- Le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance assure que le gouvernement sera ferme avec les spéculateurs, les hors-la-loi et ceux qui jouent avec la santé des Marocains.
- Lahcen Daoudi sollicite par ailleurs l’aide des citoyens pour assainir le marché en contactant le numéro vert mis à leur disposition.
EcoActu.ma : Le prix, la qualité et la sécurité des produits de base figurent parmi les préoccupations majeures des Marocains en ce mois sacré. Dans quelle mesure le gouvernement veille-t-il au respect des droits du consommateur, à la transparence du marché et au respect des lois en vigueur ?
Lahcen Daoudi : C’est un honneur que d’être en veille pour la sécurité du citoyen et pour que le marché soit fourni surtout pendant le mois où certains produits ont la côte par rapport à d’autres. Nous sommes là au service de la société. Nous ne pouvons pas nous débiner en cas de problèmes et nous sommes amenés à assurer nos responsabilités. Pour le mois du ramadan, nous sollicitons l’aide du citoyen car l’administration ne peut pas être devant chaque boutique et à chaque coin de rue. Pour cela nous avons lancé un numéro national pour que les citoyens puissent dénoncer les abus. L’appel sera directement dirigé vers la province d’où émane la plainte pour que la commission aille immédiatement sur les lieux en compagnie de la personne qui relève l’infraction.
Nous sommes prêts à accepter la critique encore faut-il que le citoyen nous aide. Ce n’est qu’en travaillant la main dans la main que nous pourrons faire face à ces agissements.
Ce que je peux vous garantir c’est un approvisionnement normal du marché puisque tous les produits sont disponibles en quantité suffisante grâce à une bonne année agricole. Seuls les pois chiches et les lentilles ont été importés puisque ce n’est pas leur saison au Maroc. Le seul risque ce sont les gens peu scrupuleux qui stockent les produits pour faire augmenter leur prix.
Pour leur barrer la route, nous effectuons des contrôles des stocks pour surveiller si réellement il y a rétention des produits. Il faut également limiter le nombre des intermédiaires entre le producteur et le consommateur final. Pour cela il va falloir ouvrir de nouveaux marchés de gros à l’échelle nationale.
Quelles sont les sanctions prévues en cas de pour dissuader les intermédiaires qui profitent des failles du système et spéculent sur les prix des produits alimentaires ?
S’agissant des produits alimentaires, il faut rappeler que les fraudes et les cas de spéculation avérés tombent sous le coup de loi et les auteurs auront affaire à la Justice.
Nous sommes également très rigoureux sur l’obligation de l’affichage des prix au public. Pour ne prendre que le cas du secteur des hydrocarbures, les stations-services, les amendes sont de 5.000 DH par jour. Nous sommes en train de mettre en place les mécanismes pour verrouiller le système devant les personnes mal intentionnées.
Mais force est de reconnaître que la mise en place des réformes n’est pas une mince affaire. Il y a beaucoup de choses à changer notamment sur le plan réglementaire. Nous aurions aimé accélérer la cadence, mais nous faisons du mieux que le contexte le permet.
Toujours dans cette optique de transparence, vous avez récemment lancé une application pour permettre aux Marocains de comparer les prix des hydrocarbures appliqués au niveau des stations de service. Une solution pareille est-elle envisageable pour les produits de grande consommation notamment les fruits, les légumes, les viandes, poisson… ?
L’application Mahatati permet de comparer les prix appliqués par les stations-services dans un périmètre donné. Cela rentre dans le cadre de l’obligation pour le gouvernement d’informer le consommateur pour qu’il opère ses choix de consommation en connaissance de cause.
Aujourd’hui, nous sommes en phase de développer une plateforme de prix des fruits et légumes. Cela ne sera pas un chantier facile puisque les départements chargés de la collecte d’information à savoir le ministère de l’Agriculture et celui de l’Intérieur, n’ont pas les mêmes systèmes d’information. Une première étape d’harmonisation des systèmes s’impose pour permettre l’agrégation des données collectées et puis mettre l’information à la disposition des citoyens.
Il faut reconnaître que le Maroc est devenu un pays de libre concurrence mais le gouvernement n’en a pas créé les bonnes conditions.
Parallèlement au secteur formel, on remarque, courant le mois de Ramadan, le fleurissement des marchés de vente des produits de la contrebande qui ont pignon sur rue et opèrent au vu et au su des autorités locales. Que faites-vous concrètement pour protéger le marché mais aussi la santé consommateur de ses produits non-contrôlés ?
Certes les autorités frontalières font leur travail de contrôle au niveau des frontières. Toutefois, il y a toujours des personnes qui arrivent à passer entre les filets. Le problème aujourd’hui est de savoir combien de personnes faudra-t-il encore mobiliser si la fraude augmente.
C’est là où le bât blesse, car souvent ses auteurs sont des gens qui n’ont pas les moyens pour vivre et qui recourent par contrainte à la contrebande. L’enjeu aujourd’hui est de développer les outils de contrôle, former les gens mais aussi améliorer les conditions de vie des Marocains. Il est donc impératif de développer notre pays pour que les Marocains ne soient pas dans le besoin. Et la lutte contre le chômage va énormément contribuer à faire face à la contrebande.
Comme vous l’avez déjà déclaré, une commission interministérielle veille au suivi des opérations de contrôle du marché tout au long du mois. Quels sont les mécanismes d’harmonisation des actions menées par les différents acteurs concernés ?
Dans cette commission sont représentées toutes les provinces et préfectures du Royaume en plus de tous les départements ministériels concernés par le contrôle et la surveillance du marché. Il y a une coordination au niveau de tous les départements lors des sorties de contrôle pour lutter contre les déviances du marché. Le gouvernement est mobilisé, les sanctions seront lourdes, encore faut-il qu’on soit soutenu par le consommateur.