Le 13 octobre 2018, lors du discours d’ouverture de la session d’automne au parlement, Sa Majesté le Roi appelle à ’’reconsidérer ’’ le modèle de développement qui a atteint ses limites.
Treize mois après, le souverain nomme Monsieur Chakib Benmoussa à la tête de la commission chargée d’élaborer le nouveau modèle de développement à même de croître la richesse, d’assurer sa « juste » réparation, d’éradiquer – ou du moins absorber – le chômage et de réduire les disparités et les déficits de tous genres.
La nomination de l’ex-ministre de l’Intérieur et ex-président du conseil économique, social et environnemental, intervient à un moment critique marqué par un houleux débat sur « l’autorité de la chose jugée » et la tentation / tentative de l’exécutif et / ou du législatif à ralentir l’avancée d’un pouvoir judiciaire encore embryonnaire, et en état de gestation. Cette nomination procède vraisemblablement d’une vision du chef de l’Etat pour qui le nouveau modèle doit certes prendre en considération les spécificités marocaines mais ne doit pas perdre de vue le lien ombilical existant entre développement et sécurité dans leurs sens larges.
La pérennité et la réussite du modèle en cours d’élaboration, ne peuvent être assurées sans une séparation des pouvoirs « réaliste », une clarification des missions au sein de l’exécutif – en distinguant ce qui relève du champ sécuritaire stricto sensu des autres tâches et charges -, une clarification des relations entre le ministère de la Justice et le pouvoir judiciaire, et surtout mettre fin à la confusion au sein du pouvoir judiciaire suscitée par la dualité : magistrature de siège / ministère public, une dualité qui mine le dit pouvoir et accélère l’érosion du capital de confiance en notre justice.
Sans le rétablissement de la confiance dans nos institutions, il est exclu d’envisager un afflux des investissements étrangers et espérer un engouement du capital national à investir dans des branches et activités à effet de retour plus ou moins lointain.
Par conséquent, on assistera beaucoup plus à une préférence pour l’investissement spéculatif et à un développement de l’économie de rente et de l’économie informelle voire à une recrudescence de la délinquance économique.
De même, et parallèlement, on a assisté à une fuite de capitaux combinée à un fort exode non seulement des « sans-emploi » mais également à une fuite des cerveaux. Une fuite en somme de ce capital humain tant important pour la valorisation du capital immatériel et nécessaire pour une meilleure productivité de l’économie nationale : Nécessaire donc, pour une économie à capacités concurrentielles respectables capable d’introduire notre pays dans le cercle des pays émergents.
Cet objectif ne peut être atteint si l’on ne veille pas à ce que les instances de gouvernance et de régulation dont notamment la cour des comptes, le conseil de la concurrence et l’autorité chargée de la probité et de la lutte contre la corruption, jouent pleinement les rôles qui leur sont assignés par la constitution de 2011.
Dans les conditions actuelles marquées par la faiblesse du pouvoir judiciaire et une dévalorisation du métier d’avocat, l’émergence d’un cinquième pouvoir cristallisé par une « foule » parfois incontrôlable et indomptable, l’hypertrophie d’une administration bureaucratisée et laxiste, la prédominance de l’économie de rente et d’une Bourgeoisie consumériste du surplus, une majorité gouvernementale non homogène et par des chambres du Parlement qualifiées parfois à tort ou à raison de simple chambres d’enregistrement ; dans ces conditions donc, on est en droit de se poser des questions sur les chances de réussite du nouveau modèle de développement ? N’est-il pas opportun que le conseil supérieur de sécurité prévu par l’article 54 de la constitution voit le jour ? En effet, de par sa composition et ses prérogatives, ce conseil est en mesure de veiller au respect des lignes directrices du nouveau modèle de développement et de redonner espoir aux citoyens de croire en un avenir meilleur.
Par Me Noureddine El Moussaoui,
Avocat et ex-bâtonnier de Tétouan
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Même si le Maroc met sur papier un modèle de développement confectionné par Joseph Stiglitz, qui a conseillé la Chine ( et nous voyons le résultat incroyable 300 millions sorti de la pauvreté en quelques décennies ), rien ne changera .
Ce qu’il faut changer c’est la programmation collective du subconscient marocain , programmé depuis décennies à l’enrichissement rapide à n’importe quel prix . La compétitivité sociale sans répit et sans pitié ( les villas , les 4×4 , les mariages à 50.000 euros pour frustrer les pauvres et les voisins , les caftans et les ceintures en or qui achètent la notoriété sociale ….) est au cœur des maux économiques et sociaux et des disparités vertigineuses être riches et pauvres qui augmentent à chaque heure .
Aucun modèle de développement ne peut solutionné ce problème . Le salut ne peur venir que via une justice indépendante, non gangrenée par la corruption banalisée . Afin que ceux qui ont prit l’habitude de s’enrichir à tout prix puissent se retrouver derrière les barreaux .
Le reste n’est que du marketing politique visant à bercer les masses par des faux espoirs d’un avenir meilleur qui ne verra jamais le jour “ quand on fait ce que l’on a toujours fait on obtient ce que l’on a toujours obtenu malheureusement.