Ecrit par I. Bouhrara |
AprĂšs le covid-19, la crise des semi-conducteur, la guerre en Ukraine, lâinflation, voilĂ que la transformation structurelle de la construction automobile pour rĂ©duire lâempreinte carbone jette son ombre sur les importateurs de vĂ©hicules au Maroc.
LâannĂ©e 2023 marquera-t-elle la fin des incertitudes avec lesquelles les importateurs de vĂ©hicules au Maroc sont obligĂ©s de composer ?
La confĂ©rence de prĂ©sentation des rĂ©sultats 2022 de lâAIVAM (Association des importateurs de vĂ©hicules au Maroc) a Ă©tĂ© lâoccasion de prendre le poult des acteurs du secteur, dĂ©jĂ malmenĂ©s en 2019 avec des ventes en baisse, ils ont subi de plein fouet la crise Covid-19 et terminent lâannĂ©e avec des ventes en berne.
En 2022, quelque 161.410 véhicules ont été vendu sur le marché marocain soit une baisse de -8% par rapport à 2021 (année de rattrapage) et -3% par rapport à 2019 année de mauvaise performance du secteur.
Et ce nâest pas fini, les transformations structurelles de construction automobile dans le monde pour rĂ©duire lâempreinte carbone jette son ombre sur les importateurs de vĂ©hicules au Maroc.
En effet, alors que de par le monde, les moteurs thermiques sont en sursis, au Maroc les comportements nâĂ©voluent pas sous lâeffet de plusieurs facteurs, notamment le dĂ©part boiteux de lâĂ©lectrique en lâabsence des conditions optimales pour provoquer une rupture lors de lâacte dâachat dâun vĂ©hicule neuf. Que ce soit le prix Ă©levĂ© des vĂ©hicules, la problĂ©matique des bornes de recharge que les apprĂ©hensions quant Ă la disponibilitĂ© de la piĂšce de rechange et la valeur mĂȘme pour la revente.
Sauf que par sa petite taille, le marchĂ© marocain nâa pas son mot Ă dire, il subira ces changements qui sâamorcent dans le monde et en Europe, soutient Adil Bennani, le PrĂ©sident de lâAIVAM. Dans ce sens, il y a lieu de rappeler la dĂ©cision du Conseil des ministres europĂ©en dâinterdire la vente de vĂ©hicules neuf Ă moteur thermique aprĂšs 2035 dans le cadre de la lutte contre le rĂ©chauffement climatique et les Ă©missions de CO2.
Et ce nâest pas le seul risque qui plane sur cet Ă©cosystĂšme marocain, puisquâavec lâinflation, les problĂšmes dâapprovisionnement, des semi-conducteurs⊠le prix du vĂ©hicule neuf a augmentĂ© de maniĂšre considĂ©rable. Au Maroc, cette hausse est estimĂ©e Ă 60.000 DH comparativement Ă 2019.
Face à cette érosion des marges, les grands constructeurs réfléchissent à de nouveaux circuits de distribution directe et moins couteuse. Un risque de plus pour les importateurs face à cette velléité de transformation du modÚle de distribution.
A cette panoplie de dangers « outre-mer », les conditions en interne nâont pas facilitĂ© la vie aux importateurs de vĂ©hicules. Le marchĂ© a Ă©tĂ© impactĂ© par les nombreux Ă©vĂ©nements de 2022 notamment la pĂ©nurie des semi-conducteurs et le dĂ©rĂšglement de la logistique mondiale, lâinflation et la hausse des prix de carburants comme consĂ©quences directes du conflit russo-ukrainien.
Mais Ă©galement une demande locale en berne sur la 2Ăšme partie de lâannĂ©e, particuliĂšrement du VUL, sous lâeffet dâune campagne agricole mitigĂ©e. Une demande qui affiche aussi une grande appĂ©tence pour le vĂ©hicule dâoccasion face Ă la non disponibilitĂ© de certains modĂšles au neuf. Toujours sur le plan national, les importateurs sont concurrencĂ©s par le rĂ©seau dâimportation direct de garages.
A cela sâajoute, la baisse des immatriculations des taxis. Par contre avec la reprise touristique, lâactivitĂ© tirĂ©e par les loueurs revient Ă un niveau quasi-normal.