Le Nouveau modèle de développement ne peut réussir et générer la croissance durable escomptée que s’il est mené d’une manière appropriée. Les stratégies sectorielles menées jusqu’à aujourd’hui laissent un goût d’inachevé. Pour y remédier, il faut se doter à tous les niveaux de participation et de décision, de principes clairs assortis d’objectifs et de mesures précis.
Le contexte dans lequel évoluait l’économie marocaine a changé et il continuera de muter de plus en plus vite vers une autre organisation de la production et du travail nécessaire pour la réaliser.
Le monde évolue à une grande vitesse. Chaque jour qui passe apporte son lot de surprises et de contraintes. Les dernières crises profondes ( crise financière de 2007 et la crise sanitaire de 2019) ont rendu nécessaire et accéléré la révision du modèle de développement actuel du Maroc.
Elles ont modifié tous les paramètres de l’ensemble des acteurs de l’activité économique en modifiant leurs rôles, leurs modes de fonctionnement et leur organisation de travail. « Les effets de ces crises sont venus s’ajouter à ceux induits par la mondialisation, le progrès technique, le changement climatique et la nécessité d’introduire le numérique dans de nombreux domaines de l’activité économique et sociale et les a amplifiés » rappellent les conjoncturistes dans le spécial consacré au Nouveau modèle de développement.
D’après leurs pronostics, les transformations en cours peuvent stimuler l’efficience et la croissance de la productivité à long terme et entrainer des performances élevées et soutenues de nombreux secteurs au niveau national.
L’une des perspectives les plus prometteuses pour le Maroc est de poursuivre les efforts entamés depuis le début des années 2000 pour renforcer le secteur productif, le rendre plus moderne, plus compétitif et générateur d’emplois décents.
« Certes les mutations sectorielles ont commencé depuis plusieurs années mais elles restent en deçà des attentes. Elles n’arrivent pas encore à insuffler la dynamique souhaitée et loger le Maroc parmi les pays émergents », explique le CMC.
Si l’on prend l’exemple de l’agriculture, force est de constater que les mutations sectorielles ont permis au pays de disposer d’une agriculture plus variée, plus résiliente aux aléas climatiques même si certaines cultures continuent encore d’en souffrir.
Elles ont permis par ailleurs de moderniser une partie de l’industrie marocaine qui s’aligne progressivement sur les standards internationaux mais sans jamais arriver à identifier réellement de champion à l’exception du secteur des phosphates, et d’avoir un secteur du tourisme performant mais toujours vulnérable aux chocs exogènes.
Les conséquences économiques, sociales et territoriales de ce début de spécialisation dans les métiers à forte valeur ajoutée sont contradictoires. Ces évolutions ont certes apporté un soutien indéniable à la croissance mais elles ont été accompagnées d’une accentuation des inégalités via le marché du travail.
S’agissant de l’industrie au Maroc, elle continue d’enregistrer des taux de croissance relativement faibles eu égard aux espérances. L’effort de diversification et le passage vers une spécialisation dans les nouveaux métiers mondiaux à haute valeur ajoutée n’ont pas encore eu un impact significatif sur la dynamique de l’ensemble du secteur. La transition numérique et le passage vers une économie neutre en carbone qui s’impose de plus en plus à toutes les économies de par le monde conduisent à l’adoption de différentes stratégies visant à garantir de meilleures conditions aux industries nationales.
En outre, l’incidence de la pandémie de COVID-19 a suscité une nouvelle réflexion sur la reprise économique, la reconstruction et le renforcement de la capacité de résilience du secteur. Ces aspects n’ont pas été occultés dans le nouveau modèle de développement qui se donne pour ambition d’exploiter les acquis en matière d’attractivité, d’infrastructure, de positionnement géographique du pays pour valoriser toutes les potentialités économiques dont le Maroc dispose et créer toutes les conditions lui permettant de dynamiser durablement l’activité industrielle marocaine.
La mise en œuvre du développement sectoriel de l’économie marocaine ne peut s’inscrire que dans une perspective de long terme. Elle implique pour sa réussite une gestion proactive et stratégique. Pour cela il faut se doter à tous les niveaux de participation et de décision, de principes clairs assortis d’objectifs et de mesures précis. Le Maroc dispose d’un potentiel certain de compétence et de savoir-faire qui demeure souvent peu exploité en l’absence de structures de soutien appropriées.