Interviewé par Lamiae Boumarhrou |
Consciente de l’impératif de placer les composantes eau-énergie-sécurité alimentaire au centre de ses préoccupations, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (TTA) compte intégrer les recommandations du Forum international sur la perspective locale du “Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire” dans le PDR. Le point avec Omar Moro, président de la région TTA sur les finalités de ce Nexus.
EcoActu.ma : Les régions sont de plus en plus confrontées à des défis d’ordre environnemental, hydrique, énergétique ainsi qu’alimentaire. Comment la région Tanger Tétouan Al Hoceima compte-t-elle relever ces défis qui s’accentuent avec le temps ? Et dans quelle mesure le Nexus Eau-énergie- sécurité alimentaire pourrait y contribuer ?
Omar Moro : Tout d’abord, face à ces crises qui se succèdent, les territoires sont contraints de faire meilleur usage des ressources. Ces crises nous rappellent qu’il est temps de faire des investissements intelligents, pour nous rassurer, mais aussi pour nous positionner dans l’économie de demain. Elles nous rappellent qu’il est temps de changer nos comportements et nos usages pour faire durer nos ressources et assurer notre sécurité alimentaire. Mais aussi qu’on ne peut gagner ce pari que par la coopération transfrontalière, la solidarité internationale et le partage des expériences et des pratiques utiles.
C’est dans cette optique que s’inscrit ce forum international sur la perspective locale du “Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire” organisé par la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et la Maison méditerranéenne du climat (MMC) sous le thème « la perspective locale du «Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire» ». A noter que la région TTA a adopté depuis le mois de septembre une vision fondée sur un nouveau paradigme.
Un paradigme qui repose sur les orientations royales pour un développement durable et résilient, sur le nouveau modèle de développement, qui place le développement durable au centre des priorités mais aussi sur les priorités du gouvernement et des collectivités territoriales nationales. Aujourd’hui, on ne peut considérer l’intégration de ces 3 composantes comme étant un choix mais une question de vie ou de mort.
Concrètement comment cela va-t-il se décliner sur le terrain ? Et dans quelle mesure la Région s’engage-t-elle à prendre en compte ce Nexus dans sa stratégie de développement ?
Je me suis engagé à intégrer les recommandations phares de ce nexus vital dans le projet de développement régional (PDR). Je tiens à préciser que nous avons décliné lors de la session de mars du Conseil, 11 des 48 recommandations qui ont émané du Forum régional de l’investissement, de l’emploi et de la formation qui s’est tenu au mois de novembre à Tanger.
Comme précisé, depuis que nous sommes à la tête de la région TTA, nous avons placé le développement durable et la rationalisation des ressources au centre de notre vision. Preuve en est, dans le cadre du Fonds de soutien aux entreprises, d’attraction de l’investissement et d’insertion sur le marché du travail lancé par la région pour un montant de 1 Md de DH sur 5 ans, nous avons prévu la construction de 5 barrages collinaires et de 250 points d’eau ainsi que la réhabilitation d’un barrage. L’objectif étant de résoudre la problématique du stress hydrique qui menace notre pays mais aussi notre région.
Cela dit, l’investissement et le développement des pratiques durables dans l’exploitation des ressources en eaux et d’énergie est loin d’être uniquement un moyen de performance économique. Il est, surtout, un facteur de cohésion sociale, de lutte contre la pauvreté, de préservation de l’environnement, de l’adaptation aux changements climatiques, d’intégrations sociale et économique, de sécurité et de sureté, de stabilité et de durabilité.
C’est pourquoi, le Conseil de la Région TTA, en partenariat avec la Maison Méditerranéenne du Climat et leurs partenaires, souhaite élaborer, à travers ce Forum, une nouvelle politique de développement régional efficiente et durable, et des méthodes efficaces de gestion et d’utilisation des ressources, pour les générations futures.
L’une des contraintes majeures à surmonter pour intégrer ce Nexus est la mobilisation des financements. Comment comptez-vous fédérer les bailleurs de fonds pour soutenir cette initiative ?
Nous comptons beaucoup sur la coopération, la collaboration et la coordination entre les acteurs nationaux et internationaux (public, privé, société civile, partenaires au développement) pour créer cette synergie en mesure de gagner le pari.
Certes nous comptons intégrer les recommandations phares dans le PDR. Toutefois, les ressources financières du PDR sont limitées et donc nous avons besoin de chercher d’autres sources de financement pour la mise en place effective de ce Nexus régional. D’ailleurs, le partenariat avec la MMC nous permettra de mobiliser les bailleurs de fonds internationaux et de débloquer les financements nécessaires aux projets qui découleront de ce Nexus.