne, est le leitmotiv aujourd’hui du Conseil de la Concurrence.
Outre l’éducation, le niveau de développement d’un pays se mesure par les indicateurs de performance de son système de santé. Or d’année en année, notre système sanitaire continue à souffrir des mêmes maux et ce malgré les budgets alloués. Dans l’un de ses rapports virulents, la Cour des comptes a mis le doigt sur les incohérences et les dysfonctionnements qui font de la santé un secteur qui fonctionne mal très mal. Et ledit rapport n’est pas exhaustif ! C’est dire qu’en dehors du secteur public, même la situation des cliniques privées secoue régulièrement l’actualité.
Le principe de droit à la santé est concrétisé au Maroc par le secteur des soins, public ou privé. Selon les derniers chiffres du ministère de la santé, publiés en janvier 2018, le Maroc dispose de 831 centres de santé dans le milieu urbain et 1270 dans le milieu rural, pour les soins de santé primaire, pour les soins de santé primaires. Il dispose pour les établissements hospitaliers, de 148 hôpitaux, 10 hôpitaux psychiatries et 106 centres d’hémodialyse.
La radioscopie du système sanitaire révèle que le secteur public reste le premier prestataire de soins avec plus de 70% de la capacité litière totale. Toutefois, les indicateurs avancés par le ministère de la santé montrent que le secteur connaît paradoxalement de nombreux problèmes liés à la pénurie en ressources humaines et des écarts de santé entre les milieux (urbain et rural) et entre les régions, ce qui constitue un réel frein au développement de la santé au Maroc.
Aussi, les dernières statistiques révélées sur le financement de la santé montrent-elles que les dépenses de santé ont atteint 5,5% par rapport au PIB et 7,7% par rapport au budget général de l’Etat.
En matière d’offre de soins, le nombre de cliniques privées s’est élevé à 356, offrant une capacité litière d’environ 9.719 lits, soit 29,85% de la capacité litière totale. Mais pour quels résultats ? Cette offre de soins accuse un important déséquilibre entre les milieux rural et urbain et entre les régions et reste concentrée dans les grandes agglomérations urbaines, avec plus de la moitié des cliniques situées dans les grandes villes.
Face à cette brève radioscopie qui met en évidence les principaux dysfonctionnements de la santé, le Conseil de la Concurrence ambitionne aujourd’hui à travers une étude sectorielle d’analyser la compétitivité dans le secteur des cliniques privées.
Le Conseil de la concurrence souhaite aborder ce sujet selon une approche type qui permettra d’aboutir à un diagnostic pertinent et approfondi permettant de trouver les pistes de réponses aux questions multidimensionnelles de la concurrentiabilité dans ce secteur stratégique et améliorer son fonctionnement par la concurrence.
Compte tenu du domaine d’action du Conseil, la présente étude a pour objet de répondre à ce qui suit :
- Chercher les moyens permettant à la concurrence d’être au service du patient et garant de son droit à la santé (qualité du service, accessibilité et efficacité, égalité, sécurité, délais d’attente, médicaments, accueil et hospitalisation, …) ;
- Intégrer la santé dans le grand chantier de la régionalisation avancée et de la justice territoriale (répartition équitable territoriale de l’offre de soins, carte sanitaire nationale et régionale équitable, …) ;
- Favoriser la compétitivité du secteur (assurer une concurrence libre et loyale) ;
- Lutter contre la corruption et les dysfonctionnements, et œuvrer à la moralisation des affaires dans le secteur des cliniques privées en agissant contre les pratiques anticoncurrentielles (quatre aspects : juridique, économique, concurrence et justice sociale).
Le but escompté est de proposer des recommandations à forte valeur ajoutée en termes de compétitivité dans le secteur des cliniques privées et établissements assimilés au Maroc. Des recommandations qui sont à même d’apporter une dynamique saine à la concurrence entre les opérateurs et surtout à restaurer la moralisation des affaires dans ce secteur et une meilleure conduite du marché.
Une chose est sûre : à travers cette étude, l’Autorité de la concurrence intervient dans le secteur fortement régulé de la santé, et identifie de possibles améliorations de son fonctionnement concurrentiel.
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