« N’allez jamais vous coucher le soir sans pouvoir dire : j’ai rendu une personne, au moins un peu, plus sage, plus heureuse aujourd’hui ». Ainsi parlait Charles Kingsley, la référence britannique littéraire et l’historien de son époque dans son ouvrage un homme de cœur.
Où nous positionnons-nous aujourd’hui par rapport à cette citation ? Est-ce que nous pensons avec un prisme égocentrique ou bien altruiste ? Le discours de notre société est-il dominé par un ton de nihilisme rabaissant, face à n’importe quel individu portant une cargaison d’ambition, en y plaçant des obstacles ?
Nous vivons une ère d’un monde dualiste, deux mondes parallèles. Le premier, accorde une valeur pour l’Homme, tend sa main pour les jeunes, afin d’appuyer leurs talents et affiner leurs esprits. Nonobstant le pessimisme qui pourrait y planer, ce monde transforme le jeune qui y appartient en une forme d’énergie positive, qui regorge de dynamisme et de créativité. À l’autre bout du monde, les freins sociaux et sociétaux se sont installés, drainant l’optimisme, en érigeant des murs face aux ambitions des jeunes, en travaillant d’arrache-pied à les dompter. Dans quel monde vit-on aujourd’hui ?
Je vise particulièrement l’échiquier politique par mes mots ? Est-ce que nos politiciens vont se coucher le soir, après leurs rencontres avec les jeunes, sans pouvoir dire qu’ils ont rendu un, au moins, plus sage, plus heureux aujourd’hui. Mon questionnement n’est pas cerné que dans la problématique, les éléments de réponses se trouvent dans les nombreux détails et études que j’énumérerai par la suite.
18 ans plus tôt, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a organisé la première Consultation nationale des Jeunes en 2001, qui a démontré des faits marquants, le taux de participation politique des jeunes dans les partis a été faible, voire même non significatif.
À cet effet, 1,3 %, ce qui veut dire 213 jeunes seulement d’un échantillon composé de 18 109 ont affirmé leur affiliation à un parti politique ou organisation syndicale, en lumière de cet indice, 80 % de ces jeunes sont de sexe masculin, les deux tiers sont issus du milieu urbain où la majorité fait partie de la jeunesse intégrée économiquement.
Par la suite, un autre travail réalisé par l’association « Achoala » pour l’éducation et la jeunesse, sur le thème de la jeunesse et l’éducation sur les valeurs démocratiques, révèle que 97 % des jeunes sont apolitiques et ne sont pas concernés par les partis.
Dans ce sens, le HCP, dans son dernier travail sur la jeunesse daté de 2011, affirme que 23 % des jeunes ne placent pas leur confiance en leur gouvernement, 23 % en leur parlement et 55 % concernant les partis politiques. Pour ce qui est de la confiance en les instituions, elle demeure dans sa globalité plus présente dans la jeunesse du milieu rural qu’urbain, chez la population inactive et plus particulièrement les femmes au foyer que chez homologues de sexe masculin. D’après la même étude, peu de jeunes s’intéressent en questions des affaires publiques.
1 % seulement de la population concernée se déclare comme membre d’un parti politique, 2 % uniquement prennent part à des réunions et rencontres organisées par des partis politiques ou des syndicats, 1 % sont des membres syndicaux actifs. 2 % participent à des mouvements sociaux ou à des grèves, 9 % participent à des activités de bénévolat, et seulement 22 % participent aux élections à fréquence régulière et 12 % de manière irrégulière.
Ces indices démontrent la situation alarmante de notre jeunesse par rapport à son engagement politique, ce qui nécessite une mobilisation immédiate et rigoureuse afin de remédier les carences pour retracer la carte politique et secouer les balances de pouvoir, pour inciter les politiciens et l’ensemble des acteurs à adopter un discours positif et se passer de la rhétorique des conflits d’intérêts partisans, qui relègue en marge l’effervescence de la jeunesse.
Une dure labeur nous attend, pour appuyer la créativité et la volonté de nos jeunes Marocains pour un lendemain qui chante, car si chaque acteur politique aide les jeunes par le biais d’un accompagnement, nous serons débarrassés de cette image maussade relatée par ces statistiques stagnantes depuis belle lurette.
Par Ismail Ismail EL HAMRAOUI, Chef du gouvernement parallèle des jeunes et 1er Prix Arabe des Jeunes Leaders 2010