Résolument rien ne va plus pour le PJD. La formation politique arrivée première aux élections 2016 a du mal à colmater les brèches de la majorité et semble avoir tout le monde sur le dos. Décryptage.
Les élections de la présidence de la Chambre de Conseillers ont apporté une preuve de plus que la Majorité ne tient que par miracle. Le score remporté par Hakim Benchamach, le SG du PAM qui rempile pour un deuxième mandat, ne laisse planer aucun doute : même les conseillers issus de la Majorité ont voté pour le candidat de « l’opposition ». En effet, l’Istiqlal comme importante formation de l’opposition avait décidé de ne pas briguer la présidence de la Chambre des conseillers ni voter lors de ces élections. Cela faisait 25 voix de moins sur les 120 qui composent la deuxième chambre du Parlement.
Mais le score sans appel de 63 voix pour Benchamach contre 19 pour Nabil Cheikhi confirme que le PJD est vraiment dos au mur. Le candidat malheureux, désigné à la dernière minute lors d’une réunion extraordinaire du secrétariat du Parti, dimanche 14 octobre, a bénéficié de 4 voix externes seulement en plus des 15 voix de sa formation. Pourtant le PAM lui ne compte que 25 voix de sa formation, d’où viennent ces 63 voix ? Donc si l’écart est abyssal c’est bien en raison du soutien des autres conseillers à Benchamach. Y compris de la Majorité qui compte 35 conseillers (12 du MP, 9 du RNI, 8 USFP et 6 pour l’UC). Mais le score de Benchamach témoigne également du soutien d’autres membres de la deuxième Chambre, composée pour un tiers de la CGEM, l’UMT, la CDT, etc.
Autant dire que le parti de la lampe est au pied du mur ! Cette élection remportée haut la main par le secrétaire général du PAM remet sur les devants de la scène la crise latente au sein de la majorité qui après un an et demi seulement de cohabitation semble au bord de l’implosion. Surtout pour le RNI, quatrième plus importante formation après le PJD, le PAM et l’Istiqlal en termes de sièges remportés lors des législatives du 7 octobre 2017, qui affiche d’importantes ambitions pour 2021 et qui fait souvent l’objet d’attaques de la part du PJD, auxquelles il n’hésite pas à répliquer.
Certes la conjoncture actuelle réduit considérablement la marge de manœuvre de ces partis, presque condamnés à cohabiter ensemble. Même l’opposition a réduit un peu sa véhémence contre la majorité dans l’état actuel des choses. Surtout après le mot d’ordre royal à l’occasion de l’ouverture de la récente cession d’automne.
Mais avec la méfiance désormais installée entre le PJD et le PPS, l’animosité à peine voilée entre le PJD et le RNI, il est légitime de se demander si cette coalition gouvernementale pourrait-elle tenir trois années encore jusqu’aux législatives de 2021 ? Ou bien éclatera-t-elle à la première crise qui s’enclenchera ?