Deuxième créateur d’emplois au Maroc (1,5 million de Marocains) avec une participation de 8% au PIB national soit une valeur de 84 Mds de DH en 2017, le commerce est l’un des secteurs vitaux de l’économie marocaine.
Et pourtant le secteur du commerce n’a pas eu l’attention qu’il mérite de la part des pouvoirs publics comme l’a avoué le ministre l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy en marge du Forum marocain du Commerce qui se tient les 24 et 25 avril à Marrakech. Plus de 1.400 commerçants ont fait le déplacement à la ville ocre pour prendre part à cette messe du commerce et participer à l’élaboration de cette stratégie.
Un forum qui vient en aval d’un processus de concertation régionale lancé depuis 4 mois par la tutelle en partenariat avec les Chambres de Commerce et d’Industrie du Maroc et qui a permis de réunir près de 9.400 participants pour aboutir à 1.325 recommandations.
Le leitmotiv est d’impliquer toutes les parties prenantes dans l’élaboration d’une Stratégie nationale du Commerce soit dans le cadre d’une approche participative et, ce conformément aux orientations royales qui ont insisté sur la nécessité d’impliquer les régions dans la réalisation des stratégies sectorielles.
Force est de constater que les défis sont nombreux dans un secteur très complexe qui est divisé en deux parties. D’une part le secteur traditionnel qui compte 800.000 points de vente dont 80% sont des petits commerçants ; plus de 1.000 souks hebdomadaires ; 38 marchés de gros de fruits et légumes ; 2.000 importateurs sans oublier les marchands ambulants. Rappelons que ce segment est marqué par l’informel qui occupe une place prépondérante et auquel il faudra trouver des solutions alternatives.
D’autre part, le secteur moderne qui compte aujourd’hui 575 grandes distributions, 745 enseignes ainsi que la part réservée au e-commerce qui est en pleine croissance.
Si le débat est aujourd’hui lancé, c’est pour mettre en place une vision qui englobe tout le secteur du commerce avec toutes ses composantes. C’est également pour redonner au secteur ses lettres de noblesse et rattraper le retard qu’il a accusé en matière de développement et de mise à niveau.
« Certes nous avons accordé une attention particulière au secteur de l’industrie en mettant en place une stratégie et en le dotant des moyens. Ce qui n’est pas le cas pour le secteur du Commerce qui valeur aujourd’hui n’est pas doté d’une stratégie. Nous n’avons pas donné au Commerce l’importance qu’il mérite. C’est pourquoi nous œuvrons aujourd’hui à rattraper le retard en adoptant le secteur d’une stratégie élaborée avec les concernés », a déclaré le ministre.
Il faut dire que le ministre a du pain sur la planche. Financement, assurance maladie, fiscalité du secteur…, tels sont les axes des discussions et auxquels il faudra trouver des solutions qui répondent aux besoins les plus pressants du plus grand nombre de commerçants. Mais pas seulement, l’enjeu est aussi de mettre tout le monde sur la même trajectoire, ce qui requiert une gymnastique économique, financière, politique et diplomatique. Il faudra trouver le modèle où chaque acteur (petit ou grand commerçant, marchand ambulant, e-marchand, grandes surfaces…) se retrouve et puisse s’impliquer dans l’émergence du secteur.
Moulay Hafid Elalamy est bien conscient des obstacles à surmonter pour atteindre les objectifs escomptés. Ce Forum est d’ailleurs l’occasion de discuter les recommandations issues des concertations régionales (128 rencontres) par le ministère et qui sont au nombre de 575 des 1.325.
Durant deux jours, tutelle, chambres de commerce et d’industrie des 12 régions et commerçants vont discuter, échanger et identifier les 400 recommandations sur lesquelles le ministère se basera pour compléter la Stratégie du commerce. Il faut dire, comme précisé par MHE, une première mouture d’une Stratégie nationale du Commerce a déjà été élaborée par le ministre il y a un an. Toutefois, cette mouture est incomplète et ne répond pas aux attentes réelles des commerçants que le ministre a pu identifier en allant sur le terrain.
Autre volet important soulevé par le ministre est celui du financement. Pour redynamiser le secteur, il va falloir mettre les moyens financiers nécessaires. A noter que le secteur du Commerce a une enveloppe de 7 Mds de DH qui reste insuffisante eu égard aux défis à relever. « Avec le budget actuel du secteur du commerce, il est impossible d’atteindre les objectifs escomptés. Nous espérons pouvoir mobiliser les moyens financiers nécessaires tout en évitant les erreurs du programme Rawaj qui n’a pas profité à tous les commerçants », a souligné le ministre.
Pour donner un ordre de grandeur, en 3 ans, 21 Mds de DH ont été investis dans le secteur de l’industrie. L’appel est donc lancé au gouvernement, au secteur bancaire et à tous ceux qui peuvent contribuer à la dynamisation du secteur du commerce.