Le patronat au Maroc a pendant de longues années, résumé le problème de l’entreprise au Maroc en déficit en liquidité. Le quotidien a montré que la problématique est associée au management. Ce dernier doit se focaliser sur la commercialisation et l’innovation.
L’État pointé du doigt
Jusqu’à un passé très récent, les confédérés de la CGEM ne cessaient de répéter que le nœud du problème de l’entreprise au Maroc se résume en deux ennuis : le crédit de la taxe sur la valeur ajoutée et les délais de paiement. L’État, ne pouvant faire le dos rond décide de mettre le holà à ses allégations. Il a volé au secours des entreprises et a mis les petits plats dans les grands pour ne pas être accusé de mettre sur la paille le tissu économique national. Conscient du rôle vital de l’entreprise dans l’économie nationale, les pouvoirs publics ont toujours talonné et patronné le Patronat. En effet, et rien que sur les années 2019, 2018 et 2017, l’entreprise a bénéficié d’une générosité de 41 Mds de DH et ce dans le cadre des dépenses fiscales.
Crédit de TVA
Sur le plan du Crédit de la TVA, les pouvoirs publics ont fait fondre comme neige au soleil le bloc constitué sur plusieurs exercices. L’effort apporté aussi bien sur le réaménagement du cadre juridique que sur l’amélioration des procédures associées au remboursement dudit crédit TVA. Ainsi au titre des années 2016, 2017 et 2018, l’État a injecté dans la trésorerie des entreprises l’équivalent de 23 Mds de DH. Il est vrai que l’État n’a pas versé à ras bord, mais l’effort était considérable. Seulement, l’État voulant éponger ses dettes n’a fait que servir un corps spongieux. L’impact sur la santé des entreprises ne s’est pas fait sentir. A titre d’aile, le premier pilier de la théorie de la défaillance construite par la CGEM s’effondre.
Délais de paiement
Sur le plan des délais de paiement, l’État toujours au banc des accusés mauvais payeurs, a contre vents et marrées, révolutionné les conditions de paiement des entreprises. Dans ce cadre, les pouvoirs publics ont brillé par l’écrit et le concret. Ainsi, une loi sur les délais de paiement a été instaurée visant notamment à sanctionner les mauvais payeurs et les inciter à se libérer de leurs dettes. L’État a également poussé ses entités à se montrer plus généreuses en s’acquittant dans les délais de leurs dus. Un Observatoire a été institué au niveau du ministère de l’Économie et des Finances pour suivre de près les comportements de ces entités et d’en nommer les bons et les mauvais payeurs. Ainsi, la moyenne des délais de paiement déclarée par l’ensemble des Établissements et Entreprises Publics est passée à 42 jours à fin décembre 2019. Un délai qui bat à plate couture toute concurrence.
Accords de libre échange
Par anticipation à l’effondrement intégral de sa théorie de la défaillance, la CGEM semble braquer son artillerie lourde vers un autre ennemi. Elle a finalement compris que le problème de l’entreprise n’est pas dans le recouvrement mais dans la facturation. Par facturation, on entend production de richesses et de valeur ajoutée. Cette fois-ci également, le criminel pointé du doigt n’est autre que l’État. Aux yeux du Patronat, ce dernier s’est montré moins protectionniste en multipliant les accords de libre-échange. En agissant ainsi, L’État comptait s’y bien faire en ouvrant de nouveaux marchés aux entreprises marocaines et leur permettre un épanouissement au-delà des frontières. Il est certain que les résultats de ses accords sont très décevants.
Les accords en chiffres
En effet, avec la Turquie alors que les importations du Maroc sont passées de 1,21 Md de DH en 1998 à 21,53 Mds de DH en 2018, nos exportations vers le pays des Ottomans sont passées de 0,34 Md de DH en 1998 à 5,55 Mds de DH en 2018. Pour l’accord de libre-échange liant le Maroc aux USA, les importations du Maroc sont passées de 6,18 Mds de DH à fin 1998 à 38,22 Mds de DH à fin 2018. Les exportations du Maroc vers les USA sont passées de 1,9 Md de DH à fin 1998 à 12,94 Mds de DH à fin 2018 (Consultez les balances commerciales des différents ALE). Les importations du Maroc réalisées avec les pays de l’Accord d’Agadir sont passées de 0,68 Mds de DH à la fin de 1998 à 7,98 Mds de DH à fin 2018. Les exportations vers ces mêmes pays sont passées de 0,57 Md de DH à fin 1998 à 2,07 Mds de DH à fin 2018.
Un nouveau modèle de développement
C’est clair comme de l’eau de roche, les entreprises n’ont pas tiré profit de ces accords et ce pour le manque de compétitivité. C’est pour cette raison qu’elles demandent de calfeutrer le pays pour y pratiquer la main mise loin de toute inquiétude. Il faut également garder à l’esprit que même les entreprises qui performent à l’export ne le sont que grâce à un avantage naturel ou économique. En effet, l’industrie textile qui préfère toujours le travail à façon survit grâce à la commercialisation bon marché de la force de travail. L’industrie agroalimentaire profite du coût compétitif permis par la quantité importante des subventions dans laquelle baigne le secteur agricole.
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir
Il est fort important de créer une cellule de veille stratégique entre le Gouvernement et la CGEM, mais il est également temps d’insister sur le fait qu’on ne peut continuer à vivre au crochet de l’État et que sans le travail comment l’entreprise prétendra-t-elle résister à la mort.